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SLIPYJ JOSYP (1892-1984)

Né à Zazdrist, près de Lvov, et ordonné prêtre en 1917, le cardinal Josyp Slipyj (Kobernyckyj-Dyčkowskyj) enseigna la théologie avant d'être nommé, en 1939, coadjuteur du métropolite André Szeptyckyj, chef de l'Église ukrainienne catholique, auquel il succéda le 1er novembre 1944.

À la suite du pacte germano-soviétique, l'U.R.S.S. occupa une première fois l'Ukraine occidentale (1939-1941) ; puis, à la fin de la guerre, elle recomposa l'Ukraine dans ses frontières politiques et ethniques ; mais elle entendait aussi la russifier : ainsi l'Église ukrainienne autocéphale avait-elle été déjà intégrée dans l'Église orthodoxe russe quand, en mars 1946, sous la pression policière, un « synode » de l'Église ukrainienne catholique décida l'« union » avec le patriarcat de Moscou. Auparavant, tous les évêques catholiques avaient été arrêtés et condamnés à diverses peines, dont huit ans de travaux forcés pour le métropolite Slipyj. En 1963, Jean XXIII obtint de Khrouchtchev la libération de ce dernier, après dix-sept ans de goulag. Mgr Willebrands, alors secrétaire du Secrétariat romain pour l'unité des chrétiens, vint le chercher à Moscou pour l'emmener à Rome, cet exil étant la condition de sa libération. Le 23 décembre 1963, le pape Paul VI lui accorde le titre d'archevêque majeur (chef d'Église) et, en 1965, il le nomme cardinal, tout en continuant de lui interdire d'exercer sa juridiction hors d'Ukraine.

Comme le cardinal entendait réunir en synode les évêques ukrainiens de la diaspora et se voir reconnaître le titre de patriarche, dont il s'était attribué lui-même l'usage, il s'ensuivit un conflit avec le Saint-Siège. Sans le reconnaître comme patriarche, Jean-Paul II l'autorisa à réunir le synode ukrainien à Rome en 1980, synode où fut élu, sous la présidence du pape, son coadjuteur avec droit de succession, Mgr M. I. Lubachivsky, qui devait le remplacer effectivement à sa mort, le 7 septembre 1984.

À deux reprises au moins, les tensions entre les sièges de Rome et de Moscou se sont polarisées autour du cardinal Slipyj. Ainsi, dans une lettre du 19 mars 1979 à ce dernier, Jean-Paul II faisait l'éloge de l'union de Brest-Litovsk (1596) et rappelait les exigences de la liberté religieuse. Il entendait probablement par là prendre ses distances, comme pape, par rapport à l'attitude traditionnellement hostile du clergé latin de Pologne à l'égard des Ukrainiens catholiques. Cette lettre souleva les inquiétudes du patriarcat de Moscou, qui demanda des explications à Rome, craignant un affaiblissement des résolutions œcuméniques du deuxième concile du Vatican. Après la dénonciation au synode de novembre 1980, présidé par le cardinal, de la contrainte qu'avait représentée la pseudo-union de 1946, le patriarche de Moscou Pimène écrivit en personne à Jean-Paul II, attirant son attention sur la grave tension ainsi créée : « La déclaration du synode, soulignait-il, pourrait annuler, au sens plein du terme, toutes les grandes réalisations dans la sphère du rapprochement entre nos deux Églises, qui sont les résultats des efforts intenses qui ont eu lieu, de part et d'autre, durant et après le IIe concile du Vatican. »

La réponse du pape fut claire : « Ces textes n'ont pas été approuvés [par moi] et ils sont dépourvus de tout caractère officiel. Pareillement, on a exigé que ces documents ne soient pas publiés ni diffusés. Aucun organe du Saint-Siège n'en a fait mention. » Au mois de juin 1981, le cardinal, dans un communiqué à la presse, déclare notamment : « Nous ne céderons en rien sur les droits de notre Église et de notre peuple ; et en même temps nous nous efforcerons de tout faire pour favoriser un dialogue œcuménique sincère et honnête, qui suppose la reconnaissance et le respect de[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris

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Pour citer cet article

Hervé LEGRAND. SLIPYJ JOSYP (1892-1984) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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