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GOSHUN (1752-1811)

Si Goshun tient une place importante dans l'histoire de la peinture japonaise, comme fondateur de l'école Shijo, son œuvre a surtout l'intérêt de refléter les deux grandes tendances picturales qui se développèrent au xviiie siècle : le courant « idéaliste » de la peinture des lettrés (Bunjin-ga) et le mouvement « réaliste » représenté par l'école Maruyama. Ces deux écoles avaient créé une esthétique nouvelle en puisant à des sources étrangères, la première en empruntant sa technique et son impressionnisme à la tradition chinoise de l'école du Sud, la seconde en retenant la vision naturaliste de la peinture de fleurs et d'oiseaux de la fin de l'époque Ming et en transposant en termes orientaux le caractère réaliste de la peinture européenne. Fortement impressionné par ces nouveaux courants, qui eurent entre eux de nombreux contacts, Goshun en fit la synthèse dans ses meilleures œuvres, et leur ajouta une note lyrique personnelle.

Vie et évolution stylistique

Matsumura Gekkei né à Kyōto eut pour premier maître un peintre assez obscur qu'il quitta très vite pour entrer, à l'âge de vingt ans, dans l'atelier de Yosa Buson (1716-1783), poète et personnalité marquante de l'école Bunjin-ga. Sous la direction de Buson, il s'initia à l'art du haikai (poème de 17 syllabes) et appliqua fidèlement les préceptes picturaux de l'école. Il se révéla rapidement l'un des meilleurs élèves de Buson ; mais si le maître avait du génie, l'élève par contre n'avait que du talent.

De 1781 à 1786, Goshun vécut à Kurehano-Sato dans la province de Settsu. Cette période, au cours de laquelle il prit le nom de Goshun, marqua un tournant dans l'œuvre du peintre. Ses tendances au naturalisme, décelables dans ses premières productions, s'affirmèrent. Et il montra dès lors une certaine indépendance vis-à-vis de l'école Bunjin-ga. Mais ce n'est qu'en 1787-1788 que Goshun se rallia à l'école « réaliste ». Comme beaucoup de ses contemporains, il subit l'ascendant de la forte personnalité de Maruyama Ōkyo (1733-1795), dont le renom était alors sans égal. Ōkyo avait consacré sa vie à la recherche d'une nouvelle manière de peindre la nature dans sa réalité objective, dégagée de tout symbole. Mais Goshun n'entra pas comme élève chez Ōkyo ; il ouvrit son propre atelier, qui devint l'école Shijo et dont la réputation allait supplanter celle de l'école Maruyama après la mort d'Ōkyo. Dès lors, Goshun devenait le maître incontesté du mouvement réaliste, jusqu'à sa mort survenue à Kyōto.

Bien qu'il se fût rallié à l'esthétique de l'école Maruyama, il l'interpréta de façon personnelle. La facture est différente, la vision subjective de la nature se substitue à la réalité objective, la notion de l'espace joue un rôle très important dans la composition. Enfin, si les peintures d'Ōkyo s'adressaient aux cercles raffinés de l'aristocratie, celles de Goshun répondaient aux goûts de la population citadine de Kyōto. En fait, l'influence de Buson reste profonde, et elle se manifeste tant dans la technique que dans le climat impressionniste, lyrique, ou simplement poétique. Cet ascendant se retrouve dans les meilleures œuvres de Goshun, qui réalisa en quelque sorte une synthèse des deux écoles.

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Écrit par

  • : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient

Classification

Pour citer cet article

Chantal KOZYREFF. GOSHUN (1752-1811) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

    • Écrit par François BERTHIER, François CHASLIN, Universalis, Nicolas FIÉVÉ, Anne GOSSOT, Chantal KOZYREFF, Hervé LE GOFF, Françoise LEVAILLANT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Shiori NAKAMA, Madeleine PAUL-DAVID
    • 56 170 mots
    • 35 médias
    ...fort appliqué à user des techniques étrangères, mais, dans ses grandes compositions, il revient à un style plus décoratif. Fondateur de l'école Shijō, Goshun (1752-1811), formé par Buson et, comme ce dernier, grand amateur de haikai, subit l'influence d'Ōkyo mais trahit un lyrisme plus profond....

Voir aussi