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PĀLI LANGUE & LITTÉRATURE

Le pāli est la langue des anciennes Écritures du bouddhisme méridional, aujourd'hui encore pratiqué à Sri Lanka et dans les pays occidentaux de la presqu'île indochinoise : Birmanie, Laos, Thaïlande, Cambodge (Kampuchea). C'est une langue littéraire, composite, de type haut moyen-indien occidental, qui cependant intègre un assez grand nombre de formes orientales (« magadhismes »). Au reste, « pāli » signifie d'abord « ligne », « norme » ; par suite, le « texte » sacré du canon ; c'est à partir du xviie siècle qu'on voit le terme appliqué à la langue du vaste corpus que constituent les Écritures canoniques des bouddhistes theravādin, de leurs commentaires et des traités qui s'y rattachent.

La littérature, extrêmement abondante, comprend d'abord le canon, puis une masse paracanonique très diversifiée. Le canon est constitué « de trois corbeilles » (Ti-piṭaka) dont les autres sectes bouddhiques ont des parallèles plus ou moins proches : celle des « textes », celle de la « discipline », celle de la scolastique. C'est à la première qu'appartiennent les œuvres pāli les plus célèbres, littérairement les plus savoureuses : Dhammapada et, plus encore, Jātaka. La littérature paracanonique comprend une énorme quantité de commentaires (ceux de Buddhaghosa, ve siècle, ayant une autorité quasi canonique), de sous-commentaires, etc., des traités techniques, notamment sur la grammaire, ainsi que des chroniques en vers, influencées par la poétique sanskrite.

Toute cette littérature a été connue, commentée, enrichie, dans la péninsule indochinoise, particulièrement en Birmanie, après le xe siècle. Les Môns ont même utilisé le pāli à des fins, pour ainsi dire, profanes : dans l'élaboration de leurs codes de lois et dans la constitution d'anthologies de « belles paroles ». L'œuvre qu'ils ont accomplie a été connue – et partiellement adaptée – par leurs voisins du Laos, du Siam, du Cambodge. Les langues de cette région ont d'ailleurs emprunté au pāli une part non négligeable de leur vocabulaire.

La langue

Jalons historiques

Les Occidentaux appliquent le nom de « pāli » (proprement : « texte ») à la langue des anciens livres du bouddhisme méridional, conforme à la « doctrine des doyens » (theravāda). Dans l'effort d'approfondissement, de systématisation, de diffusion des Écritures – les seules Écritures bouddhiques qui nous soient parvenues en entier –, le pāli a été l'instrument linguistique essentiel : de là son importance dans la civilisation de l'Asie du Sud et du Sud-Est.

Le pāli est une langue littéraire, composite, qui, à Sri Lanka, depuis plus de vingt siècles, a été employée à des fins religieuses ou parareligieuses. Bien qu'elle ait subi des éclipses au cours de l'histoire, des auteurs singhalais du xxe siècle s'en sont encore servi avec profit ; on la trouve couramment utilisée en Birmanie, au xixe siècle, dans les traités d'érudition bouddhique ; on sait que les rois de principautés singhalaises la choisissent pour rédiger, à l'intention de souverains de Birmanie (au xiiie s.) et de Siam (au xviiie s.), les lettres où ils leur demandent l'envoi à Sri Lanka de missions de bonzes. Le prestige de cette langue est d'ailleurs tel qu'il paraît bon aux missions chrétiennes à Sri Lanka d'éditer une traduction pāli du Nouveau Testament (1835, Wesleyan Mission Press).

Bien qu'il ne soit pas possible de fixer exactement les débuts du pāli, on peut les tenir pour antérieurs au iiie siècle avant J.-C. C'est entre cette époque et les environs de l'ère chrétienne que pourrait avoir été compilée la plus grande part des œuvres recueillies dans le canon. Les chroniques singhalaises relatent que, après une longue période de transmission orale,[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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