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COOPER JAMES FENIMORE (1789-1851)

Les grands thèmes

La frontière

La série des « Bas de cuir » comprend, dans cet ordre, The Deerslayer (Le Tueur de daims, 1841), The Last of the Mohicans (Le Dernier des Mohicans, 1826), The Pathfinder (Le Guide, 1840), The Pioneers (Les Pionniers, 1823), et The Prairie (La Prairie, 1827). Elle met en scène, au rythme palpitant des captures, des poursuites et des évasions, le pionnier Natty Bumppo (alias Bas de cuir), qui est un Blanc élevé chez les bons Indiens Delaware, et opposé aux cruels Iroquois. De par sa race, Bas de cuir est allié aux colons européens, dont il facilite l'implantation, mais sans admirer leur mode de vie, auquel il préfère la solitude des forêts primitives et la société naturellement harmonieuse des Indiens. Cette épopée des rivalités entre Anglais et Français sur le nouveau continent ne manque pas de pittoresque, même si l'auteur affectionne le mélodrame. Le critique moderne y trouvera volontiers un mythe archétypal, celui du héros sacrificiel qui aide à l'installation d'une civilisation moralement inférieure et qui en sera la victime au même titre que les indigènes.

La mer

Le thème de la poursuite et des aventures en série revient dans les romans maritimes de Cooper. Le Pilote a établi le genre que Melville devait illustrer. Ce sont des histoires hautes en couleur – piraterie, espionnage, chasse au trésor. Éléments romanesques assez conventionnels, sans doute, mais relevés par une profonde sympathie pour le sujet, qui inspire à l'auteur de mémorables portraits et une peinture convaincante de la vie nautique. Une monumentale histoire de la marine américaine (1839) confirme le sérieux des sources auxquelles a puisé l'écrivain.

La critique sociale et politique

Elle s'exprime dans des œuvres polémiques telles que Notions of the Americans ou The American Democrat (Le Démocrate américain, 1838), et plus souvent dans des romans qui, sous une forme symbolique ou allégorique, annoncent les opinions de l'auteur. Hobereau querelleur et infatigable chicaneau, Cooper a cependant su s'élever au-dessus de ses démêlés privés pour en dégager la signification générale. Parce qu'il était imbu de sa classe et soupçonneux envers le peuple, il a lutté contre l'invasion du mercantilisme et la médiocrité culturelle du monde jacksonien ; il n'a cessé de défendre les droits de la propriété foncière et la valeur sacro-sainte des contrats ; tels sont les thèmes qui se retrouvent dans Homeward Bound et Home as Found (Retour au pays, 1838) ou dans la trilogie : Satanstoe, The Chainbearer (Le Porte-Chaîne), The Redskins (Les Peaux-Rouges, 1845-1846). Il est évident que son long séjour en Europe a encouragé chez Cooper une attitude aristocratique qui l'a fait détester de ses compatriotes. Par sa critique virulente de la démocratie américaine, il annonce un pamphlétaire comme H. L. Mencken (1880-1956).

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur d'américain à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Guy Jean FORGUE. COOPER JAMES FENIMORE (1789-1851) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Marc CHÉNETIER, Rachel ERTEL, Yves-Charles GRANDJEAT, Jean-Pierre MARTIN, Pierre-Yves PÉTILLON, Bernard POLI, Claudine RAYNAUD, Jacques ROUBAUD
    • 40 118 mots
    • 25 médias
    Mystère de l'homme de couleur d'abord. James Fenimore Cooper (1789-1851), dont les personnages évoluent aux confins de l'État de New York, exprime l'affrontement de l'homme « civilisé » et du « sauvage ». Termes ambigus, car le conquérant blanc est souvent plus sauvage que le Peau-Rouge. Son...
  • L'ENNEMI AMÉRICAIN (P. Roger) - Fiche de lecture

    • Écrit par Éric FASSIN
    • 1 074 mots

    Dans La Prairie américaine de James Fenimore Cooper, en 1827, on débat volontiers d'histoire naturelle : Bas-de-Cuir se gausse de l'ignorance d'un docte pédant, pour lui préférer la science pratique de son chien. Invoque-t-on Buffon ? Dans sa simplicité qui est une forme de lucidité, le trappeur...

  • ROMAN D'AVENTURES

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 3 878 mots
    • 9 médias
    ...les années 1850, on voit ainsi apparaître les premiers auteurs de romans ainsi identifiés : Gabriel Ferry, Gustave Aimard, le capitaine Mayne Reid. Tous sont alors considérés comme des émules de James Fenimore Cooper (1789-1851). Mais Cooper lui-même avait d’abord été considéré à son époque comme un...

Voir aussi