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HAUSSMANN GEORGES EUGÈNE baron (1809-1891)

L’œuvre accomplie

Si le boulevard de Strasbourg (et, d’une certaine manière, ses prolongements : les boulevards de Sébastopol et Saint-Michel), la rue des Écoles et la rue de Rivoli (continuée en 1848) ne peuvent pas être attribués à Haussmann, les autres se sont faits sous sa conduite, notamment le boulevard Saint-Germain. Il jugeait la rue des Écoles située trop haut dans la montée de la rive gauche, et obtint, contre l’avis de l’empereur, d’ouvrir le boulevard Saint-Germain sur le pont de Sully et que celui-ci ne soit pas perpendiculaire à la Seine. À ces « traversées », il faut rajouter les avenues Foch, Voltaire ou Daumesnil, les boulevards Barbès, Gambetta ou Raspail. Parmi les nombreuses percées, il faut d’abord compter celles qui désenclavent les gares ferroviaires, celles-ci étant, pour Napoléon III, les « véritables portes » de la capitale : le boulevard de Strasbourg, la rue de Rennes, la rue Auber, le boulevard Magenta, le boulevard Diderot ou le boulevard Saint-Marcel. De même nature sont les diagonales comme l’achèvement de la rue La Fayette (commencée sous Charles X), l’avenue de l’Opéra ou la rue Turbigo. Il y a enfin les rocades, les rues des Pyrénées, de Tolbiac, d’Alésia, de Vouillé ou de la Convention.

Contrairement aux étroites rues d’origine médiévale, toutes ces percées sont strictement rectilignes, à l’instar de la rue Rambuteau ouverte sous la monarchie de Juillet (1845), mais à l’exception du boulevard Saint-Germain, qui s’oriente vers le nord à ses deux extrémités pour former le symétrique des Grands Boulevards par rapport à la rue de Rivoli, nouvel axe est-ouest de la capitale. Alors que la rue Rambuteau mesure treize mètres de largeur, et les voies plus anciennes quelquefois bien moins, les percées dites haussmanniennes font vingt ou même trente mètres, l’avenue Foch parvenant à plus de cent mètres.

Pour la procédure du percement, la Ville (ou un concessionnaire) exproprie les terrains nécessaires et, après la démolition des maisons, revend les parcelles nouvellement découpées (c’est une sorte de lotissement linéaire), après avoir effectué un nivellement et un alignement. Lors de la vente aux particuliers et à des constructeurs d’immeubles, Haussmann impose un cahier des charges, qui fixe la nature des matériaux pour la façade (de la pierre de taille ou du calcaire de Château-Gaillard ou de La Roche-Guyon pour les rues principales), et précise que les maisons, dans chaque îlot, doivent avoir « les mêmes hauteurs d’étage et les mêmes lignes principales de façade », « avec balcons, corniches et moulures ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’existe aucun règlement plus précis caractérisant l’immeuble « haussmannien » (qu’il aurait été difficile de faire voter), mais seulement des prescriptions surveillées par les architectes voyers de la Ville.

Un autre volet de l’œuvre du second Empire auquel Haussmann a activement participé est l’annexion de communes périphériques de Paris. L’agrandissement de la capitale est naturellement suggéré par le faubourg compris entre les limites administratives (le mur des Fermiers généraux) et l’enceinte fortifiée édifiée par Thiers de 1841 à 1844. Il s’agit de faire entrer dans Paris non seulement des jardins maraîchers et des villages (comme Belleville ou Vaugirard), mais aussi des espaces urbains composés de lotissements (Beaugrenelle, la plaine de Passy, les Batignolles) et des zones industrielles. Il s’agit aussi d’intégrer des banlieues qui échappent à l’octroi. La loi d’annexion, votée le 26 mai 1859, prendra effet le 1er janvier 1860.

Les communes ou parties de communes annexées profiteront de la nouvelle voirie, de l’alimentation en eau, d’églises nouvelles, de mairies, d’écoles, de marchés, etc. La capitale est redécoupée en vingt arrondissements, chacun étant doté d’une mairie.[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Belleville

Classification

Pour citer cet article

Pierre PINON. HAUSSMANN GEORGES EUGÈNE baron (1809-1891) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MÉMOIRES (Baron Haussmann)

    • Écrit par Bernard VALADE
    • 1 075 mots

    Pour ou contre Haussmann ? Préfet de la Seine de juin 1853 à janvier 1870, Haussmann fut-il un bienfaiteur, le bâtisseur du Paris moderne, l'inventeur d'un urbanisme opérationnel ou « l'éventreur » de la capitale, en zélé serviteur de Napoléon III ? À ces questions est ordonné un débat que plusieurs...

  • ALPHAND ADOLPHE (1817-1891)

    • Écrit par Universalis, Michel VERNÈS
    • 1 674 mots

    Ouvrir de nouveaux espaces, assainir les anciens, créer des jardins, embellir l'ensemble, tels sont les différents gestes d'une même démarche qui ont conduit à faire de Paris une capitale moderne au xixe siècle. Jean-Charles Adolphe Alphand, paysagiste et administrateur français de...

  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture et société

    • Écrit par Antoine PICON
    • 5 782 mots
    ...de l'art se rallient plutôt à l'idée d'un aménagement plus rationnel des villes et des campagnes, un aménagement qui donnerait à chacun ses chances. En France, l'haussmannisation, qui veut assainir la ville, l'adapter aux flux de la société moderne, est contemporaine d'un ensemble de réflexions et d'expérimentations...
  • DAVIOUD GABRIEL (1824-1881)

    • Écrit par Jean-Pierre MOUILLESEAUX
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    Entré au service de la ville de Paris après un début de formation à l'École des beaux-arts, Gabriel Davioud devient un architecte fonctionnaire associé activement aux chantiers du préfet Haussmann. Pour Paris, il multiplie les fontaines, les squares, dirige les travaux des promenades et des parcs...

  • EMPIRE SECOND (1852-1870)

    • Écrit par Stella ROLLET
    • 12 843 mots
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    ...grandes villes de province ‒ est souvent résumée au phénomène dit de l’haussmannisation. Si cette expression a le mérite de mettre en valeur le rôle réel du baron Eugène Haussmann, préfet de la Seine de juin 1853 aux premiers jours de 1870, elle passe en revanche sous silence le fait que les transformations...
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Voir aussi