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FREED LEONARD (1929-2006)

Dans l'introduction de son livre sur l'univers du mouvement religieux des Hassidim, La Danse des fidèles (2001), Léonard Freed se présente comme un juif agnostique. Cette distance apparente à des sujets qu'en réalité il explore en profondeur, le photographe américain la souligne à plusieurs reprises dans les ouvrages dont il signe le texte et commente abondamment les images, dans la tradition du photojournalisme.

Né le 23 octobre 1929 à Brooklyn de parents russes immigrés, Leonard Freed est un lycéen plutôt paresseux, épris d'une solitude que lui procurent le musée voisin du domicile familial et plus tard le premier musée, alors désert, de la fondation Guggenheim à Manhattan. Orienté vers des études en arts graphiques, le jeune homme trouve à exercer ses talents dans une imprimerie, qui lui confie la réalisation d'emballages de luxe, et consacre une partie de ses loisirs à peindre. C'est sans disposer d'un vrai métier qu'à vingt ans Leonard Freed décide de visiter l'Europe, ses hauts lieux et ses bas-quartiers, vivant des petits emplois ponctuels qui lui garantissent une existence précaire et la liberté. Dans ses bagages, un appareil de petit format 35 mm enregistre de temps à autre le souvenir du pays traversé, du Danemark à l'Italie et jusqu'en Afrique du Nord. Découvrant dans le métier de photographe de presse le moyen d'associer voyage et photographie, Freed décide de s'équiper d'un appareil professionnel d'occasion. C'est donc plus par opportunité que par vocation que commence une carrière de photographe, stimulée par la lecture du premier livre d'Henri Cartier-Bresson, Images à la sauvette (1952).

En 1955, rentré à New York riche d'un premier dossier d'images personnelles, le jeune voyageur décide de frapper fort. Il parvient à présenter son travail à Edward Steichen, alors directeur du département photographique du MOMA, qui lui achète trois tirages, obtient d'Alexey Brodovitch d'assister gratuitement à ses cours, et du bureau new-yorkais de Magnum la diffusion de ses images. À New York, Leonard Freed commence à s'intéresser à la communauté juive orthodoxe, installant dans ses images l'atmosphère intimiste des familles et des lieux d'étude. En 1958, il choisit de quitter à nouveau les États-Unis pour l'Europe. Installé à Amsterdam, marié et père d'une petite fille, Freed se résout à entrer dans le circuit astreignant des commandes de reportages pour des grands titres internationaux : Sunday Times, New York Times, Geo et Stern. Parallèlement à ses missions, il poursuit son travail sur la diaspora, qui donnera matière à deux livres, l'une sur la communauté juive d'Amsterdam, l'autre sur les Juifs d'Allemagne de l'après-guerre. La condition des Noirs au États-Unis inspire au photographe une recherche sensible qui fait de lui un familier de Harlem. Le sujet, qui l'entraîne aussi bien dans les prisons que sur les traces de Martin Luther King, fournira une série de photographies où la fierté autant que la misère sont mises en évidence. Choisi en 1968 pour figurer avec Werner Bischof, Robert Capa, André Kertész et David Seymour dans l'exposition The Concerned Photographers, Leonard Freed publiera l'année suivante son Black in White America. Au début des années 1970, au moment de la répression des manifestations contre la guerre du Vietnam, l'action de la police suscite un nouveau questionnement. À la différence d'un Weegee qui privilégiait le regard immédiat sur le crime, Freed élargit le champ de son investigation à un univers sordide comme à tous les acteurs du cycle de la violence. Le livre Police Work paraîtra à New York en 1980.

Membre de Magnum depuis 1972, Freed continue son travail de reporter en couvrant la guerre du Kippour en 1973, comme il avait photographié[...]

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Pour citer cet article

Hervé LE GOFF. FREED LEONARD (1929-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PHOTOGRAPHIE (art) - Un art multiple

    • Écrit par Hervé LE GOFF, Jean-Claude LEMAGNY
    • 10 750 mots
    • 21 médias
    ...au Français Marc Riboud, à l'Indien Raghu Raï, au Japonais Hiroshi Hamaya. Le Suisse René Burri s’efforce de « capter la vibration du vivant », tandis que Leonard Freed expose sa grandeur dramatique (reportage sur la police à New York) et l'Américaine Mary Ellen Mark son ironie et sa pitié....

Voir aussi