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INTERNATIONALE SYNDICALE ROUGE

La scission syndicale n'a jamais été un objectif stratégique de l'Internationale communiste. Et cependant, du 3 au 19 juillet 1921, se tient à Moscou le congrès constitutif de l'Internationale syndicale rouge. Le schisme était certes prévisible, mais les bolcheviks avaient souvent pensé, dans un premier temps, regrouper partis et syndicats dans une même internationale, comme cela s'était produit en fait depuis les conférences de Zimmerwald et de Kienthal en 1915 et en 1916. Par ailleurs, l'Internationale communiste ne pouvait tolérer la politique, qualifiée de « collaboration de classe », de la Fédération syndicale internationale dans les organismes internationaux, telles la Société des Nations et l'Organisation internationale du travail. Aussi, au IIe congrès de l'Internationale communiste, des syndicalistes russes, italiens, français, espagnols, bulgares, yougoslaves, publiaient une déclaration qui, dénonçant la pseudo-neutralité syndicale (l'apolitisme) et la pratique réformiste des dirigeants de la Fédération syndicale internationale, appelait les révolutionnaires à militer dans les syndicats réformistes, à refuser toute pratique scissionniste, et créaient un Comité d'action et de lutte internationale pour la transformation dans ce sens du mouvement syndical. Le raidissement des dirigeants réformistes ne pouvait qu'accentuer la tendance à la création d'une internationale regroupant les militants syndicaux révolutionnaires.

Le congrès constitutif de l'Internationale syndicale rouge se donne donc un programme marxiste de lutte de classe et de dénonciation du réformisme. Il axe son effort vers la coordination et l'unification des syndicats révolutionnaires existants et des minorités syndicales. Il établit une liaison très étroite avec l'Internationale communiste, liaison « pratique et organique », mais affirme toujours son refus de la scission systématique : « Non pas détruire les syndicats existants, mais les conquérir. » Pour cela, l'Internationale syndicale rouge préconise le syndicat d'industrie contre le syndicat de métier, la création de comités ouvriers dans chaque entreprise, le contrôle ouvrier ; enfin, l'Internationale définit son action auprès des peuples colonisés : « Transformer la haine de race en haine de classe. »

La réaction des dirigeants réformistes ne se fait pas attendre. En France, les communistes sont contraints de quitter la C.G.T. pour fonder la C.G.T.U. (unitaire). Le IIe congrès de Moscou, en 1922, précise la liaison entre les syndicats rouges et le communisme, et dénonce l'anarchisme et l'apolitisme. Une forte minorité est en faveur d'une plus grande indépendance du syndicat : les Allemands, les Italiens, les Suédois et les Hollandais. Une concession est faite, dans la résolution adoptée, aux syndicalistes révolutionnaires français : les accords avec l'Internationale communiste seront « seulement circonstanciels ». En fait, l'évolution de l'Internationale syndicale rouge est pratiquement identique à celle de l'Internationale communiste. Les syndicalistes révolutionnaires quittent peu à peu l'Internationale et rejoignent en grande partie la Fédération syndicale internationale ou, pour certains, l'Association internationale des travailleurs constituée à Berlin en 1921 par l'ultragauche allemande.

L'action essentielle de l'Internationale syndicale rouge est l'organisation de la solidarité et du soutien aux grandes grèves ouvrières. Ainsi, lors de la grève des mineurs anglais en 1927, elle organise des collectes et des manifestations internationales et soutient, après l'appel à la reprise du travail par les dirigeants réformistes, les mineurs qui refusent d'obéir. Mais c'est surtout dans l'aide qu'elle apporte aux travailleurs des pays coloniaux[...]

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Paul CLAUDEL. INTERNATIONALE SYNDICALE ROUGE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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