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HALLUCINATIONS

Classification

Les hallucinations sensorielles

Hallucinations de l'ouïe

Les contenus fictifs des hallucinations auditives peuvent être des sons indéfinis ou des bruits attribués à des objets déterminés (cloches, musiques, jets de vapeur, chaînes, etc.). Cependant, en général, il s'agit de voix (hallucinations verbales). Ces voix peuvent être inconnues du sujet ; mais il est fréquent que les malades prétendent les reconnaître (parents, amis, voisins). Elles peuvent aussi émaner de défunts, de Dieu, du diable ou de saints. Elles peuvent être agréables, encourageantes, consolatrices. Mais, le plus souvent, elles ont un caractère pénible, injurieux, menaçant. Elles sont d'autant plus insidieuses qu'elles comportent des allusions à la vie personnelles de l'intéressé. Les lieux d'où proviennent les voix sont très variables. Mais les hallucinés prétendent souvent en évaluer la distance précise. Les voix utilisent habituellement le langage courant des mots empruntés au vocabulaire commun, mais elles peuvent recourir à des expressions forgées de toutes pièces ou même prendre la forme d'une langue inconnue.

Hallucinations de la vue

Les images irréelles peuvent être parcellaires (ombres, flammes, silhouettes), ou nettement différenciées (personnages, objets, scènes complexes). Elles peuvent avoir un caractère graphique (hallucination visuelle verbale). Les visions peuvent être agréables, lascives, érotiques, mystiques. Souvent elles ont un caractère pénible ou terrifiant, et leur impétuosité peut être comparée à celle d'un cauchemar (onirisme).

Parmi les formes très spéciales d'hallucinations visuelles, ont été décrites : les hallucinations lilliputiennes, au cours desquelles apparaissent de très petits personnages ; les hallucinations autoscopiques, encore appelées spéculaires, deutéroscopiques ou héautoscopiques, au cours desquelles l'individu aperçoit un « double » de lui-même ; les hallucinations hypnagogiques, qui surviennent lors de l'endormissement ou du réveil (elles sont, en réalité, de fausses hallucinations, car le malade en reconnaît le caractère dé-réel).

Hallucinations de l'olfaction et du goût

Dans le cas d'hallucinations olfactives, les odeurs sont parfois agréables ou suaves (associées à des visions mystiques) ; parfois infectes, cadavériques (crises « uncinées »). Dans les hallucinations du goût, les saveurs sont habituellement pénibles et interprétées comme des effets de la malveillance d'autrui (prétendues tentatives d'empoisonnement). Dans d'autres cas, les odeurs et les saveurs que le malade prétend ressentir sont attribuées par lui au mauvais état et même à la « pourriture » de son corps (psychoses hypochondriaques et mélancoliques).

Hallucinations du toucher

Dans les hallucinations « actives », le malade a l'impression de toucher effectivement des personnes, des animaux, des objets, qu'il désire ou qu'il refuse. Parfois, il croit étreindre un partenaire ou repousser un assaillant.

Dans les hallucinations « passives », le malade ressent des frôlements, des caresses, ou, au contraire, des pincements douloureux, des piqûres, des brûlures, des chocs électriques.

Les hallucinations « dermatozoïques » consistent en l'impression étrange selon laquelle des petits animaux courent sur la peau, des parasites s'introduisent et prolifèrent dans la chair.

Les hallucinations cénesthésiques

Les hallucinations cénesthésiques globales intéressent la quasi-totalité du corps : sensations de lourdeur ou de lévitation, de transformation en matière inanimée, impression d'état de mort.

Les hallucinations cénesthésiques partielles renvoient à des secteurs isolés de la personne physique : brûlures, torsions, dilacérations, destructions intérieures ; sensation d'inexistence d'un viscère ou de plusieurs. Ces troubles[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur du Laboratoire pathologique de la Sorbonne, médecin-chef à l'hôpital psychiatrique de Bonneval, professeur à l'université de Paris-V

Classification

Pour citer cet article

Henri FAURE. HALLUCINATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Vision de Milton de sa seconde femme, J. H. Füssli - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Vision de Milton de sa seconde femme, J. H. Füssli

Autres références

  • BION WILFRED R. (1897-1979)

    • Écrit par Émile JALLEY
    • 4 827 mots
    ...hallucinose s'appliquent au fonctionnement de la personnalité psychotique tel que le conçoit Bion. Dans un tel cadre, ce dernier décrit, à côté des hallucinations franches bien connues (visuelles, auditives, olfactives, gustatives ou tactiles), des hallucinations « fugaces » ou « évanescentes » et...
  • CONFUSION MENTALE

    • Écrit par Universalis
    • 2 014 mots
    ...images oniriques défilent en une succession discontinue ou s'ordonnent en un enchaînement scénique dont la thématique tour à tour le captive ou le terrifie. Le monde extérieur sert de support aux projections hallucinatoires, mais surtout, mal perçu, déformé, il concourt à dramatiser l'ambiance ; les voix sont...
  • ÉPILEPSIE

    • Écrit par Henri GASTAUT, François MIKOL
    • 6 164 mots
    • 3 médias
    ...de micropsie, de macroacousie ou de microacousie, suivant qu'un objet ou un son paraît soudain plus grand ou plus petit, plus fort ou assourdi), ou par un état hallucinatoire (perceptions sans objet), au cours duquel, par exemple, le sujet croit voir ou entendre, dans leurs moindres détails, une scène...
  • HALLUCINOGÈNES, littérature

    • Écrit par Jacques JOUET
    • 1 054 mots
    • 1 média

    « Je comparerai », dit Baudelaire dans Du vin et du haschisch (1851), « ces deux moyens artificiels, par lesquels l'homme exaspérant sa personnalité crée, pour ainsi dire, en lui une sorte de divinité. » Pour Baudelaire, à ce moment, la différence entre les deux substances est assez radicale...

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Voir aussi