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GRAFFITI

Procédés techniques

Les moyens techniques et l'outillage employés dans l'exécution des graffiti sont, dans la plupart des cas, des plus rudimentaires. La quasi-totalité des graffiti connus ont été exécutés par gravure (avec des outils de fortune : canifs, clefs, capsules, ongles, etc.), dessin et écriture (réalisés à la craie, au crayon ou au stylo, à la peinture aérosol). Deux innovations techniques, la bombe et le feutre (à encre indélébile), méritent d'être signalées, non seulement parce qu'elles apportent un changement fondamental à la forme des graffiti, mais à cause de leur facilité d'emploi et de la difficulté à faire disparaître leurs traces. Les auteurs des graffiti politiques et les taggers semblent s'être bien avisés de la permanence de ces matériaux que seule une couche de papier gris neutre, rappelant la patine des surfaces de plâtre, de pierre et de béton des ensembles urbains, peut masquer en attendant qu'un jet de sable les enlève.

Il existe un rapport entre la nature des surfaces employées et le contenu et la forme des graffiti. Ce sont, évidemment, les bâtiments présentant de larges surfaces, et, parmi eux, ceux qui, à cause de leur fonction, revêtent une signification politique (bâtiments universitaires, préfectures, casernes, usines, etc.), qui attirent les graffiti politiques les plus nombreux et les plus grands. C'est, par contre, au moins dans certaines villes, le mur anonyme recouvert d'une couche de plâtre tendre, vétuste, déjà abîmé qui semble attirer la majorité des autres graffiti dont les thèmes principaux sont toujours l'amour, la sexualité, la mort et peut-être aussi l'angoisse, comme le démontre la quantité importante de cœurs percés de flèches, de motifs sexuels, de têtes de mort, de visages ravagés incisés dans ces surfaces.

On a remarqué une autre forme de graffiti qui trouble la distinction que l'on veut établir entre les graffiti et les autres phénomènes graphiques. Ce sont des graffiti qui, comme les graffiti sur une affiche publicitaire, s'ajoutent à d'autres manifestations plastiques et graphiques, les incorporant parfois comme une partie d'eux-mêmes. On a pu voir de nombreux exemples de cette forme d'expression sur des panneaux installés dans la cour de la Sorbonne pendant l'hiver 1969. L'astuce employée par les auteurs d'inspiration situationniste, qui signaient « Les Incorruptibles », était d'ajouter une légende à des illustrations tirées de journaux ou de périodiques – ou plutôt d'illustrer un message par des reproductions. C'est ainsi qu'une image d'un contingent de marines américains engloutis dans la boue illustrait un vers de L'Internationale : « Debout ! les damnés de la Terre. » Le graffiti devient ainsi presque une affiche, et la reproduction ainsi complétée une œuvre unique.

— William P. MCLEAN

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Écrit par

  • : professeur de criminologie et de justice pénale à l'université du Missouri, Saint Louis (États-Unis)
  • : professeur de criminologie et de justice pénale à l'université du Missouri, Saint Louis (États-Unis)
  • : docteur en ethnologie de l'université de Paris
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Glen D. CURRY, Scott H. DECKER, Universalis et William P. MCLEAN. GRAFFITI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Graffiti à New York - crédits : L. Morin

Graffiti à New York

Autres références

  • ART URBAIN

    • Écrit par Stéphanie LEMOINE
    • 2 727 mots
    • 4 médias
    ...en effet sur la côte est des États-Unis un mouvement esthétique promis à une diffusion internationale : le writing (nom donné par les Anglo-Saxons au graffiti d'inspiration new-yorkaise et que les graffeurs préfèrent à celui, trop générique, de graffiti). Porté par l'essor du Civil Rights Movement,...
  • BANKSY (1974- )

    • Écrit par Stéphanie LEMOINE
    • 1 126 mots
    ...classe ouvrière, les très rares personnes qui acceptent d'évoquer sa biographie disent qu'il appartiendrait à la classe moyenne. À l'âge de quatorze ans, il se mêle à la scène graffiti du quartier de Barton Hill (Bristol), mais s'écarte rapidement des normes esthétiques du milieu, qui proscrit toute autre...
  • BASQUIAT JEAN MICHEL (1960-1988)

    • Écrit par Élisabeth LEBOVICI
    • 963 mots
    ...cartes postales et de sweat-shirts illustrés – le rapprochent d'une forme de culture populaire extrêmement vivace dans le New York des années 1970 : les graffitis. Organisés en une société hiérarchisée, les auteurs de Tags (« signatures ») doivent franchir toutes sortes d'épreuves avant de pouvoir...
  • BRASSAÏ GYULA HALÁSZ dit (1899-1984)

    • Écrit par Anne de MONDENARD
    • 1 866 mots
    • 1 média
    Parallèlement, depuis 1932, Brassaï photographie desgraffitis anonymes dessinés ou gravés sur les murs de la capitale. Il s'agit d'« objets trouvés » repérés lors de ses marches et rassemblés pour leur valeur poétique. On y voit des visages bruts, qui font écho à ceux des personnages étranges rencontrés...
  • Afficher les 12 références

Voir aussi