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CONTINI GIANFRANCO (1912-1990)

Né à Domodossola, dans la province de Novare, en 1912, Gianfranco Contini a été professeur de philologie romane à l'université de Fribourg, à l'université de Florence et à l'École normale supérieure de Pise. Son autorité intellectuelle dépasse largement le domaine où s'exerce sa triple activité de philologue, de critique et d'historien de la littérature. Le champ de ses recherches s'étend, chronologiquement, du Moyen Âge au xxe siècle (Varianti e altra linguistica, 1970 ; Esercizî di lettura, 1974 ; Una lunga fedeltà. Scritti su Eugenio Montale, 1974 ; Ultimi esercizî e elzeviri, 1989). Généralement considéré comme un des maîtres de la critique stylistique, dont il applique notamment la méthode de comparaison des variantes, il s'interdit toute abstraction a priori dans l'approche d'un texte, comme tout instrument qui ne soit purement linguistique, l'instance de départ de son activité critique relevant d'une « intuition, c'est-à-dire de la saisie non rationnelle d'une différence, ou d'une tension » (Stefano Agosti), à l'intérieur d'un tissu textuel ou entre celui-ci et tel(s) ou tel(s) autre(s).

Ses plus remarquables études de variantes portent sur Mallarmé et sur Proust, alors que les concepts de « plurilinguisme » et de « monolinguisme », qu'il dégage de son analyse comparée de la Divine Comédie de Dante et du Canzoniere de Pétrarque, sont devenus, à travers les applications les plus diverses, des concepts fondamentaux de la critique littéraire italienne.

La rigueur de ses analyses n'interdit pas la prédilection de Contini pour toute une lignée de la littérature italienne, qu'il dénomme littérature de l'« expressivité », et qui va de Dante (Un idea di Dante, 1976) à Gadda, ou plus exactement qui, à partir de la « fonction Gadda », fait sentir son effet jusqu'à Dante, en passant par les « Scapigliati » du xixe siècle et tous les pasticheurs de la Renaissance (Ruzante, Folengo, Francesco Colonna). Ce même goût se retrouve dans l'expressivité de l'écriture de Contini, riche en néologismes techniques ou savants et en métaphores, et qui n'est pas sans évoquer l'écriture d'un autre maître de la critique italienne du xxe siècle, l'historien d'art Roberto Longhi, ami intime de Contini.

— Jean-Michel GARDAIR

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Pour citer cet article

Jean-Michel GARDAIR. CONTINI GIANFRANCO (1912-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • POZZI GIOVANNI (1923-2002)

    • Écrit par Gilles QUINSAT
    • 826 mots

    Comme celle de Mario Praz ou de Jurgis Baltrušaitis, l'œuvre de Giovanni Pozzi fait partie de ces rares entreprises intellectuelles qui, tout au long de leur élaboration, inventent leur propre objet – au sens que ce mot a pu revêtir de désenfouissement et de découverte, ici d'une parole oubliée....