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AMROUCHE JEAN (1906-1962)

Jean el-Mouhouv Amrouche est né à Ighil-Ali (Petite Kabylie). Peu de temps après sa naissance, sa famille, christianisée et francisée, émigre à Tunis. Après des études au collège Alaoui de cette ville, Jean Amrouche est reçu à l'École normale supérieure de Saint-Cloud ; il devient ensuite professeur à Sousse, puis à Bône et à Tunis.

De 1934 à 1939, il collabore aux Cahiers de Barbarie (par des études et par des poèmes, notamment « Cendres », 1934 ; « Étoile secrète », 1937) ; producteur à Alger de la Radiodiffusion française (1944), il est, à partir de 1945, nommé à Paris rédacteur en chef de la revue L'Arche. Il réalise sur la chaîne nationale des entretiens avec des écrivains (Claudel, Gide, Giono, Jouhandeau, Mauriac...) et assure une émission hebdomadaire « Des idées et des hommes » ; en 1958, il est nommé rédacteur en chef du journal parlé mais révoqué en 1959 en raison de ses prises de position politiques : il se veut lien vivant entre le F.L.N. et la France et fidèle à ses deux patries. Il meurt quelques mois après sa réintégration à la Radio (1962), mais sans avoir assisté à l'indépendance de l'Algérie.

Hybride culturel, pris dans le « double étau de fidélités antagonistes », Jean Amrouche s'est épuisé à réconcilier en lui deux traditions. Possédant le génie de l'alternance, tantôt il interprète son peuple d'origine, tantôt il découvre des « intercesseurs » chez les grands écrivains français. Il donne une traduction française des Chants berbères de Kabylie, recueillis de la bouche de sa mère et, dans « L'Éternel Jugurtha » (L'Arche, t. XIII, févr. 1946), il dresse le portrait contrasté (son autoportrait ?) du Maghrébin moderne.

Parmi les nombreux textes donnés à des journaux français, on retiendra notamment « La France comme mythe et comme réalité » (Le Monde, 11 janv. 1958) où il dénonce la mystification coloniale.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. AMROUCHE JEAN (1906-1962) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BERBÈRES

    • Écrit par Salem CHAKER, Lionel GALAND, Paulette GALAND-PERNET
    • 7 639 mots
    ...France, dès la fin des années 1930, les publics cultivés se sont ouverts au « génie africain » symbolisé par Jugurtha grâce à l'engagement de l'écrivain Jean Amrouche (1906-1962). Si la langue n'est pas le berbère, les thèmes de ses œuvres n'en appartiennent pas moins aux thèmes traditionnels qui subsistent...
  • KABYLES

    • Écrit par M'Barek REDJALA, Bouziane SEMMOUD
    • 6 322 mots
    • 1 média
    ...eut plus de publication notable. Les quelques rares personnes qui s'intéressèrent à la poésie kabyle se contentèrent d'offrir des traductions sans jamais les faire accompagner du texte dont ils ne possédaient pas les... manuscrits. Ce fut le cas de Jean Amrouche en 1939 et de Pierre Savignac en 1964.
  • MAGHREB - Littératures maghrébines

    • Écrit par Jamel Eddine BENCHEIKH, Christiane CHAULET ACHOUR, André MANDOUZE
    • 14 200 mots
    • 3 médias
    ...de Abdelkader Hadj Hamou (1891-1953), Chukri Khodja (1891-1967), Mohammed Ould Cheikh (1905-1938), Aly El Hammamy (1902-1949), Rabah Zenati (1877-1952), Djamila Debêche (1926-2010) et Marie-Louise-Taos Amrouche (1913-1976).Rappelons l’appartenance singulière de Jean Amrouche à cette génération.
  • POSTCOLONIALES FRANCOPHONES (LITTÉRATURES)

    • Écrit par Jean-Marc MOURA
    • 4 972 mots
    • 6 médias
    ..., 1939 pour la première version). Les écrivains des colonies françaises se trouvent alors confrontés au sentiment d'une perte d'identité. Jean Amrouche (1906-1962), né dans l'une des rares familles algériennes converties au christianisme, trace dans son essai L'Éternel Jugurtha...

Voir aussi