Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LES CHOSES DE LA VIE, film de Claude Sautet

Connu auparavant comme réalisateur de polars (Classe tous risques, 1960), Claude Sautet ne voulut pas se spécialiser dans les films d'action, et adapta en 1970 un roman de Paul Guimard, Les Choses de la vie (1967). Bien que le sujet principal puisse paraître d'une rare tristesse – il s'agit essentiellement de décrire la mort du héros –, le film rencontra un vif succès en France (terminant en huitième position du box-office), remporta le prix Louis-Delluc et relança la carrière de ses deux principaux interprètes, Michel Piccoli (qui devait tourner encore trois fois avec Sautet) et Romy Schneider (quatre fois). Pour Sautet, ce fut le début de la mésentente avec une partie de la cinéphilie institutionnelle française, qui vit en lui un cinéaste académique, bourgeois, étranger à l'officielle Nouvelle Vague, et n'en démordit plus. Pourtant, Les Choses de la vie met en œuvre une écriture cinématographique peu académique, en mélangeant des figures venues d'horizons esthétiques différents : le monologue intérieur du héros renvoie au film noir hollywoodien des années 1940 (Les Passagers de la nuit, Dark Passage, 1947, de Delmer Daves), l'usage du ralenti à Bonnie and Clyde (Arthur Penn, 1967), et la construction temporelle non linéaire au cinéma européen de la modernité (Le Voyou, 1970, de Claude Lelouch). Quant à l'inversion du sens de défilement de la pellicule, qui annonce ici que la narration repart en arrière, elle est encore plus rare (Claude Miller l'utilisera dans Dites-lui que je l'aime, en 1977). Sous le titre The Little Things in Life (« les petites choses dans la vie »), le film eut même quelque succès à Hong Kong, et impressionna durablement John Woo, futur auteur de Volte-Face (1997) et amateur lui aussi de violence filmée au ralenti. Plus tard, il donna lieu à un remake américain avec Richard Gere et Sharon Stone (Intersection, 1994, réalisé par Mark Rydell).

Mort d'un architecte

Une route secondaire aux abords de la ville de Rennes, l'Alfa-Roméo immatriculée 4483 VD 75 qui brûle, un corps étendu dans l'herbe... Que s'est-il passé, de qui s'agit-il ? Architecte parisien, Pierre a refait sa vie avec Hélène, traductrice. Les vacances d'été approchent et il lui faut choisir entre la Tunisie dans les bras d'Hélène et l'île de Ré en compagnie de Bertrand, le fils de vingt ans qu'il a eu lorsqu'il était marié avec Catherine. Comme un accès de nostalgie pour cette époque de sa vie le fait pencher pour l'île de Ré, il se dispute avec Hélène. Seul avec lui-même à l'occasion d'un long trajet en voiture, il projette alternativement de rompre avec Hélène et de l'épouser. Un accident interrompt à jamais ses réflexions, et Pierre meurt finalement en rêvant à ce mariage pendant que l'Alfa-Roméo achève de brûler et que les curieux se dispersent...

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Laurent JULLIER. LES CHOSES DE LA VIE, film de Claude Sautet [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SAUTET CLAUDE (1924-2000)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 1 494 mots
    ...mais plus extérieur, L'Arme à gauche (1964), Claude Sautet refuse de s'enfermer dans la veine du polar à la française, et c'est avec Les Choses de la vie (1969) que sa carrière prend son envol. Plusieurs facteurs expliquent le succès et l'importance du film à ce moment de l'histoire...

Voir aussi