FRONTIÈRE LA, États-Unis

Carte des États-Unis après la guerre de Sécession
MPI/ Archive Photos/ Getty Images
Carte des États-Unis après la guerre de Sécession
Sur cette carte des États-Unis de 1910, se distinguent les États qui étaient dans l'Union avant la…
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D'après le Bureau du recensement américain, la frontière correspond à une zone de peuplement dans laquelle la densité est supérieure à deux habitants et inférieure à six habitants par mille carré (2,59 km2). C'est pourquoi il fut déclaré officiellement en 1890 que la frontière avait disparu aux États-Unis. La frontière n'a pas cessé de se déplacer du début du xviie siècle à la fin du xixe. Elle n'a jamais formé une ligne continue : les avancées, les redans, les enclaves ont été courants. Lorsque les premiers colons débarquent en Amérique, elle se confond avec la côte atlantique, puis, à la veille de l'indépendance des colonies, elle franchit les Appalaches. Vers 1830-1840, elle atteint le Texas ; vers 1850, la Californie ; après la guerre de Sécession, les Grandes Plaines. Elle progresse grâce à l'attrait des mines d'or et d'argent, des immenses pâturages, des terres à cultiver. Elle est donc une étape du peuplement de l'Ouest ou de la mise en valeur du continent nord-américain. Dans cette zone, les ressources du sol ou du sous-sol sont abondantes ; elles sont peu exploitées par des Indiens nomades. Les pionniers prennent possession d'une terre qu'ils croient disponible ou qu'ils achètent aux Indiens à un prix dérisoire. Ils établissent leur code social, leur organisation politique, leurs modes de production. Si l'anarchie ou la loi du plus fort commence par l'emporter, c'est finalement sous la forme d'un territoire puis d'un État que telle ou telle zone de frontière entre dans l'Union.
Cette progression vers l'ouest a profondément marqué l'histoire des États-Unis et comporte de multiples significations. L'Américain y a manifesté et développé son goût de l'initiative personnelle, de l'aventure, voire de la violence. Son comportement à l'égard des Indiens ou des Mexicains est celui du conquérant persuadé qu'il peut tout se permettre. La lutte contre la nature, contre les animaux sauvages forge, croit-il, les caractères. En même temps, ces vastes étendues, ouvertes à la colonisation, permettent aux États de l'Est et accessoirement aux immigrants de trouver un exutoire à leur excédent de population ou d'énergies : la frontière joue un peu le rôle d'une soupape de sécurité. Aussi l'Amérique subit-elle un choc, quand elle apprend que la frontière a cessé d'exister. Son expansion ne devra-t-elle pas se faire maintenant dans les Antilles ou dans le Pacifique ? C'est ce que croient les partisans de l'expansion impérialiste à la fin du xixe siècle. À moins que la lutte contre les inégalités sociales ou le sous-développement économique ne constitue à son tour « de nouvelles frontières », comme le suggérait le président John F. Kennedy en 1960. Cessant d'être une réalité, la frontière devient un mythe qui symbolise le rêve américain des espaces immenses et de la liberté. Peut-être la conquête de l'espace a-t-elle représenté aussi une nouvelle frontière.
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Écrit par
- André KASPI : professeur d'histoire de l'Amérique du Nord à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )
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