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LÉGIONELLOSE

La <it>Legionella </it><em>pneumophila</em> - crédits : S. Kaulitzki/ Shutterstock

La Legionella pneumophila

Décembre 2003, France, Pas-de-Calais. La région de Lens est inquiète. C'est l'hiver et pourtant, entre le 28 novembre et le 12 décembre, 20 cas de légionellose ont été signalés à la D.D.A.S.S. (Direction départementale de l'action sanitaire et sociale), un phénomène inhabituel tant par le nombre de cas (86 au total) que par la saison. En effet, cette pneumopathie grave fait d'habitude plutôt parler d'elle pendant la saison estivale, mais il s'agit d'une pathologie émergente, qui réserve encore des surprises.

Les légionnelles sont des germes hydro-telluriques qui affectionnent l'eau, surtout l'eau stagnante, de préférence tiède. En effet, la température optimale de croissance varie de 25 à 37 0C, mais les bactéries peuvent survivre à des températures inférieures à 25 0C et se multiplier jusqu'à 43 0C. Elles sont détruites lentement à 50 0C (quelques heures) et plus rapidement à 60 0C (quelques minutes).

Tout système capable de créer un aérosol libre peut être source de contamination. La légionellose est l'exemple flagrant d'une maladie favorisée par l'homme du fait de l'évolution des technologies.

Épidémiovigilance et légionellose (France) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Épidémiovigilance et légionellose (France)

En France, depuis 1987, la légionellose est une maladie à déclaration obligatoire. La surveillance a été renforcée en 1997 par un système interactif de signalement des cas de légionellose entre le Centre national de référence des Legionella (C.N.R.) et l'Institut de veille sanitaire (InVS). Entre 1997 et 2006, le nombre de cas déclarés sur le territoire est passé de 206 à 1 443. Le test de recherche d'antigènes urinaires permet une détection plus importante des cas et une déclaration plus rapide aux autorités sanitaires. Mais il ne doit pas faire oublier le diagnostic classique par culture, qui conduit à l'isolement de la bactérie et permet ainsi de retrouver la source de la contamination par comparaison des souches humaines et environnementales.

Sources de contamination

Ainsi, la climatisation des locaux implique d'introduire de l'air froid et d'évacuer l'air chaud qui s'y trouve. Cela nécessite l'emploi de tours aéroréfrigérantes dont les plus anciennes sont des systèmes de refroidissement des circuits chauds qui évacuent la chaleur vers l'extérieur en pulvérisant l'eau en fines gouttelettes dans un flux d'air circulant à contre-courant. L'aérosol se retrouve dans le « panache » évacué par la tour et peut contaminer soit les personnes exposées au panache, soit la prise d'air de bâtiments voisins... Les systèmes les plus modernes ont éliminé ce risque. Ce sont des systèmes fermés (aérocondenseurs) avec des échanges air-air sans production de vapeur d'eau.

De même, les réservoirs des dispositifs de production d'eau chaude sont particulièrement vulnérables à la prolifération des légionelles. En effet, les ballons d'eau chaude recèlent des zones de stagnation, en particulier au fond des ballons, où la montée en température est plus faible et où s'accumulent les « boues » qui favorisent la prolifération des germes... Le rôle du réseau d'eau chaude sanitaire dans la transmission à l'homme des légionelles serait lié à l'inhalation de microgouttelettes contaminées, en particulier au moment de la douche.

Les réservoirs d'eau froide à l'entrée des bâtiments, les réseaux vétustes, les tuyauteries longues avec boucles et bras morts, les adoucisseurs, les robinets équipés de joints en caoutchouc et d'aérateurs à grilles, les absorbeurs de choc, les économiseurs d'eau, bref tout système qui freine la circulation de l'eau crée des conditions favorables à la multiplication et à la dissémination des légionelles.

Les bains de relaxation (à remous, à jets), la balnéothérapie, le thermalisme ont été ou peuvent être à l'origine[...]

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Écrit par

  • : docteur en médecine, docteur d'État ès sciences, professeur des Universités en bactériologie, virologie, hygiène
  • : docteur d'État ès sciences pharmaceutiques, maître de conférences des Universités, praticien hospitalier

Classification

Pour citer cet article

François DENIS et Marcelle MOUNIER. LÉGIONELLOSE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

La <it>Legionella </it><em>pneumophila</em> - crédits : S. Kaulitzki/ Shutterstock

La Legionella pneumophila

Autres références

  • CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SANTÉ

    • Écrit par Virginie CAVIER, Universalis
    • 2 764 mots
    • 2 médias
    ...moyennes favorise en général leur multiplication, avec parfois une amplification de leur pathogénicité. En milieu hydrique, on craint un développement des Legionella dans les tuyauteries, les climatiseurs en particulier, des Leptospira en eau douce. Les cyanobactéries, dont certaines sécrètent des toxines...
  • MALADIES INFECTIEUSES ÉMERGENTES

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 8 030 mots
    • 7 médias
    Un exemple inattendu concerne la légionellose, maladie émergente, anthropique, « née » en 1976. Elle tire son nom d’une épidémie survenue en juillet de cette année lors d’un congrès de l’American Legion à Philadelphie, affectant environ 200 participants et provoquant 29 décès. Depuis, des poussées épidémiques...
  • PNEUMONIE

    • Écrit par Chantal GUÉNIOT
    • 3 234 mots
    • 4 médias
    ...exemple, les légionelles sont dispersées sous forme d’aérosols, qui vont être inhalés et provoquer une infection chez des personnes fragiles, souvent âgées. Entre 1 000 et 1 500 cas de légionellose sont diagnostiqués chaque année en France (environ deux cas pour 100 000 habitants). Cette maladie, à déclaration...

Voir aussi