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PANJĀBĪ LANGUE & LITTÉRATURE

Le pañjābī fait partie des langues indo-aryennes parlées dans tout le nord de l' Inde. Il tire précisément son nom du Panjab, immense plaine où coulent cinq puissants affluents de rive gauche de l'Indus : Jhelam, Canāb, Rāvī, Biās et Satlej. Avec l'Indus, ceux-ci ont permis le développement d'un vaste système d'irrigation qui contribue à faire du Panjab, riche en blé, en riz, en canne à sucre et en coton, le grenier du sous-continent indien.

Le pañjābī compte près de 80 millions de locuteurs au Pakistan (environ 65 p. 100 de la population) et près de 35 millions en Inde (environ 3 p. 100 de la population).

Histoire de la langue

Le pañjābī est l'un des représentants modernes du vieil indo-aryen introduit dans le sous-continent au IIe millénaire avant notre ère et qui nous est connu sous la forme du sanskrit, védique puis classique. Le sanskrit appartient à la famille des langues indo-européennes, et le pañjābī se trouve par rapport à lui dans une situation analogue à celle du français vis-à-vis du latin.

On distingue schématiquement trois phases dans l'évolution de l'indo-aryen. À l'état ancien succède le moyen-indo-aryen (pālī, prakrit, puis apabhraṃśa), caractérisé notamment par des changements phonétiques qui altèrent le système morphologique. L'apabhraṃśa (déchet) se situe au point de jonction entre moyen et néo-indo-aryen, et ses attestations les plus anciennes datent du xe siècle. Les langues néo-indo-aryennes, dont le pañjābī, représentent la troisième phase de cette évolution. Leur apparition ne peut être datée avec certitude. Mais l'utilisation d'une langue écrite antérieure aux dialectes parlés étant une constante de l'histoire linguistique de l'Inde, on peut considérer que les langues néo-indo-aryennes étaient déjà en usage, sous une forme ancienne, quand l'apabhraṃśa fut considéré comme assez archaïque pour pouvoir être écrit.

L'état actuel du pañjābī porte la trace de son histoire, elle-même liée à celle du Panjab, débouché des passes qui permirent l'accès du monde indien à de nombreux envahisseurs. Comme les traits fondamentaux de sa grammaire, l'essentiel du vocabulaire pañjābī est hérité du moyen indien, mais il comporte également des mots empruntés au sanskrit (particulièrement dans le vocabulaire religieux des hindous et des sikhs). Conséquence de la longue période de domination musulmane, on y rencontre aussi nombre de vocables persans ou arabo-persans. Du xie au xviiie siècle, le Panjab appartint en effet à des royaumes fondés par des conquérants venus du monde iranien, sultanat de Delhi et empire moghol notamment. Le persan était alors la langue officielle, et il le resta au temps du royaume sikh qui subsista de 1799 jusqu'à la conquête britannique de 1849. La domination anglaise, qui dura près d'un siècle, eut pour conséquence le passage de nombreux termes anglais en pañjābī. En 1947, lors de l'accession du sous-continent à l'indépendance, le Panjab fut divisé entre l'Inde et le Pakistan. Depuis lors, le pañjābī a fait en Inde de nombreux emprunts lexicaux au hindī, et au Pakistan à l'urdū.

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Journal asiatique

Classification

Pour citer cet article

Denis MATRINGE. PANJĀBĪ LANGUE & LITTÉRATURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SIKHS

    • Écrit par Universalis, Denis MATRINGE
    • 5 458 mots
    • 4 médias
    Lepremier livre sacré des Sikhs, l' Ādi Granth, consiste principalement en hymnes écrits par les cinq premiers gurū et par le neuvième, classés selon leur mode musical. Il inclut des compositions de poètes sant et soufis, tels que Nāmdev, Kabīr et Farīd. L'édition standard de l'...

Voir aussi