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HYSTÉRIE (histoire du concept)

Personnalité hystérique

On appelle personnalité hystérique un type de personnalité caractérisée cliniquement par les traits suivants : égocentrisme, histrionisme, labilité émotionnelle, pauvreté et facticité des affects, érotisation des rapports sociaux, frigidité sexuelle, dépendance affective.

L'histrionisme est le trait qui frappe dès l'abord ; tout est mis en œuvre pour attirer l'attention, plaire et séduire. L'hystérique ne craint rien davantage que de passer inaperçue et, dans son besoin de paraître, utilise les procédés et artifices habituels au monde du spectacle. Afficher un personnage, jouer un rôle, répond pour l'hystérique à une nécessité impérieuse, celle d'éviter une rencontre authentique avec autrui. Derrière les déguisements qui la masquent, à travers la multiplicité des personnages qu'elle emprunte, la personne de l'hystérique ne se laisse pas connaître. C'est parce qu'elle n'a pu se forger une histoire qui lui soit authentiquement personnelle, ni une identité qui lui soit propre que l'hystérique est amenée à vivre par substitution l'existence d'autrui. Rien n'est pire pour l'hystérique que la rupture de cette relation à l'autre de laquelle lui vient le sentiment d'existence : elle est alors renvoyée à une solitude insupportable dont elle cherche à se sortir en s'engageant dans une nouvelle relation aussi totalement et aussi frénétiquement que dans la précédente. Cela explique l'impression de versatilité et d'insincérité qu'elle donne généralement, encore qu'elle proteste de l'authenticité de ses sentiments, et, dans l'instant, elle a raison.

Le comportement de séduction qui caractérise la femme hystérique lui donne une valorisation narcissique permanente tout en lui permettant de se maintenir à distance. Elle affiche une hyperféminité qui lui permet de se cacher à elle-même et de dissimuler à autrui son absence réelle de féminité, son refus profond d'être une femme. Les attitudes de coquetterie, les invites, autant de feintes propres à dérouter « l'adversaire » que laisse désarçonné un retrait ou une fuite dont elle se glorifie. « Qu'elle nie en bloc tout besoin de l'homme, ou qu'elle démontre dans un couple pathologique l'incapacité de son partenaire à la faire jouir, l'hystérique se présente comme celle qui sera toujours « déçue », qui contestera toujours à l'homme sa capacité de la combler, c'est-à-dire sa virilité » (Israël et Gurfein).

C'est essentiellement contre la peur de la castration que sont orientés les mécanismes de défense dont le plus fondamental est ici le refoulement. Les difficultés de résolution du complexe d'Œdipe ont laissé une ambiguïté dans l'identification au père ou à la mère. Les tendances à l'identification féminine chez l'homme, à l'identification masculine chez la femme, sont fortement refoulées, mais restent très actives, entraînant les troubles constants de la sexualité.

Sans pouvoir élucider complètement les relations existant entre symptômes hystériques et personnalité hystérique, on peut affirmer qu'il existe une certaine concordance entre les deux, mais non une superposition absolue. On trouve des personnalités hystériques chez qui la somatisation est modérée ou transitoire, restant du domaine de l'asthénie, des algies, des céphalées ; les troubles du caractère et de la sexualité domineront la scène. À l'inverse on observe des accidents de conversion hystérique chez des sujets n'ayant pas une personnalité hystérique de base ; les faits de guerre, les épidémies d'hystérie sont là pour le démontrer. En outre, les études de Chodoff, de Stephens, de Ljungberg mettent en évidence l'existence fréquente chez les hystériques de conversion d'un autre type de personnalité, la[...]

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Thérèse LEMPÉRIÈRE. HYSTÉRIE (histoire du concept) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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