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LANDINO ou LANDINI FRANCESCO (1330 env.-1397)

Célèbre musicien et poète de l'ars nova florentine (Trecento), Francesco Landino, surnommé Magister Franciscus Caecus, Francesco Cieco ou Cecco (l'« Aveugle »), ou encore il Cieco degli organi, est né à Fiesole. Sa date de naissance se situerait entre 1325 et 1335 environ. Son père, Jacopo del Casentino, était peintre, et le jeune Francesco, avant d'être atteint de cécité à la suite de la variole, s'intéressait à la peinture ; il s'orienta alors vers la musique et la facture d'orgue. Il pratiqua le chant et divers instruments : luth, guitare, flûte, orgue ; sa pierre tombale, à San Lorenzo, le représente avec son organetto. Ses qualités d'excellent improvisateur et d'organiste virtuose lui valurent, sans doute, la couronne de lauriers reçue du roi de Chypre, à Venise. À partir de 1365, il exerce ses activités d'organiste à San Lorenzo (Florence). En 1375, il obtint une charge ou un bénéfice à San Giovanni ; il participa à la construction de l'orgue de San Annunziata. Il est mort à Florence le 2 septembre 1397.

Comme Guillaume de Machaut, chef de file de l'ars nova française, Landino était à la fois poète et musicien. On lui doit 154 œuvres à deux et à trois voix. Ses neuf Madrigaux à deux voix ont une structure simple : un fragment de trois phrases avec des textes différents chantées deux ou trois fois, suivi d'une ritournelle sur un rythme différent. Il soigne la déclamation et l'ornementation du texte comprenant des mélismes. Ses deux Madrigaux à trois voix sont plus proches du motet français. Il apparaît comme le créateur de la ballata italienne, qu'il a élargie à deux et à trois voix (au lieu d'une seule) : sur 141 œuvres, 91 sont à deux voix ; 42 à trois, et 8 à deux et à trois voix. La partie supérieure, dotée de paroles, est assez élaborée. Dans les ballate à trois voix, il fait appel à un accompagnement instrumental. La ballata repose sur le schéma ABBAA. Dans quelques ballate, les cadences sont d'abord suspensives (« ouvertes ») puis conclusives (« closes »), comme dans les ballades françaises, alors que les ballate à trois voix, avec une partie instrumentale de contre-ténor, se réclament davantage — sur le plan rythmique et structurel — de la conception italienne. Landino a aussi écrit deux cacce, avec canon aux voix supérieures et ténor instrumental. Il exploite la technique du canon dans le madrigal (canon à la quinte dans la première partie aux voix inférieures, puis, dans la ritournelle, canon aux trois voix à l'octave et à la quinte).

Francesco Landino, habile organiste, à la fois poète et chanteur, a laissé une abondante œuvre lyrique qui s'impose par la mélodie ornée et la douceur poétique. Il apparaît comme le meilleur représentant de l'ars nova italienne et comme le principal représentant du style florentin au Trecento.

— Edith WEBER

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, professeur à l'Institut catholique de Paris, docteur ès lettres et sciences humaines

Classification

Pour citer cet article

Edith WEBER. LANDINO ou LANDINI FRANCESCO (1330 env.-1397) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARS NOVA

    • Écrit par Roger BLANCHARD
    • 6 358 mots
    • 2 médias
    ...Boccace, devint la métropole artistique qu'elle ne cessa d'être durant toute la Renaissance. Le plus grand nom de cette école florentine est celui de Francesco Landini (1325-1397), organiste aveugle qui fut, dit-on, l'élève de Jacopo da Bologna. Musicien poète, comme Guillaume de Machaut, sa réputation...
  • FROTTOLA, musique

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 336 mots

    Le terme apparaît dans un madrigal de Francesco Landino (env. 1335-1397). C'est une courte chanson profane italienne, qui fut en honneur surtout à partir de la fin du xve siècle et jusque vers 1550. Elle est de style populaire, puis lyrique, d'une écriture homophone, harmonisée à trois, quatre...

  • ORNEMENT, musique

    • Écrit par Joël DUGOT, Antoine GARRIGUES
    • 4 846 mots
    • 18 médias
    ...valeur longue jouée par un instrument risque fort d'être monotone. Aussi prend-on l'habitude de « colorer » la mélodie originale, et des auteurs comme Francesco Landini (env. 1325-1397) œuvrent dans ce domaine (fig. 1). Parallèlement à la polyphonie sacrée, les chansons profanes, elles aussi, sont interprétées...

Voir aussi