Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VIVES JUAN LUIS (1492-1540)

La lutte contre la scolastique

Dès 1519, Vives attaquait les scolastiques décadents, faux dialecticiens, dont les prétentieuses logomachies stérilisaient les études et empêchaient le progrès. Au lieu de faire de la dialectique une fin en soi, il faut, à l'inverse, la considérer comme un simple moyen pour arriver à la vérité, dans les divers ordres du savoir. La terminologie doit éviter le pédantisme et l'obscurité ; si l'on emploie le latin, on le restituera scrupuleusement à sa pureté classique ; on devra aussi faire appel aux langues nationales. Par-dessus tout, il est nécessaire de proscrire toute tyrannie magistrale, tout dogmatisme orgueilleux et vain, afin de pratiquer, au contraire, l'humilité intellectuelle devant les faits (et non pas devant les grands auteurs, fussent-ils de tout premier plan). Dans cette perspective, on doit censurer énergiquement le culte d'Aristote (penseur remarquable, sans doute, mais nullement infaillible et, d'ailleurs, déformé par ses prétendus disciples) : ses Catégories, ses Analytiques, ses Topiques et ses Réfutations sophistiques souffrent de maintes déficiences. Il faudra aussi se garder de porter des anathèmes à l'égard de qui pense différemment. La manie des disputationes, où les contradicteurs font assaut d'éloquence et de combativité, est d'autre part fort dangereuse, de même que le recours à des ouvrages de seconde main, à des résumés ou à des manuels. L'appétit de lucre constitue l'écueil le plus déplorable : les professeurs font argent de tout et vendent leurs convictions successives. Vives a proposé, en contrepoint, un portrait du parfait humaniste, qui remet toujours en question son savoir et se dévoue au bien public. Commentateur de la Bible, de Philelphe, d'Isocrate, de Cicéron surtout, de Quintilien, d'Hygin, de Lucain, de Virgile, de Suétone et de saint Augustin, le philosophe hispano-flamand a su mettre toute sa culture profane et sacrée au service du vrai et du bien.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Toulouse-Le-Mirail

Classification

Pour citer cet article

Alain GUY. VIVES JUAN LUIS (1492-1540) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ESPAGNE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Jean CASSOU, Corinne CRISTINI, Jean-Pierre RESSOT
    • 13 749 mots
    • 4 médias
    ...L'influence d'Érasme et de son esprit y joua en effet un rôle décisif. On peut symboliser cet humanisme, entre autres figures importantes, dans celle de Juan Luis Vives, qui enseigna à Paris, Louvain, Bruges et Oxford. L'Espagne, comme alors toute l'Europe, a connu la pensée libre. Elle a eu aussi ses ...
  • HÔPITAL (HISTOIRE DE L')

    • Écrit par Robert-Frédéric BRIDGMAN, Universalis
    • 4 224 mots
    • 4 médias
    ...germaniques, des donations en faveur des hôpitaux. Aussi, dans les pays réformés, beaucoup d'hôpitaux passent sous le contrôle de l'État et des municipalités. L'humaniste espagnol Juan Luis Vives (1492-1540) soutient la thèse de la responsabilité de l'État à propos du projet de réforme administrative d'Ypres,...

Voir aussi