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LICHENS

Nutrition et biochimie

La nutrition carbonée du thalle est assurée par la photosynthèse de l'algue-gonidie. Cependant, il n'est pas exclu que le mycosymbiote puisse, en saprophyte, tirer d'un substrat organique, bois, humus, une partie de son alimentation carbonée.

L'absorption de l'eau se fait par toute la surface du thalle ; elle est rapide dans le cas d'eau mouillante, mais elle s'exerce également à partir de l'humidité de l'air. Le pouvoir rétenteur est faible et les thalles perdent leur eau par temps sec. Un état optimal d'humidité du thalle est nécessaire pour que s'accomplissent les fonctions vitales : sec, il passe à l'état de vie ralentie ; il reprend ensuite son activité quand l'humidité redevient suffisante. Cette faculté de reviviscence est une caractéristique essentielle de la biologie des Lichens.

La nutrition azotée se fait soit à partir des poussières qui se déposent sur le thalle, celles-là contenant toujours quelques substances azotées, soit à partir du substrat. Certaines espèces, en effet, recherchent les rochers recouverts d'excréments d'oiseaux, riches en acide urique et en produits de sa dégradation qui, grâce à des enzymes sécrétées par les thalles, passent sous une forme assimilable. Une autre source d'azote peut être l'atmosphère pour les espèces à gonidies Nostoc ou possédant des céphalodies, les Nostoc ayant en effet la propriété de fixer l'azote atmosphérique.

Quant à la nutrition minérale, elle se fait à partir des poussières, du substrat et des sels dissous apportés par l'eau.

Si l'on connaît assez bien les produits du métabolisme des thalles lichéniques, on est moins bien documenté sur la part qui revient à chacun des symbiotes dans leur élaboration, et on ne sait que fort peu de choses sur les échanges qui ont lieu entre eux dans le thalle. L'usage des marqueurs isotopiques a, cependant, donné quelques renseignements. Il est certain que l'algue-gonidie fournit au champignon associé des éléments élaborés par sa photosynthèse ; ce champignon les transforme pour les utiliser ou les mettre en réserve, et en restitue peut-être une partie. L'algue-gonidie excrète des substances vitaminiques qui paraissent être indispensables au mycosymbiote pour assurer sa croissance, et qui jouent ainsi un rôle dans l'équilibre du thalle.

Substances excrétées - crédits : Encyclopædia Universalis France

Substances excrétées

Les composés chimiques contenus dans les cellules et dans leurs parois sont sensiblement les mêmes que chez les Algues et les Champignons libres. Il faut cependant noter la présence, dans les parois de certaines hyphes, de la lichénine et de l'isolichénine, homologues de l'amidon. Comme produit excrété, l'oxalate de calcium est parfois très abondant. Mais l'originalité des Lichens réside dans la production et l'excrétion à l'extérieur des hyphes de nombreux corps chimiques, la plupart spéciaux, insolubles dans l'eau, nommés improprement « acides des lichens » ; on en connaît environ cent cinquante et leur nombre s'accroît toujours. Quelques-uns appartiennent à la série aliphatique et alicyclique : acides gras, lactones, triterpénoïdes. Les plus nombreux sont de la série aromatique : dérivés de l'acide pulvinique, jaunes ou orangés ; depsides et depsidones dérivés des orcines, incolores, certains à goût amer (plus de cent sont identifiés) ; quinones, orangées ( pariétine, très répandue) ou rouges ; xanthones, incolores ou jaune pâle ; dibenzofuranes, incolores ou jaunes (acide usnique très abondant dans les cortex). Beaucoup de ces corps présentent des réactions colorées avec la potasse, l'hypochlorite de calcium, la paraphénylènediamine (jaune, rouge, rose, vert, orangé) ; certains sont fluorescents avec les rayons U. V. Ces réactions sont observables sur les thalles eux-mêmes et sont utilisées en taxonomie car, dans l'ensemble, la constitution chimique d'une espèce est constante ou varie très peu. Des[...]

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Pour citer cet article

Henry DES ABBAYES. LICHENS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Lichens : morphologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lichens : morphologie

Thalles : structure - crédits : Encyclopædia Universalis France

Thalles : structure

Ascolichens : appareil reproducteur - crédits : Encyclopædia Universalis France

Ascolichens : appareil reproducteur

Autres références

  • ALGUES

    • Écrit par Bruno DE REVIERS
    • 4 869 mots
    • 9 médias
    ...les coraux ne peuvent survivre sans leurs algues symbiotiques. Des algues vertes ou des cyanobactéries s'associent avec des champignons pour former des lichens. Des cyanobactéries ou des algues vertes ou rouges s'associent aussi avec un grand nombre d'organismes aquatiques. La série des enchâssements ne...
  • ANTARCTIQUE

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE, Edmond JOUVE, Jean JOUZEL, Gérard JUGIE, Claude LORIUS
    • 16 481 mots
    • 24 médias
    ...forment une croûte adhérant à la roche. La péninsule antarctique en a fourni plus de 200 espèces et aucun autre secteur du continent n'en compte plus de 75. Les mousses sont au nombre de 70 espèces. Quant aux plantes à racines, très peu nombreuses dans les îles subantarctiques (35 dans l'île Macquarie, 32...
  • CHAMPIGNONS

    • Écrit par Jacques GUINBERTEAU, Patrick JOLY, Jacqueline NICOT, Jean Marc OLIVIER
    • 10 958 mots
    • 17 médias
    Symbiose. La forme la plus remarquable d'association symbiotique à laquelle participent des champignons est représentée par les lichens. Dans les pays tempérés, les lichens sont constitués par des ascomycètes (discomycètes et pyrénomycètes) associés à des algues microscopiques à pigment bleu ou...
  • COMMUNICATION CELLULAIRE

    • Écrit par Yves COMBARNOUS
    • 6 596 mots
    • 7 médias
    Les lichens sont généralement décrits comme des partenariats symbiotiques entre champignons et algues occupant des niches pauvres en nutriments. Il est néanmoins admis maintenant que des communautés bactériennes participent également à la constitution de ces associations interespèces. Certaines de...
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Voir aussi