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LOUIS-PHILIPPE Ier (1773-1850) roi des Français (1830-1848)

Louis-Philippe - crédits : Hulton Royals Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Louis-Philippe

Né à Paris, Louis-Philippe était le fils aîné du duc d'Orléans (dit plus tard Philippe-Égalité), qui avait confié l'éducation de ses enfants à sa maîtresse, la comtesse de Genlis ; elle eut le mérite de leur donner une formation à la vie pratique en même temps qu'une culture plus poussée que celle des princes de ce temps. Le jeune duc de Chartres — c'était son titre — embrassa comme son père le parti de la Révolution et fut membre du club des Jacobins. Heureusement pour lui, il s'en alla servir aux armées et participa aux batailles de Valmy et de Jemmapes dans l'état-major de Dumouriez. Lorsque ce dernier tenta en vain de mener son armée contre la Convention et lorsqu'il passa dans les rangs des Autrichiens, le prince suivit son sort (avril 1793). Il connut alors des jours difficiles, proscrit par la France républicaine et objet de haine pour les royalistes émigrés ; il vécut d'abord caché en Suisse sous un faux nom, donnant des leçons de mathématiques ; puis il passa en Suède et aux États-Unis, où il demeura trois ans. En 1800, il revint en Angleterre et se réconcilia avec ses cousins de la branche aînée. Il épousa en 1809 Marie-Amélie, fille du roi de Naples, alors réfugié en Sicile où il vécut jusqu'à la Restauration sous la protection des Anglais. Rentré en France avec Louis XVIII, il passa les quinze années de la Restauration à rassembler, avec un sens très avisé des affaires, les débris de l'immense fortune de la famille d'Orléans. En même temps, il courtisait discrètement l'opposition libérale, marquant ses distances d'avec le régime. Cette politique se révéla payante lorsqu'en juillet 1830 Charles X fut chassé par l'opposition du pays légal soutenue par l'insurrection parisienne. Le duc d'Orléans apparut alors comme la solution idéale à ceux qui craignaient de voir instaurer une république qui entrerait en conflit avec le reste de l'Europe. Le prince accepta d'abord le titre de lieutenant-général puis celui de roi des Français, consacrant ainsi le principe de la souveraineté nationale. Avec quelques modifications de détail, le système gouvernemental de la Charte de 1814 fut maintenu. Louis-Philippe s'en servit pour établir son pouvoir personnel en jouant des ambitions des hommes politiques et en s'appuyant sur le désir d'ordre et de paix des classes possédantes, auxquelles le nouveau système électoral censitaire réservait le droit de vote. Les souverains d'Europe avaient accepté à contre-cœur la monarchie de Juillet, mais la France resta pratiquement isolée, malgré la bienveillance intermittente de l'Angleterre. Louis-Philippe réussit à maintenir la paix mais ce succès même contribua à le rendre impopulaire auprès d'un peuple qui ne parvenait pas à oublier l'éclat des victoires de Napoléon. Alexis de Tocqueville, qui eut plusieurs fois l'occasion de s'entretenir avec lui, a tracé du roi, dans ses Souvenirs un portrait célèbre : « Quoique le prince fût issu de la race la plus noble de l'Europe, qu'au fond de son âme il en cachât tout l'orgueil héréditaire [...] il possédait cependant la plupart des qualités et des défauts qui appartiennent plus particulièrement aux rangs subalternes de la société [...]. Il était rangé dans sa conduite, simple dans ses habitudes, mesuré dans ses goûts ; [...] humain sans être sensible, cupide et doux ; point de passions bruyantes ; point de faiblesses ruineuses ; point de vices éclatants ; une seule vertu de roi, le courage [...]. Éclairé, fin, souple et tenace, tourné seulement vers l'utile et rempli d'un mépris si profond pour la vérité et d'une si grande incrédulité dans la vertu que ses lumières en étaient obscurcies [...]. Placé à la tête d'une aristocratie, il eût peut-être exercé[...]

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Pour citer cet article

Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY. LOUIS-PHILIPPE Ier (1773-1850) roi des Français (1830-1848) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Louis-Philippe - crédits : Hulton Royals Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Louis-Philippe

Autres références

  • CHARIVARI LE (1832-1937)

    • Écrit par Marc THIVOLET
    • 730 mots

    L'existence du Charivari, quotidien de caractère polémique, ne peut être dissociée de celle d'un autre journal, La Caricature, dont la durée fut éphémère mais qui joua un rôle déterminant dans la naissance de la grande caricature française. Ce fut, en effet, dans La Caricature...

  • CHOSES VUES, Victor Hugo - Fiche de lecture

    • Écrit par Philippe DULAC
    • 1 184 mots
    • 1 média
    ...1848 ou l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte. Là, Hugo fait œuvre de journaliste et relate les faits à l'instant même où ils entrent dans l'Histoire. Ainsi de la fuite de Louis-Philippe : « Chemin faisant, le roi ôta son faux toupet et se coiffa d'un bonnet de soie jusqu'aux yeux. Sa barbe n'était pas...
  • DAUMIER HONORÉ (1808-1879)

    • Écrit par Robert FOHR
    • 2 952 mots
    • 3 médias
    ...de l'époque, La Caricature, fondé le 4 novembre 1830, l'« enragé Philipon », auquel nous sommes redevables de la fameuse représentation de Louis-Philippe en poire. Daumier, rappelons-le, compte parmi les tout premiers collaborateurs de La Caricature : d'emblée, ses lithographies y connaissent...
  • DU PREMIER EMPIRE À LA IIIe RÉPUBLIQUE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 186 mots

    1815 Rétablissement de la monarchie.

    1830 « Trois Glorieuses » (27-29 juillet) : chute de Charles X, avènement de Louis-Philippe.

    Février 1848 Chute de Louis-Philippe, proclamation de la IIe République.

    2 décembre 1851 Coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.

    2 décembre 1852...

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Voir aussi