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POLYAKOV EUGÈNE (1943-1996)

Danseur et chorégraphe d'origine russe.

Né le 27 avril 1943 à Moscou, Polyakov entre à l'âge de dix ans à l'École de danse du théâtre Bolchoï. Il y est l'élève d'Alexeï Iermolaïev, l'un des grands danseurs soviétiques des années 1950, interprète notamment du rôle de Tybalt dans la version filmée du ballet Roméo et Juliette (1954), au côté de Galina Oulanova. Pourtant, c'est à Novossibirsk, en Sibérie, que Polyakov va accomplir sa carrière d'interprète. Il apparaît dans les grands classiques, du Lac des cygnes à La Belle au bois dormant, de Giselle au Corsaire. Le public parisien peut même le découvrir en 1966 lors du passage de la compagnie soviétique dans le cadre du festival du Marais. Dans les années 1960, Polyakov fait aussi ses premiers pas de chorégraphe, réglant notamment Variations sur un thème de Purcell de Benjamin Britten et Chansons sans paroles de Felix Mendelssohn-Bartholdy.

En 1970, il met un terme à sa carrière d'interprète et retourne à Moscou, où il occupe un poste de professeur à l'École du Bolchoï. Six ans plus tard, il décide de quitter l'U.R.S.S. et de s'installer en Italie. La direction de la Fenice de Venise lui offre un contrat de maître de ballet. Également chorégraphe, il compose une version de Francesca da Rimini et remonte Giselle avec une interprétation prestigieuse : Elisabetta Terabust, Cyril Atanassoff, et surtout Rudolf Noureev, dont il croisera de nouveau la route quelques années plus tard. En 1977, il fonde la compagnie Viva la Danza. L'année suivante, il s'installe à Florence, où il prend la tête de la troupe de ballet du Teatro Comunale. Chorégraphe d'inspiration très classique, Polyakov s'attache à traduire avec un grand respect musical des partitions d'Igor Feodorovitch Stravinski (Le Baiser de la fée, Rossignol), de Piotr Ilitch Tchaïkovski (Thème et variations) ou de Gaetano Donizetti (La Favorite).

En 1983, Rudolf Noureev, qui préside aux destinées du Ballet de l'Opéra de Paris, l'appelle à ses côtés et lui confie le poste de maître de ballet. En 1985, Polyakov participe à la création de l'éphémère Ballet du Louvre, avec le titre de directeur artistique ; il remonte Giselle. Méthodique, précis, excellent connaisseur des œuvres du répertoire, il seconde utilement Noureev. En 1989, lorsque ce dernier est remercié, il est tout naturellement désigné pour assurer l'intérim, en compagnie de Patrice Bart. L'année suivante, Patrick Dupond se voyant confier la direction de la danse, Polyakov accepte le titre de maître de ballet associé. En 1992, il reprend le chemin de Florence, où il entame une seconde carrière. Dans la cité toscane, il remonte des classiques comme Casse-Noisette, Coppélia ou Le Lac des cygnes, mais il fait aussi œuvre personnelle en concevant des versions de La Dame aux camélias, Cendrillon, La Folie et La Ronde.

Les grandes scènes internationales ne manqueront pas de faire appel à lui pour remonter les chorégraphies que Noureev a tirées des œuvres de Marius Petipa comme Don Quichotte ou Raymonda. Ainsi court-il de Pékin à Londres, de Vienne à Stockholm, de Berlin à Milan.

En 1996, Eugène Polyakov est de retour à l'Opéra de Paris, où il retrouve son poste de maître de ballet. Il meurt, à Paris, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1996, une longue maladie ayant finalement raison de la résistance d'un artiste qui aimait avant tout servir le grand répertoire et savait allier la psychologie au savoir.

— Jean-Claude DIÉNIS

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Jean-Claude DIÉNIS. POLYAKOV EUGÈNE (1943-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )