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ROSI FRANCESCO (1922-2015)

Le cinéaste italien Francesco Rosi est né le 15 novembre 1922 à Naples ; après des études de jurisprudence, il s'installe en 1946 à Rome, où il s'adonne au dessin et à la caricature. Après quelques mises en scène théâtrales, il devient assistant-metteur en scène de Visconti pour La terre tremble (La terra trema, 1948) et, plus tard, pour Bellissimaet pour Senso. Jusqu'en 1955, il sera l'assistant de divers cinéastes : Antonioni pour Les Vaincus (I Vinti), Giannini pour Carosellonapoletano, Emner, Monicelli. Sa collaboration au chef-d'œuvre de Zampa, Les Coupables (Processo alla citta, 1951), est particulièrement importante : il en est l'auteur et le scénariste. Il passe à la régie en 1957, année particulièrement difficile pour le cinéma italien, avec Le Défi, film qui est une enquête sur le racket des produits maraîchers à Naples. Malgré quelques défauts, entre autres l'histoire d'amour imposée par le producteur, le film avait des accents de vérité saisissante dans l'évocation du climat et révélait un tempérament de narrateur inné, robuste, rigoureux, connaissant parfaitement le montage. On décelait, dans le style, le double apport du cinéma américain (Kazan, Dassin) et du néo-réalisme italien. Le second film, I Magliari (1959), étudiait le racket entre les marchands ambulants du Sud émigrés en Allemagne. Le projet suivant, plus ambitieux, s'intitula provisoirement Sicile 1945-1960. Cela voulait être un essai historique sur la mafia. Le film prit ensuite le nom du bandit Salvatore Giuliano. Après s'être rendu sur les lieux des événements, Rosi se rendit compte qu'il devait changer totalement la structure narrative prévue : « Le choix de l'atmosphère fut fondamental pour la rigueur du style. J'ai ressenti la nécessité de tirer au clair les raisons historiques, sociales et politiques du personnage. J'ai donc réduit l'importance de l'homme Giuliano pour mettre en relief tout le contexte historique et social. » En faisant un cinéma « documenté » et non pas « documentaire », Rosi se proposait d'interpréter la réalité concrète de son pays et d'atteindre un certain degré de véracité capable de stimuler la curiosité du public. Salvatore Giuliano (1961) reste l'une des œuvres clés du cinéma italien des années 1960. Avec Main basse sur la ville (1963), Rosi s'intéresse à nouveau à Naples. « Naples est un monde plus qu'une ville », a-t-il dit. Le film, primé à Venise, était un examen attentif des rapports de la mafia et du pouvoir, des contradictions à l'intérieur des partis du centre gauche, plus qu'un essai sur la spéculation immobilière. En 1964, le cinéaste tourna en Espagne Le Moment de la vérité, sur le monde de la tauromachie étudié comme une forme d'aliénation dont le torero n'est que l'un des instruments. C'était son premier film en couleurs. Le sixième film, La Belle et le chevalier (1965), devait être la première fable italienne, inspirée des fables de l'écrivain napolitain Giambattista Basile. Mais l'intervention du producteur qui voulait en faire un film d'acteur réduisit la portée de l'ambitieux projet, qui témoigne cependant de la sensibilité figurative du réalisateur et de la pluralité de ses intérêts. Rosi travaille longtemps ensuite à un projet sur Che Guevara qu'il abandonna par manque de recul : « Il faut laisser passer un minimum de dix ans entre les événements. » Les Hommes contre (1968) était un acte d'accusation contre le militarisme abstrait des généraux dans une guerre, la Première Guerre mondiale, qui n'avait pas été une guerre du peuple. Avec ses deux derniers films, le metteur en scène napolitain revient aux sujets qui lui tiennent le plus à cœur : L'Affaire Mattei (1970), primé à Cannes, et Lucky[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté d'histoire du cinéma de Rome, critique de cinéma

Classification

Pour citer cet article

Aldo TASSONE. ROSI FRANCESCO (1922-2015) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CINÉMA ET OPÉRA

    • Écrit par Jean-Christophe FERRARI
    • 3 248 mots
    • 7 médias
    Le Carmen (1984) que Francesco Rosi a tiré de l'œuvre de Georges Bizet est plus convaincant. Par une habile synthèse de réalisme (les aperçus sur la société et la culture espagnoles de l'époque) et de stylisation (l'insistance sur la gestuelle), le réalisateur du Christ s'est...
  • GUERRA ANTONIO, dit TONINO (1920-2012)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 692 mots
    • 1 média

    Écrivain et scénariste italien, Antonio Guerra est né à Sant'Arcangelo di Romagna le 16 mars 1920. Après avoir écrit plusieurs poèmes et romans, souvent en dialecte romagnol, il vient au cinéma en 1957 avec le scénario de Hommes et loups (Uomini e lupi), de Giuseppe De Santis, qu'il...

  • ITALIE - Le cinéma

    • Écrit par Jean A. GILI
    • 7 683 mots
    • 4 médias
    Le cinéma politique, ou pour mieux dire d'engagement ou de témoignage civique, connaît alors un grand épanouissement avec notamment les films de Francesco Rosi, né en 1922 (Salvatore Giuliano, 1961 ; Le mani sulla città [Main basse sur la ville], 1963) et d' Elio Petri (1929-1982) (Indagine...
  • VOLONTE GIAN MARIA (1933-1994)

    • Écrit par Jean-Pierre JEANCOLAS
    • 625 mots

    Le cinéma italien des années 1960 et 1970 avait le cœur assez large pour qu'y cohabitent le génie visionnaire de Fellini, l'élégance inquiète d'Antonioni, les derniers flamboiements de Visconti et un cinéma civique qui se voulait responsable et engagé. Des films de Francesco...

Voir aussi