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IGNACE DE LOYOLA saint (1491-1556)

Ignace de Loyola - crédits : Iberfoto/ Bridgeman Images

Ignace de Loyola

Pour comprendre l'importance passée et présente de l'ordre de la Compagnie de Jésus (cf. jésuites), il nécessaire de connaître la personnalité et l'œuvre de son fondateur, Ignace de Loyola, qui fut à la fois un mystique et un homme d'action. Par là, il a marqué fortement non seulement ses premiers compagnons mais, de son temps même et au cours des siècles suivants, des hommes très nombreux et souvent influents. Par le gouvernement de son ordre et par ses écrits, en premier lieu les Exercices spirituels et les Constitutions, il a façonné un ordre fort et original, qui fait encore aujourd'hui la preuve de son dynamisme.

Le chevalier devenu clerc

La vie d'Ignace de Loyola se divise en trois grandes périodes. Né en 1491, dans le manoir familial proche de la petite ville d'Azpeitia, ce fils de hobereaux basques est, pendant trente ans, jusqu'à sa blessure lors du siège de Pampelune en 1521, un jeune noble comme tant d'autres, « adonné aux vanités du monde, avec un grand et vain désir d'y gagner de l'honneur ». Sa convalescence est marquée par une « conversion ». Pendant treize ans, Ignace devient une sorte de « pèlerin de Dieu ». Il vit en ermite à Manresa (1522-1523) et y commence la rédaction des Exercices spirituels, se rend à Jérusalem (1523), fréquente successivement les universités d'Alcalá, de Salamanque et de Paris. Dans cette ville, il réunit autour de lui quelques étudiants de valeur, le Savoyard Pierre Favre, le Navarrais François-Xavier, Jacques Laínez... Les nouveaux amis décident de ne plus se séparer. Par le vœu de Montmartre (15 août 1534), les membres du groupe s'engagent à la pauvreté, à la chasteté, et à partir dès que possible à Jérusalem pour y convertir les infidèles. Si le voyage se révèle impossible, ils se mettront à la disposition du pape. Dès lors se dessinent la figure et la carrière du fondateur d'ordre. Ordonné prêtre à Venise en juin 1537, Ignace célèbre sa première messe à Noël 1538 dans la basilique romaine de Sainte-Marie-Majeure. L'année suivante, il rédige la Formula instituti, première ébauche des constitutions définitives de la Compagnie. La création de celle-ci est acceptée par Paul III en septembre 1540 et, sept mois après, Ignace est élu général à l'unanimité. Lorsqu'il meurt en 1556, l'ordre s'étend déjà sur douze « provinces », compte soixante-douze résidences, soixante-dix-neuf maisons et collèges, et un millier de membres.

Les jugements d'Edgar Quinet sur saint Ignace, reflétant un état d'esprit largement répandu au xixe siècle, sont restés célèbres. Évoquant « cette vie puissante où la chevalerie, l'extase, le calcul dominent tour à tour », il affirmait : « Il y a en lui du saint François d'Assise et du Machiavel. » L'historiographie actuelle est revenue à plus de compréhension à l'égard du fondateur des Jésuites, qu'il s'agit moins de juger que d'expliquer.

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Écrit par

  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Jean DELUMEAU et Universalis. IGNACE DE LOYOLA saint (1491-1556) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FONDATION DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS

    • Écrit par Jean-Urbain COMBY
    • 210 mots
    • 1 média

    La Compagnie de Jésus s'inscrit dans le mouvement de fondation des sociétés de clercs réguliers qui associent l'apostolat de tous les jours à la régularité de la vie religieuse encadrée par des vœux mais sans les obligations de la vie conventuelle. Ignace de Loyola transcrit son...

  • JÉSUITES ou COMPAGNIE DE JÉSUS

    • Écrit par Jean DELUMEAU, Universalis
    • 4 390 mots
    • 1 média
    ...péjorative. Appeler quelqu'un jesuita équivalait à le traiter de « faux Jésus », donc d'hypocrite. Quatre ans après la création de l'institut d'Ignace de Loyola, Canisius écrivait qu'en Allemagne lui-même et ses disciples étaient qualifiés de « jésuites » dans un esprit de médisance. Le...
  • MISSIONS

    • Écrit par Jean BAUBÉROT, Henry DUMÉRY, Antonin-Marcel HENRY, Anastasios YANNOULATOS
    • 17 266 mots
    • 6 médias
    ...xviie siècles, les monarchies européennes renforcent leurs caractères centralisateurs et absolutistes. L' obéissance devient une vertu clé : Ignace de Loyola en particulier et d'autres avec lui insistent sur la totale disponibilité des sujets au bon plaisir des supérieurs qui les envoient ;...
  • ORDRES RELIGIEUX

    • Écrit par André DUVAL
    • 3 241 mots
    ...d'érasmisme dans les premières démarches de son fondateur n'est pas étrangère aux difficultés rencontrées par la Compagnie de Jésus naissante. En fait, Ignace de Loyola se veut d'autant plus traditionnel qu'il se sent novateur. Si l'attachement personnel à Jésus-Christ Sauveur est au cœur de son charisme,...

Voir aussi