Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GUILLAUME II (1859-1941) empereur d'Allemagne (1888-1918)

Guillaume II, Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff - crédits : Corbis Historical/ Getty Images

Guillaume II, Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff

Empereur d'Allemagne et roi de Prusse, Guillaume II est le petit-fils de Guillaume Ier et de Victoria d'Angleterre, et le fils de Frédéric III. Après le court règne de son père, il accède à l'Empire en 1888. Très orgueilleux et jaloux de son autorité, il rêve de jouer un grand rôle et de conduire lui-même les destinées de l'Empire. Il renvoie Bismarck en 1890 et choisit comme chanceliers des hommes de second plan (Caprivi, Hohenlohe, Bülow, Bethmann Hollweg), qu'il renvoie dès qu'ils font preuve d'indépendance. Intelligent et conscient de ses devoirs, il manque de continuité dans les desseins et de cohérence dans les décisions ; il cherche aussi des attitudes théâtrales. En politique intérieure, il esquisse tantôt une grande politique sociale, tantôt une lutte sans merci contre le socialisme. En politique extérieure, il cherche à jouer un grand rôle personnel, mais aussi à réaliser la mission historique du peuple allemand. En Europe, il veut se rapprocher de l'Autriche, fût-ce au risque d'un conflit avec la Russie, donc avec la France. De plus, il entend dépasser le cadre européen et déclare en 1896 que l'Allemagne va mener une politique mondiale, en s'appuyant sur la flotte, commerciale et de guerre, dont il préconise la construction (« Notre avenir est sur l'eau », proclame-t-il). Il entreprend des voyages spectaculaires en Syrie et en Palestine en 1898 et à Tanger en 1905. Il tente vainement de détacher la Russie de la France et la France de l'Angleterre tout en affirmant maintes fois sa volonté de paix ; il est avant tout « le seigneur de la guerre », en vrai Hohenzollern. Son attitude de bravade et ses discours belliqueux sont souvent une menace pour la paix. En juillet 1914, il suit l'impulsion de son état-major, qui le pousse à déclarer la guerre à la Russie et à la France. Chef suprême des armées, il abandonne en fait, à partir de 1916, tous les pouvoirs à Hindenburg et Ludendorff. En 1918, son abdication est exigée par Wilson, les masses allemandes voient dans le Kaiser le principal obstacle à la paix. Il envisage d'abord d'abdiquer comme empereur, mais non comme roi de Prusse. Le 9 novembre, les généraux le contraignent à l'effacement total. Le 10 novembre, il se réfugie en Hollande. Le traité de Versailles le déclare personnellement responsable du conflit et prévoit son jugement par un tribunal international, mais le gouvernement néerlandais refuse son extradition. Guillaume II assistera, avant sa mort, à l'entrée de l'armée allemande aux Pays-Bas.

— Léon STRAUSS

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de l'Université, attaché de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Léon STRAUSS. GUILLAUME II (1859-1941) empereur d'Allemagne (1888-1918) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Guillaume II, Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff - crédits : Corbis Historical/ Getty Images

Guillaume II, Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff

Autres références

  • AGADIR COUP D' (1911)

    • Écrit par Aïcha SALMON
    • 364 mots

    Le « coup d’Agadir », ou « incident d’Agadir », est le nom d’une crise diplomatique et militaire qui opposa en 1911 la France et l’Allemagne, pour le contrôle du Maroc.

    Depuis la seconde moitié du xixe siècle, les rivalités entre les grandes puissances européennes sont fortes....

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    ...persistance et l'évolution d'un courant libéral, opposé, au début, à la manière autoritaire de Bismarck et, plus tard, aux initiatives maladroites de Guillaume II. Une pratique politique plus moderne, l'adoption du suffrage universel dans tous les États allemands, l'établissement du régime...
  • BETHMANN-HOLLWEG THEOBALD VON (1856-1921)

    • Écrit par Alfred WAHL
    • 324 mots
    • 1 média

    Administrateur plus qu'homme politique, ce grand juriste sans rayonnement gravit tous les échelons et devient chancelier du Reich en 1909. Bethmann-Hollweg n'est pas le meneur d'hommes ni le combattant qui s'impose en ces moments difficiles : « Il administre, mais ne gouverne pas. » S'il se rend...

  • BISMARCK OTTO VON (1815-1898)

    • Écrit par Michel EUDE
    • 4 879 mots
    • 3 médias
    ..., avait prié Bismarck de conserver la chancellerie. Mais le nouveau souverain, atteint d'un cancer, meurt le 15 juin, laissant le trône à son fils Guillaume II. Le nouvel empereur a vingt-neuf ans, le chancelier soixante-treize. Leurs caractères ne tardent pas à se heurter. Impatient de régner, le...
  • Afficher les 11 références

Voir aussi