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COUSTEAU JACQUES-YVES (1910-1997)

La conscience écologique

Jacques-Yves Cousteau profite de ce vent favorable et entame une sorte d'exploration systématique des mers du monde. Il conduit des missions, pour partie consacrées à la science (avec de nombreux spécialistes invités, dans toutes les disciplines de l'océanographie) et pour partie vouées au cinéma. Les diverses sociétés qu'il crée – le G.E.R.S. (Groupe d'études et de recherches sous-marines), puis le C.E.M.A. (Centre d'études marines avancées) et Les Requins associés – lui permettent, avec des ingénieurs, de mettre au point toutes sortes d'engins de prises de vues (caméras de cinéma ou de télévision, appareils photographiques) et de plongée (combinaisons, scaphandres, etc.). Il ordonne, en 1959, la réalisation d'un submersible « de poche » à deux places, la soucoupe plongeante S.P. 350, pouvant atteindre 350 mètres de profondeur. Il fait construire deux autres mini-sous-marins (monoplaces), les « puces de mer ». Convaincu que notre espèce colonisera un jour les fonds océaniques, du moins le plateau continental, il dirige d'ambitieuses expériences de maisons sous la mer : Précontinent-1, 2 et 3, respectivement près de Marseille, en mer Rouge et près de Villefranche-sur-Mer, en 1962, 1963 et 1965, qui permettent de tester de nouveaux mélanges respiratoires. Lors de la dernière expérience, six hommes vivront durant un mois à 100 mètres de profondeur.

Cousteau réalise un deuxième long-métrage, consacré à Précontinent, qu'il intitule Le Monde sans soleil (1965). À partir de cette époque, c'est vers la télévision qu'il se tourne : un choix délibéré, pour mieux toucher le grand public et le convaincre d'agir. Les destructions du milieu aquatique dont l'homme se rend responsable deviennent préoccupantes. Le temps de la prise de conscience écologique est arrivé.

De 1967 à 1985, la Calypso parcourt le monde, récoltant une moisson de documents cinématographiques, telles les « 52 minutes » de la série L'Odyssée sous-marine de l'équipe Cousteau, qui font un triomphe. Ce succès mondial permet à Jacques-Yves Cousteau de se lancer dans de nouvelles aventures. Les plus étonnantes le conduisent dans l'Antarctique (1972-1973, où il tourne un nouveau long-métrage : Le Voyage au bout du monde), en mer Méditerranée pour des recherches archéologiques dans les eaux grecques (1976), sur le Nil (1977), sur le Saint-Laurent et les Grands Lacs (1980), en Amazonie (1982-1983), sur le Mississippi, puis dans un immense périple de « Redécouverte du monde » (1985-1996), où il réexplore – deux siècles après Cook, Bougainville et Lapérouse – l'océan Pacifique, de la Polynésie et de la Nouvelle-Zélande à la Grande Barrière de corail australienne, au détroit de Béring, au Japon, aux Philippines, à l'Indonésie et à l'Indochine.

La Calypso est assistée, dans ses missions récentes, par une « petite sœur », l'Alcyone, un bateau expérimental propulsé par deux « turbovoiles », système mis au point en 1982 par le professeur Lucien Malavard et testé en 1983 sur une plate-forme appelée Moulin-à-Vent. Cousteau tenait à montrer que sa préoccupation pour l'environnement n'était pas que de dénonciation, mais comportait des actions positives – comme celle qui consiste à innover dans le domaine des énergies renouvelables. Le « pacha » devient la figure emblématique de tous les combats pour la préservation des écosystèmes menacés. The Cousteau Society (États-Unis, 1973), la fondation Cousteau (France, 1981, rebaptisée Équipe Cousteau en 1992) mobilisent l'opinion sur de grands thèmes : empêcher, par exemple, les grandes compagnies minières d'aller souiller l'Antarctique ; ou faire adopter par l'Organisation des Nations unies une solennelle déclaration des droits des générations[...]

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Pour citer cet article

Yves PACCALET. COUSTEAU JACQUES-YVES (1910-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jacques-Yves Cousteau - crédits : ABC Photo Archives/ ABC/ Getty Images

Jacques-Yves Cousteau

Autres références

  • LE MONDE DU SILENCE, film de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle

    • Écrit par Laurent JULLIER
    • 929 mots

    Palme d'or au festival de Cannes 1956, oscar du meilleur documentaire à Hollywood en 1957, prix du Syndicat des critiques de films français la même année, Le Monde du silence contient déjà la formule magique qui fera le succès des séries télévisées mondialement connues du commandant Cousteau...

  • ARCHÉOLOGIE SOUS-MARINE

    • Écrit par Patrice POMEY, André TCHERNIA
    • 8 399 mots
    • 5 médias
    ...suceuse manœuvrée par des plongeurs autonomes s'était ouverte en 1952 avec la fouille organisée au Grand-Congloué dans la rade de Marseille par F. Benoît et J. Y. Cousteau. En cinq ans, deux mille amphores et plus de six mille pièces de céramique « campanienne » à vernis noir, ainsi que d'importants fragments...
  • MALLE LOUIS (1932-1995)

    • Écrit par Claude BEYLIE
    • 1 197 mots
    • 1 média

    Louis Malle est né en 1932, dans une famille de la grande bourgeoisie du Nord. Sa mère est une Béghin, son père, ancien officier de marine, est directeur de l'usine de sucre de Thumeries. Ici, on est patriote par lucidité, mais opportuniste par prudence, d'où certaines fluctuations idéologiques que...

Voir aussi