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LESOTHO

Nom officiel

Royaume du Lesotho (LS)

    Chef de l'État

    Le roi Letsie III (depuis le 7 février 1996)

      Chef du gouvernement

      Sam Matekane (depuis le 28 octobre 2022)

        Capitale

        Maseru

          Langues officielles

          Anglais, sesotho

            Unité monétaire

            Loti (LSL)

              Population (estim.) 2 098 000 (2023)
                Superficie 30 355 km²

                  Une vie politique mouvementée

                  Le Parti du Congrès (Basutoland Congress Party, BCP), et le Parti national (Basutoland National Party, BNP) polarisent la vie politique du Lesotho depuis l'indépendance. Le Parti du Congrès, parti historique animé par Ntsu Mokhele, se présente, lors des élections législatives démocratiques de 1965 préparant l'indépendance, comme un parti de masse, proche de l'African National Congress (ANC) sud-africain, hostile à la fois à la chefferie et au clergé catholique, et regroupant la partie la plus éduquée et la plus urbaine de la population, incluant les travailleurs migrants. Inversement, le Parti national dirigé par Leabua Jonathan, leader issu d'une famille de chefs liée à la famille régnante (Mokoteli), est plus rural, plus libéral, éloigné de l'ANC et plus proche de la chefferie et de l'establishment catholique. Contre toute attente, le BNP, dont la campagne bénéficie du soutien, notamment en milieu rural, du clergé catholique, de la chefferie et de l'appui financier occulte de la République sud-africaine (RSA), obtient la majorité à l'Assemblée nationale et Leabua Jonathan devient Premier ministre, poste auquel il sera confirmé en octobre 1966, lors de l'indépendance du pays.

                  En dépit de la proximité du BNP avec le système de la chefferie, un conflit majeur apparaît entre un Premier ministre qui souhaite affirmer ses pouvoirs constitutionnels et le roi Moshoeshoe II, soutenu par la chefferie, qui veut gouverner et ne pas être un simple monarque constitutionnel. Ce dernier n'hésite pas à faire alliance avec l'opposition, tandis que Leabua Jonathan renforce ses prérogatives et restreint la liberté du roi et du chef du BCP. Aux élections législatives de janvier 1970, le BCP obtient une très courte majorité, si bien que Leabua Jonathan conteste les résultats, puis suspend la Constitution et, finalement, déclare l'état d'urgence, fait arrêter les leaders du BCP et contraint le roi à un exil temporaire. Des négociations, immédiatement entamées, conduisent au retour du roi au bout de quelques mois et à la libération des opposants, dont Ntsu Mokhele. Une nouvelle Constitution, promulguée en 1973, interdit au roi de se mêler de politique, consacre le renforcement du pouvoir du Premier ministre et permet d'attendre les élections suivantes. Une série d'attentats urbains, en 1974, provoque une nouvelle répression contre les opposants, dont les leaders du BCP, qui s’exilent. Le Premier ministre Leabua Jonathan exerce un pouvoir arbitraire, tout en cooptant quelques anciens opposants au sein du gouvernement.

                  Ce durcissement dans la politique intérieure, qui prive le pouvoir d'une partie de ses soutiens au sein du clergé catholique et de la chefferie, s'accompagne d'un revirement sur le plan international. Jonathan opte résolument pour le soutien à l'ANC et la dénonciation de l'apartheid et de la politique des bantoustans, ce qui lui gagne les faveurs de la communauté internationale et des progressistes au sein du BNP. En revanche, il s'attire l'ire de l'Afrique du Sud, qui commence, à partir de 1982, à lancer des actions de blocus ponctuel des frontières, à mener des incursions contre les réfugiés politiques de l'ANC, et qui soutient à partir de 1979 les attentats menés dans le pays par l'aile militaire du BCP, l'Armée de libération du Lesotho (LLA). La déstabilisation ainsi orchestrée par l'Afrique du Sud tout comme la répression engagée par les forces paramilitaires sotho contre les opposants fragilisent le régime. En 1985, les élections législatives organisées avec le seul BNP montrent des tensions grandissantes entre plusieurs factions, d'une part celle de Jonathan, appuyée sur la structure la plus militante associée au parti, la Youth League du BNP, et les républicains pro-parti unique de type marxiste, d'autre part les[...]

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                  Écrit par

                  • : professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
                  • : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  Dominique DARBON, Benoît DUPIN et Universalis. LESOTHO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Lesotho : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Lesotho : carte physique

                  Lesotho : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Lesotho : drapeau

                  Couronnement de Letsie III - crédits : Odd Andersen/ AFP

                  Couronnement de Letsie III

                  Autres références

                  • LESOTHO, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • AFRIQUE AUSTRALE

                    • Écrit par Jeanne VIVET
                    • 6 100 mots
                    • 5 médias
                    L’Afrique australe comprend des États aux régimes politiques divers (monarchie au Lesotho et en Eswatini, république ailleurs), plus ou moins démocratiques et stables. Les différenciations économiques et sociales sont fortes entre les pays, du fait notamment des modèles économiques et politiques...
                  • MASERU

                    • Écrit par Jean LIOU
                    • 332 mots
                    • 1 média

                    Longtemps, Maseru ne fut qu'un grand village. Aujourd'hui, la ville n'est grande qu'à l'échelle du Lesotho, quand bien même ses banlieues gonflées par l'exode rural depuis les années 1970 s'étendent assez loin. Elle compte 230 000 habitants en 2006, et un demi-million de personnes...

                  • MOSHOESHOE II (1938-1996) roi du Lesotho

                    • Écrit par Universalis
                    • 432 mots

                    Roi du Lesotho, né le 2 mai 1938 à Thabang, au Basutoland (auj. Lesotho), mort le 15 janvier 1996 dans les monts Maloti, au Lesotho.

                    Constantine Bereng Seeiso commence ses études au Roma College de Maseru, avant de poursuivre son cursus en Grande-Bretagne au Ampleforth College, à York, et au Corpus...

                  • SOTHO ou SOUTHO

                    • Écrit par Universalis
                    • 373 mots

                    Répartis largement à travers l'Afrique australe, les Sotho présentent, malgré leur dispersion géographique, une grande homogénéité culturelle et linguistique. Les Sotho du Sud peuplent le Lesotho et les territoires adjacents de l'Afrique du Sud. Les Sotho du Nord sont installés au...

                  Voir aussi