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JEAN SCOT ÉRIGÈNE (810 env.-env. 877)

L'œuvre de Jean Scot dit l'Érigène représente sans doute l'ensemble littéraire, philosophique, exégétique et théologique le plus considérable et le plus élaboré de la pensée occidentale latine entre le vie et le xiie siècle. On y retrouve l'empreinte profonde des auteurs de l'Antiquité profane et surtout celle des Pères de l'Église qui ont le mieux assimilé les thèmes néo-platoniciens, sans que l'essor de la pensée personnelle d'Érigène en ait été aucunement entravé. Si l'ampleur et la vigueur de cette pensée l'imposèrent à l'admiration des contemporains et des générations qui suivirent, en revanche la hardiesse et la « nouveauté » de plusieurs de ses thèses lui valurent plusieurs condamnations des conciles et des papes, soit du vivant de Jean Scot (thèses sur la prédestination), soit plusieurs siècles après sa mort (thèses réputées « panthéistes », reprises par Amaury de Bène et ses disciples au début du xiiie s.).

Un Irlandais sur le continent

Né en Irlande (Hibernia, Scottia, Eriu ; d'où le pléonasme : Scot Érigène) dans le premier quart du ixe siècle, placé avant 847 à la tête de l'école du palais de Charles le Chauve, Jean Scot parfait sur le continent sa formation littéraire, philosophique et théologique. Il y apparaît vite comme une autorité de premier plan. Contre Godescalc d'Orbais et sa doctrine de la double prédestination, il compose le De divina praedestinatione liber (851) ; il écrit les Annotationes in Martianum Capellam (859-860), traduit les œuvres du pseudo-Denys (860-862), les Ambigua de Maxime le Confesseur et le De hominis opificio de Grégoire de Nysse (862-864), les Quaestiones ad Thalassium de Maxime (864-866) et peut-être l'Ancoratus d'Épiphane (traduction non retrouvée). L'œuvre majeure De divisione naturae (Periphyseon) est composée entre 864 et 866. Suivent les Expositiones in ierarchiam (sic) caelestem sancti Dionysii (865-870). L'Homilia sur le Prologue de Jean et le Commentarius (interrompu) sur ce même Évangile sont les derniers écrits de Jean Scot, qui est mort à une date incertaine, après 870. À ces œuvres s'ajoute un ensemble de Versus ou de Carmina d'époques diverses.

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section), honorary member of the Royal Irish Academy, Dublin

Classification

Pour citer cet article

René ROQUES. JEAN SCOT ÉRIGÈNE (810 env.-env. 877) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AVICENNISME LATIN

    • Écrit par Alain de LIBERA
    • 6 601 mots
    ...le titre de Liber Avicennae in primis et secundis substantiis et de fluxu entis, cet ouvrage est un centon de passages empruntés à Denys, Augustin et Jean Scot Érigène, entremêlés aux textes authentiques d'Avicenne. Exposant la doctrine érigénienne des théophanies dans le cadre de la théorie avicennienne...
  • AZRIEL DE GÉRONE (1re moitié XIIIe s.)

    • Écrit par Gabrielle SED-RAJNA
    • 333 mots

    Kabbaliste appartenant au Cénacle des kabbalistes de Gérone, qui était le deuxième après celui de la Provence et était constitué des disciples d'Isaac l'Aveugle. Azriel était le contemporain et, suivant certaines traditions, le gendre de Ezra ben Salomon, kabbaliste lui-même et...

  • CAROLINGIENS

    • Écrit par Robert FOLZ, Carol HEITZ
    • 12 125 mots
    • 7 médias
    ...liturgistes Amalaire et Florus, Loup de Ferrières, dont la correspondance révèle sa qualité de fin lettré. Le nom le plus illustre du siècle demeure celui de Jean Scot (ou l'Érigène, c'est-à-dire l'Irlandais), qui enseigna à l'école palatine de Charles le Chauve ; il est l'auteur du ...
  • IYYUN CERCLE D'

    • Écrit par Gabrielle SED-RAJNA
    • 257 mots

    Expression désignant un ensemble de textes, non de personnes, ces écrits étant tous anonymes. Leurs dénominateurs communs sont leur lieu d'origine (on suppose qu'il s'agit de la Provence ou de la Castille), leur date (fin du xiie s. ou déb. du xiiie s.) et une similarité idéologique...

  • Afficher les 8 références

Voir aussi