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ROMÉ DE LISLE JEAN-BAPTISTE-LOUIS (1736-1790)

Naturaliste et cristallographe français, né à Gray, de parents peu fortunés. Il quitte sa famille pour Paris, où il étudie les sciences humaines ; après avoir terminé ses études, il obtient le poste de secrétaire d'une compagnie d'artillerie et de génie en partance pour les Indes. À la bataille de Pondichéry, il est fait prisonnier par les Anglais et, après un long périple qui le conduit jusqu'en Chine, il revient en France en 1764. Il décide alors de se consacrer à l'étude des sciences naturelles, soutenu dans cette entreprise par Balthazar Sage, professeur à l'École des mines de Paris, cadet de quelques années de Romé de Lisle. Grâce à une bourse qui lui est attribuée et le soutien amical de Sage, Romé de Lisle se fait connaître par la publication de La Lettre à Bertrand sur les polypes d'eau douce parue à Paris en 1766. Mais il abandonne rapidement la biologie pour la minéralogie qui est à l'aube de son existence. Il puise ses observations dans la collection de Davila, à l'époque la plus riche en minéraux de tout Paris. Il est accueilli par M. d'Ennery, un riche amateur de médailles qui pourvoit à sa subsistance.

Romé de Lisle est surtout attiré par l'existence des faces planes sur certains échantillons de minéraux qu'il mesure et décrit soigneusement. Ces observations lui permettent de découvrir la loi de la constance des angles (connue également sous le nom de la loi de Romé de Lisle) qui stipule que, pour une même espèce minérale, les angles dièdres que font entre elles les faces correspondantes d'un même polyèdre ou ceux que fait l'une d'elles avec les faces d'un autre polyèdre, sont constants.

Romé de Lisle a énoncé pour la première fois cette loi dans son Essai de cristallographie publié en 1772. Malheureusement cet ouvrage que Carl von Linné considère comme l'un des meilleurs traités de minéralogie parus au xviiie siècle, n'a eu que peu d'échos en France. Traduit en allemand en 1777, ce travail lui procure l'estime de plusieurs naturalistes étrangers.

En 1772, Romé de Lisle crée un cours de minéralogie qui est de plus en plus fréquenté. De nombreux échantillons, apportés par ses élèves, enrichissent sa propre collection dont l'étude fait l'objet de la Description méthodique d'une collection de minéraux (Paris, 1773). En 1779, il publie une critique modérée de la Théorie de la Terre de Buffon, intitulée L'Action du feu central bannie de la surface de la Terre, et le Soleil rétabli dans ses droits.

Sollicité par ses amis, il se présente, en 1780, pour une place vacante à l'Académie des sciences avec son Essai de cristallographie et son mémoire Sur les altérations qui surviennent à différentes mines métalliques et particulièrement à la pyrite martiale. Malheureusement, il n'est pas reçu et cet échec l'affectera jusqu'à la fin de sa vie. En 1783 paraît sa Cristallographie, ou Description des formes propres à tous les corps du règne minéral dans l'état de combinaison saline, pierreuse ou métallique. C'est un ouvrage majeur, aussi avancé que l'état des connaissances en minéralogie à l'époque le permettait, dans lequel la loi de la constance des angles est exprimée d'une manière plus précise. Romé de Lisle pose, à juste titre, la question si d'autres propriétés physiques, telles que dureté ou poids spécifique, peuvent être caractéristiques d'une espèce minérale. Il résume ses observations dans l'article Des caractères extérieurs des minéraux, publié en 1785. Cette même année, une pension de six cents livres lui est accordée ; c'est son seul revenu après la mort de M. d'Ennery. Étant l'exécutaire testamentaire de son bienfaiteur, Romé de Lisle abandonne la minéralogie pour entreprendre une description de sa collection de médailles. Sa[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, directeur scientifique au Bureau de recherches géologiques et minières (B.R.G.M.), Orléans

Classification

Pour citer cet article

Zdenek JOHAN. ROMÉ DE LISLE JEAN-BAPTISTE-LOUIS (1736-1790) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CRISTAUX

    • Écrit par Marc AUDIER, Michel DUNEAU
    • 7 291 mots
    • 2 médias
    ...cristaux avec un microscope de sa fabrication et imagine que leurs formes régulières découlent de trois ou quatre empilements élémentaires de sphères. Jean-Baptiste Romé de Lisle (1736-1790) se consacre à l'étude d'une collection de minéraux. Il utilise un goniomètre, fabriqué à sa demande,...

Voir aussi