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BÖLL HEINRICH (1917-1985)

Le goût amer de la satire...

Plaidoyer pour les purs, les idéalistes, les inadaptés, réquisitoire contre les opportunistes oublieux du passé et soucieux de réussite, tel apparaît le roman ambitieux, à la technique faulknérienne, Les Deux Sacrements (Billard um halbzehn, 1959) où les « agneaux » sont opposés aux « buffles » : bâtisseurs, banquiers, hommes politiques, nazis reconvertis. Ce caractère ne disparaîtra plus de l'œuvre, même si le manichéisme n'est pas toujours aussi évident et si le ton varie, allant de la satire incisive et mordante dans La Collection de silences du DrMurke (Doktor Murkes gesammeltes Schweigen, 1958) au style direct, agressif, visant à l'effet, des Essais, critiques, discours (Aufsätze, Kritiken, Reden, 1960-1967), ou de la méditation poétique douce-amère du Journal irlandais (Irisches Tagebuch, 1957) pour aboutir au sourire grinçant et douloureux du clown dans La Grimace (Ansichten eines Clowns, 1963). Moderne Thésée abandonné par Ariane, dans le labyrinthe du « catholicisme politique allemand », Schnier n'est plus relié que par le téléphone à un monde légal et institutionnalisé où l'on ne reconnaît plus à l'amour sa valeur de sacrement. Ce « Candide » malade, ce « bouffon » triste choisit la « rue » pour y chanter et mendier. Le divorce moral avec l'Église et la société est ici ressassé dans un soliloque ; les leitmotive créent un climat morbide ; l'humour a un goût de fiel. Résignation ? Déchéance et défaite ? Commencement de libération ? Le doute subsiste. Faut-il donc se garder Loin de la troupe (Entfernung von der Truppe, 1964) pour être et demeurer homme ?

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, maître assistante à l'U.E.R. d'études germaniques de l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Michèle MONTEIL. BÖLL HEINRICH (1917-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Heinrich Böll et Soljénitsyne - crédits : Jean-Claude Francolon/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Heinrich Böll et Soljénitsyne

Autres références

  • ALLEMANDES (LANGUE ET LITTÉRATURES) - Littératures

    • Écrit par Nicole BARY, Claude DAVID, Claude LECOUTEUX, Étienne MAZINGUE, Claude PORCELL
    • 24 585 mots
    • 29 médias
    ...du « miracle économique ». L'antihéros de cette période, le personnage qui incarne la persistance d'une certaine Allemagne, c'est le petit-bourgeois, Heinrich Böll peint les milieux catholiques rhénans en morcelant et en multipliant les perspectives, comme dans Billard à neuf heures et demie (1959)....
  • GROUPE 47

    • Écrit par Pierre GIRAUD
    • 2 698 mots
    • 1 média
    ...langue doit être épurée. Il faut, selon l'expression de Weyrauch, bannir la « langue de l'esclavage », tourner le dos à la « calligraphie ». À ses débuts, Heinrich Böll confie ses difficultés à écrire, ne serait-ce qu'une demi-page de prose. Pratiquer la « table rase » (Kahlschlag) pour reconquérir...
  • SHOAH LITTÉRATURE DE LA

    • Écrit par Rachel ERTEL
    • 12 469 mots
    • 15 médias
    En Allemagne, Heinrich Böll dit, dans des romans, comme Rentrez chez vous, Bogner (1953) et Les Enfants des morts (1954) quelles sont les répercussions de la catastrophe : la mise à mort de l'humain, le mensonge et le déni, l'inconscient trouble d'une Allemagne qui refuse d'assumer sa culpabilité, qui...

Voir aussi