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PANJĀBĪ LANGUE & LITTÉRATURE

Situation dialectale, caractère et statut du pañjābī

N'ayant jamais joui d'un statut officiel jusqu'en 1966, le pañjābī se compose aujourd'hui encore d'un ensemble de dialectes, parlés dans la vaste aire géographique comprise entre Peshawar, Mithankot et Ambala. La langue standard qui s'est imposée dans la presse, à la radio et à la télévision ainsi que dans la littérature moderne est celle du centre du Panjab, parlée dans la région de Lahore et d'Amritsar, appelée mājhī. Les parlers du Sud-Ouest, souvent regroupés sous l'appellation de sirāikī (littéralement : « du nord », en sindhī), présentent des innovations qui les distinguent fortement, ainsi une série d'occlusives sonores implosives et l'utilisation de suffixes pronominaux. Ils ont aussi préservé certains archaïsmes tels qu'un futur sigmatique. Entre cette aire linguistique, dont le principal centre est Multan, et Lahore, sont parlés des dialectes intermédiaires. Diverses caractéristiques permettent de classer ensemble, sous la désignation locale de hindko, les dialectes septentrionaux attestés autour de Kohat, Attock, Abbottabad et Peshawar, où sont comme au Sud-Ouest préservés certains archaïsmes. Le poṭhohārī de Rawalpindi et Jhelam fait la transition entre hindko et pañjābī central. Quant aux dialectes de l'Est (malvāī de Bhatinda et Ludhiana, doābī de Jalandhar et Kapurthala, etc.), ils se rapprochent progressivement du hindī occidental parlé à l'ouest de Delhi.

Le pañjābī standard est assez proche du hindī-urdū. Il s'en distingue toutefois à bien des égards : citons par exemple la particule possessive en (ou , hindī ), les pronoms personnels de première et deuxième personne du pluriel as̃ī et tus̃ī (hindī ham et tum) et le participe présent en -dā (hindī -tā). Il sonne tout à la fois plus dur, plus emphatique (préservation des consonnes doubles du prakrit), plus nasal et plus chantant (présence de tons). Il est également plus archaïque et plus irrégulier, et son vocabulaire lui est propre pour une bonne part. De surcroît, le panjābī, essentiellement rural et qui ne fut jamais langue de cour, a, comme l'écrivit un linguiste anglais du xixe siècle, « une fragrance de blé fraîchement moulu et un parfum de fumée de chaumière ». Il se note dans trois écritures : arabo-persane parmi les musulmans, gurumukhī chez les sikhs, et devanāgarī du sanskrit et du hindī en milieu hindou.

Au Pakistan, le pañjābī ne jouit d'aucun statut officiel, et l'urdū, langue nationale, est dans le Panjab pakistanais la langue de culture et d'éducation. En Inde, en revanche, depuis qu'en 1966, sous la pression des sikhs, le Panjab a été séparé de l'Haryana et de l'Himachal Pradesh où le hindī est parlé par la majorité de la population, le pañjābī est devenu l'une des seize langues officielles du pays.

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Journal asiatique

Classification

Pour citer cet article

Denis MATRINGE. PANJĀBĪ LANGUE & LITTÉRATURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SIKHS

    • Écrit par Universalis, Denis MATRINGE
    • 5 458 mots
    • 4 médias
    Lepremier livre sacré des Sikhs, l' Ādi Granth, consiste principalement en hymnes écrits par les cinq premiers gurū et par le neuvième, classés selon leur mode musical. Il inclut des compositions de poètes sant et soufis, tels que Nāmdev, Kabīr et Farīd. L'édition standard de l'...

Voir aussi