Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PANJĀBĪ LANGUE & LITTÉRATURE

Tradition orale et littératures

La culture populaire du Panjab est d'une grande richesse. Elle se caractérise notamment par une tradition orale bien vivante, où se côtoient proverbes d'inspiration rurale, fables animalières, chansons des travaux et des jours, épopées, vies de saints, histoires d'amour légendaires et poésie religieuse, souvent d'inspiration mystique ou hagiographique.

La première attestation écrite du pañjābī remonte au livre sacré des sikhs, l' Ādi Granth, dont la compilation fut achevée en 1604, mais qui comporte des textes qui datent du xve siècle. Il s'agit d'une volumineuse collection d'hymnes composés par les premiers gurū sikhs et des poètes mystiques de leur époque. La langue dominante de l'ouvrage est mixte, avec un élément vieil hindī dominant, et un élément pañjābī ancien non négligeable. Par la suite, une bonne partie de la littérature des sikhs est rédigée en langue braj (hindī occidental) ou même en persan, à l'exception d'hagiographies de Nānak (1469-1539), le premier gurū, et de poèmes épiques qui vantent les exploits guerriers des sixième et dixième gurū. Parallèlement se développe une littérature musulmane en pañjābī, qui est influencée à la fois par les canons persans et par la culture populaire pañjābī. Ses plus grandes réussites sont des poèmes soufis appelés kāfī, formellement proches des ballades folkloriques et longtemps transmis oralement, et des sortes de lais, les qiṣṣa (histoires). Les kāfī de Šāh Ḥusain (xvie s.), Sulṭān Bāhū (xviie s.), Bullhe Šāh (xviiie s.) et Xwāja Ġulām Farīd (xixe s.) dénoncent l'hypocrisie ritualiste au nom d'un mysticisme fondé sur l'amour, le soufi s'identifiant souvent dans sa quête de la fusion en Dieu à une héroïne des légendes locales désireuse de s'unir à son bien-aimé. Ces légendes, ainsi que certaines histoires arabes et persanes, forment le sujet des qiṣṣa, dont le plus célèbre est Hīr de Vāris Šāh (1766). Les changements socioculturels liés à la colonisation favorisèrent l'apparition, au début du xxe siècle, de poèmes, de nouvelles et de romans influencés par la littérature européenne. Ce fut là surtout l'œuvre de sikhs (Bhāī Vīr Siṅgh, Pūran Siṅgh...), les musulmans se tournant alors vers l'urdū et les hindous vers le hindī. Après avoir été marquée par le marxisme dans les années 1950-1960 (Sant Siṅgh Sekhõ, Jasvant Siṅgh Kamval...), la littérature pañjābī est aujourd'hui imprégnée d'autres courants occidentaux comme la psychanalyse et l'existentialisme, ou encore la pratique du monologue intérieur (Amritā Prītam, Balvant Gārgī...).

— Denis MATRINGE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Journal asiatique

Classification

Pour citer cet article

Denis MATRINGE. PANJĀBĪ LANGUE & LITTÉRATURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SIKHS

    • Écrit par Universalis, Denis MATRINGE
    • 5 458 mots
    • 4 médias
    Lepremier livre sacré des Sikhs, l' Ādi Granth, consiste principalement en hymnes écrits par les cinq premiers gurū et par le neuvième, classés selon leur mode musical. Il inclut des compositions de poètes sant et soufis, tels que Nāmdev, Kabīr et Farīd. L'édition standard de l'...

Voir aussi