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CASSIEN JEAN (350 env.-apr. 432)

Malgré les très nombreuses études qui lui ont été consacrées, Cassien est mal connu. On ne sait si le nom de Jean lui fut donné à son baptême ou quand il devint moine, ni s'il naquit en Dobroudja (Roumanie) ou en Provence. Il est certain que, très jeune, il fut moine à Bethléem. Vers 385 — il devait avoir environ trente-cinq ans —, il partit pour l'Égypte avec un fidèle compagnon, le prêtre Germain, et il y passa une quinzaine d'années à visiter les monastères, alors à leur apogée. Vers 400, il se rendit à Constantinople, où Jean Chrysostome l'ordonna diacre. Durant les persécutions que subit ce grand saint, Cassien se montra son disciple fidèle et reçut de son maître une mission à Rome. Il semble que Cassien revint en Orient et que, vers 415, après une seconde mission à Rome, il s'établit à Marseille. Dans cette ville, il fonda deux monastères, Saint-Victor pour les hommes et Saint-Sauveur pour les femmes. À la demande de Castor, évêque d'Apt, il composa vers 417 les Institutions cénobitiques, où il exposait son expérience des usages monastiques. Il écrivit ensuite ses célèbres Conférences ou Collationes. Il adressa les dix premières à Léonce, évêque de Fréjus, et à un certain Hellade, les sept suivantes à Honorat, abbé de Lérins ; les sept dernières parurent alors qu'Honorat était évêque d'Arles. Sur les instances du futur pape saint Léon Ier, Cassien composa un traité sur l'Incarnation, contre Nestorius, patriarche de Constantinople. Il mourut vers 435. On le fête à Marseille le 23 juillet.

En théologie, Cassien adopta des positions qui le rangèrent parmi les tenants du semi-pélagianisme et lui attirèrent de violentes critiques de la part du fidèle disciple de saint Augustin, Prosper d'Aquitaine. Mais il fit connaître en Occident la vie monastique orientale. Tout en prétendant raconter ses souvenirs d'Égypte, il y a mêlé des réminiscences des moines de Palestine et il a adapté le tout aux possibilités de l'Occident. Par les Institutions et les Conférences, dont le succès fut immense et durable, Cassien tient une place essentielle dans la tradition monastique. La règle de saint Benoît en cite de longs passages, parfois en s'en écartant, le plus souvent en les suivant. Les Conférences ont été lues par toutes les générations de moines depuis le ve siècle. Au Moyen Âge, on avait l'habitude de les lire pendant le repas du soir, qui en reçut le nom de « collation ».

— Jacques DUBOIS

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jacques DUBOIS. CASSIEN JEAN (350 env.-apr. 432) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AUGUSTINISME

    • Écrit par Michel MESLIN, Jeannine QUILLET
    • 5 572 mots
    ...monastique provençal, d'ascètes pour qui les outrances de l'augustinisme semblaient encourager le relâchement des efforts humains pour parvenir à la sainteté. Jean Cassien fut leur porte-parole : formé à l'école du monachisme oriental, il affirmait que Dieu et l'homme, la grâce et le libre arbitre...
  • LATINES (LANGUE ET LITTÉRATURE) - La littérature chrétienne

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 6 307 mots
    • 2 médias
    Après Augustin, sous l'influence du monachisme, les traités consacrés à la vie ascétique deviennent très nombreux : toute l'œuvre de Jean Cassien, les Moralia in Job de Grégoire le Grand, le traité Sur la vie contemplative de Julien Pomère, les petits traités de Martin de Bracara.
  • MONACHISME

    • Écrit par André BAREAU, Guy BUGAULT, Jacques DUBOIS, Henry DUMÉRY, Louis GARDET, Jean GOUILLARD
    • 12 526 mots
    • 3 médias
    Jean Cassien († env. 435), qui fut l'abbé de Saint-Victor de Marseille après avoir visité les monastères de Palestine et d'Égypte, estimait que le monachisme avait commencé avec les Apôtres, à Jérusalem ; puis que, par réaction contre le relâchement des mœurs de la majorité des chrétiens,...

Voir aussi