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CHURRIGUERA LES

Trop souvent, on identifie les Churriguera avec le baroque espagnol dans ce qu'il a de plus outrancier, ce qui est parfaitement abusif. Les frères Churriguera (José Benito, Manuel, Joaquín, Alberto, Miguel) étaient fils du sculpteur catalan José Simón Churriguera ; à la mort de celui-ci, en 1679, ils furent recueillis par leur parâtre, le sculpteur barcelonais José Rates y Dalmau, établi à Madrid ; trois d'entre eux illustreront le nom de Churriguera.

José Benito (Madrid, 1665-1725) devient le chef de la famille en 1684, à la mort de José Rates y Dalmau. Il se fait d'abord connaître comme sculpteur de retables (maître-autel de San Esteban de Salamanque, 1693). Cependant, grâce à la protection de Juan de Goyeneche, le trésorier des reines Marie-Anne de Neubourg et Élisabeth Farnèse, il réalise une importante œuvre d'urbanisme : la ville nouvelle de Nuevo Baztán, non loin de Guadalajara (place d'armes, fabrique de draps, palais, église et maisons, 1709-1713). Il construisit aussi le palais de son protecteur à Madrid (siège de la Real Academia de San Fernando). Ces réalisations, d'un caractère plutôt sévère, n'ont rien de « churrigueresque » ; il est vrai que le palais de Madrid a été, en 1773, remanié dans le goût académique par Diego de Villanueva.

Joaquín (Madrid, 1674-1724) conçut le collège de Calatrava à Salamanque (1717) dans un style robuste, lui aussi dépourvu de toute outrance. Toujours dans cette ville, qui fut par excellence le champ d'action des Churriguera, il éleva à la croisée du transept de la cathédrale une coupole influencée par l'art plateresque. Elle dut être en grande partie refaite après le tremblement de terre de 1755.

Alberto (Madrid, 1676-1750) était doué d'un grand talent. Sa première œuvre, la Plaza Mayor de Salamanque, la plus belle place d'Espagne, fut conçue sur le modèle de celle de Madrid, dans un style néo-plateresque. La première pierre fut posée le 10 mars 1729 et le pavillon royal terminé en 1733. L'architecte ne vit pas l'achèvement de l'ensemble. Toujours à Salamanque, il donna les plans de l'église San Sebastián (1731), édifice novateur — comme les constructions de Pedro de Ribera — qui fit école dans la ville. En 1738, il résigna ses fonctions de maître des œuvres de la cathédrale lorsque le chapitre eut approuvé les dessins de Pedro de Ribera pour la grande tour. Il abandonna alors Salamanque. L'art d'Alberto Churriguera, beaucoup plus animé que celui de ses frères, servit de cible aux critiques des néo-classiques.

— Marcel DURLIAT

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

Classification

Pour citer cet article

Marcel DURLIAT. CHURRIGUERA LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • BAROQUE

    • Écrit par , et
    • 20 831 mots
    • 23 médias
    ...ici est un baroque de surcharge) avec des colonnes torses, des chapiteaux, des corniches, des palmes, le tout éblouissant d'or, comme le retable de J.  Churriguera (1633) à San Esteban de Salamanque. La décoration churrigueresque devint, au tournant du xviie et du xviiie siècle, un secteur original du...
  • CASTILLE

    • Écrit par , et
    • 10 285 mots
    • 13 médias
    ...de Ribera apparaît chez Narciso Tomé, l'auteur du Transparente de la cathédrale de Tolède (1721-1732), l'œuvre la plus étonnante du rococo espagnol. Quant aux frèresChurriguera, très actifs à Salamanque, ils symbolisent, souvent à tort, le baroque dans son esprit le plus outrancier.