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BAECHLER JEAN (1937-2022)

Le sociologue français Jean Baechler est né le 28 mars 1937 à Thionville (Moselle). Agrégé d’histoire mais témoignant, dès l’adolescence, d’une forte propension pour la philosophie avant d’opter professionnellement pour la sociologie, il est l’auteur d’une œuvre monumentale articulant une théorie générale de l’homme et une sociologie historique comparée des sociétés humaines. L’interrogation maîtresse de celle-ci est de montrer comment, sur différentes plaques civilisationnelles, les virtualités humaines – pensables comme universelles – se sont effectivement actualisées sous la contrainte de facteurs pluriels, historiquement et sociologiquement explicables.

À l’Académie des sciences morales et politiques

Jean Baechler a été professeur d’histoire-géographie au lycée du Mans (1962-1966), avant de rencontrer Raymond Aron et d’être chargé de cours de sociologie à la Sorbonne (1966-1969) et de conférences de sociologie (1968-1986) à l’École pratique des hautes études – qui deviendra, en 1975, l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il fut également attaché (1966), puis chargé de recherche (1969), et enfin directeur de recherche (1977-1988) au CNRS.

En 1975, sous la direction de Raymond Aron, Jean Baechler soutient une thèse de doctorat, Les Suicides, dont on peut dire qu’elle fera date. À partir d’une conception « stratégique » de l’action dont il ne se départira plus, il dégage douze sens typiques du suicide, en forme d’histoire universelle des « problèmes » existentiels rencontrés par les individus recourant au suicide comme à une possible « solution ». Il analyse ainsi conjointement les conditions socio-historiques favorables au suicide et les décisions de sens des suicidés. La multiplicité des situations est rapportée à un nombre limité de sens typiques motivant l’acte suicidaire. On y a vu parfois, à tort, une critique en règle des thèses de Durkheim sur les courants suicidogènes sans sujet, là où Jean Baechler ne souhaitait qu’enrichir les percées inaugurales de la sociologie classique autour de 1900, en articulant sens typique des acteurs microsociologiques et circonstances macrosociologiques de ces passages à l’acte.

En 1988, Jean Baechler quitte le CNRS pour occuper la chaire de sociologie historique à la Sorbonne (Paris-IV). Il y enseigne jusqu’en 2006 et donne alors forme systématique à son anthropologie générale et sa sociologie historique comparée. Il est élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1999 et la préside en 2011.

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Écrit par

  • : chargé de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Paris

Classification

Pour citer cet article

Alexandre ESCUDIER. BAECHLER JEAN (1937-2022) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NATURE ET HISTOIRE (J. Baechler) - Fiche de lecture

    • Écrit par Pierre DEMEULENAERE
    • 1 055 mots

    Sous le titre de Nature et histoire, cet ouvrage (PUF) de Jean Baechler est important par sa visée qui prend forme en un peu plus de mille pages. Il s'agit, en effet, de rendre intelligible l'« aventure » de l'espèce humaine, à partir de ses caractéristiques propres. Plus précisément, l'objectif...

  • ELIAS NORBERT (1897-1990)

    • Écrit par Alain GARRIGOU
    • 1 797 mots
    • 1 média
    ...Société de cour, trente-cinq ans après sa rédaction, et rééditaient le livre oublié sur le processus de civilisation. Sous l'égide du sociologue Jean Baechler, la première traduction était publiée en France où elle connaissait son premier succès public. Des historiens consacrèrent en effet des comptes...
  • LIBÉRALISME

    • Écrit par Francis BALLE
    • 6 823 mots
    • 1 média
    ...l'extérieur. Le Mal est sans aucun doute possible le problème fondamental de l'existence humaine, et il déborde le champ couvert par l'« idéologie ». Selon Baechler, le libéralisme donne à cette question une réponse sans ambiguïté : « En chaque homme, il y a un tyran sanguinaire et un ange de bonté [...],...

Voir aussi