Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ENSOR JAMES (1860-1949)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Les thèmes

<it>L'Intrigue</it>, J. Ensor - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

L'Intrigue, J. Ensor

C'est dans le contexte du symbolisme que se comprennent le mieux les grands thèmes ensoriens : le masque, le Christ, le squelette, l'autoportrait ; mais leur portée dépasse les limites historiques d'un mouvement littéraire et artistique tout en adhérant étroitement à la subjectivité de l'artiste. Éros – les problèmes sexuels d'Ensor – et Thanatos – la terreur et la fascination de la mort dont Ensor est la proie – imprègnent tout l'œuvre. Le masque, d'abord ornement, ne tarde pas à devenir humain. Être dérisoire et terrifiant, il modifie les limites de l'individu et fait régner l'ambiguïté. Des Masques scandalisés (1883) aux Masques singuliers (1891), en passant par l'Étonnement du masque Wouse (1889), La Vieille aux masques et le Peintre entouré de masques, on en vient aux masques de chair des Péchés capitaux et des Bons Juges. Un tournant psychologique capital est indiqué dans une série de dessins, Les Auréoles du Christ ou les Sensibilités de la lumière (1885-1886). La figure mythique du Christ correspond au moi idéal ensorien. L'Entrée du Christ à Jérusalem (dessin) mène à L'Entrée du Christ à Bruxelles (1888), l'œuvre la plus retentissante d'Ensor, bouffonnerie ubuesque, mais aussi allégorie symboliste et manifeste de la peinture moderne. Quant aux squelettes, qui trahissent l'obsession de la mort, ils se mêlent aux masques, ils se font démons pour tourmenter le Crucifié, ils se juxtaposent aux autoportraits, mais ils sont aussi des parias misérables autour d'un poêle éteint (Squelettes voulant se chauffer autour d'un poêle, 1889). Les sujets satiriques et fantaisistes sont également légion. Des tableaux charges s'en prennent aux critiques d'art, aux médecins, aux gendarmes, avec une hargne grossière, presque triviale. En vieillissant, Ensor sera tenté par le théâtre et composera la musique, les costumes et les décors d'un opéra-ballet, La Gamme d'amour. Tout au long de sa vie, il fut aussi paysagiste, peintre de la mer et des dunes. Paradoxalement, ses plus beaux paysages luministes sont des eaux-fortes. Son œuvre gravé compte d'ailleurs cent trente-trois planches, à propos desquelles on peut évoquer Callot et Goya.

— Francine-Claire LEGRAND

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Francine-Claire LEGRAND. ENSOR JAMES (1860-1949) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

<it>L'Intrigue</it>, J. Ensor - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

L'Intrigue, J. Ensor

Autres références

  • BELGE JEUNE PEINTURE

    • Écrit par
    • 338 mots

    Groupe fondé à Bruxelles, sous la présidence d'honneur de James Ensor et à l'initiative de Robert L. Delevoy, animateur depuis 1942 des salons « Apport » pour lesquels il installa, en 1944-1945, un jury qui devait constituer le noyau administratif de l'association Jeune Peinture belge....

  • SPILLIAERT LÉON (1881-1946)

    • Écrit par
    • 1 856 mots
    • 1 média
    Ainsi en va-t-il de ces deux artistes qui eurent une influence déterminante sur Spilliaert : James Ensor, dont l'œuvre de maturité n'est que la version aplatie, affaiblie et répétée de ses premières réussites, Maeterlinck, qui, après le très recueilli Trésor des humbles (1896) et...