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HI RECORDS

Au début des années 1970, la succession de styles musicaux nés du brassage ethnique de Memphis (Tennessee) et forgés par des musiciens aux influences multiples – allant des productions de Sun Records à celles de Stax/Volt et des American Sound Studios de Chips Moman – connut un brutal coup d'arrêt. Cette rupture résultait en grande partie de la dégradation urbaine ambiante et de l'assassinat de Martin Luther King, le 4 avril 1968, à Memphis, qui fit voler en éclats tout sentiment de cohésion au sein de la communauté. Willie Mitchell créa alors chez Hi Records un nouveau style de soul avec le chanteur Al Green. Ce label discographique, né vers la fin des années 1950, avait déjà sorti des tubes majeurs interprétés par Bill Black, ancien bassiste d'Elvis Presley, et par Willie Mitchell lui-même, ancien chef d'orchestre de jazz devenu directeur artistique de la firme.

Les Royal Recording Studios de Hi Records, situés au 1320 South Lauderdale Street, non loin de l'autoroute 61, dans un quartier afro-américain de Memphis, étaient, comme ceux de Stax, implantés dans un ancien cinéma. Willie Mitchell mit à profit l'acoustique inhabituelle du lieu, due en partie au sol en pente de la salle, pour élaborer un nouveau son. Il ralentit le rythme caractéristique de la soul et accentua sa mesure binaire (4/4) grâce aux talents du batteur Al Jackson (ancien membre de Booker T. and The MG's) ainsi que des frères Hodges (Leroy à la basse, Charles aux claviers et Teenie à la guitare). Ce nouveau son transparaît pour la première fois dans Part Time Love (1970) d'Ann Peebles, mais atteindra sa plénitude dans les magnifiques titres enregistrés par Al Green (dans son inoubliable costume blanc) de 1971 à 1975. Ces chansons sensuelles donneront naissance à certains des plus beaux morceaux de soul. Cette innovation, peut-être la dernière grande trouvaille musicale de Memphis, laissera par son alliance érotique entre musique sacrée et musique profane une empreinte durable dans l'industrie du disque. Talking Heads connaîtra ainsi un immense succès grâce à sa reprise en 1978 de Take Me to the River d'Al Green. Les rythmes chaloupés de Hi Records transparaissent par ailleurs dans la house music, plus ouvertement érotique, née à Chicago dans les années 1980.

— Peter SILVERTON

— Universalis

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Universalis et Peter SILVERTON. HI RECORDS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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