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VIJAYANAGAR EMPIRE DE

Les rescapés de la dynastie hindoue des Kakatiya, du pays Āndhra, Harihara Ier et Bukka, chassés par les musulmans, fondent en 1336, sur les rives de la Tungabhadra, une place forte nouvelle, Vijayanagar, à la dénomination significative (ville de la victoire). Parti d'une confédération de cinq principautés, Vijayanagar devient rapidement le siège d'un puissant empire qui, sous les règnes de Harihara II (1377-1404), de Devaraya Ier (1404-1422) et de Devaraya II (1422-1446), unifie tout le sud du Deccan, depuis la Krishna (au Telingāna) jusqu'au cap Comorin, à la seule exception de l'État musulman du zamorin de Calicut au Malabār. Contrairement à une thèse répandue, Vijayanagar n'est pas dans son principe un État hindou militant en lutte contre les musulmans. Il dote son armée d'une cavalerie musulmane, de même que les sultans musulmans emploient les fonctionnaires et des soldats hindous, utilisent le marāthī comme langue des affaires et épousent des princesses marathes. Dans son expansion vers le nord, Vijayanagar se heurte aux rois hindous de l'Orissa, qui lancent des expéditions jusqu'à Kanchi (1463). L'usurpation de Narasimha (1485-1491), le Narsingue des Européens, inaugure un changement de dynastie, comme celle de Narasa Nayaka en 1503. Le roi Krishana de Naraya (1509-1529) bat en 1520 le sultan de Bijāpur, Ismā‘īl al-‘Adil shāh, et prend sa capitale ainsi que Gulbarga. Rāmāraja (1543-1563) s'allie à Golconde et à Ahmadnagar contre Bijāpur, puis à Bijāpur contre Ahmadnagar. Mais les quatre sultans bahmanides se liguent contre l'empire hindou. À la grande bataille de Talikota (23 janv. 1565), la supériorité de la cavalerie et, surtout, de l'artillerie musulmanes sur les éléphants et fantassins hindous entraîne la capture et la mise à mort de Rāmāraja, la déroute de son armée, le sac de Vijayanagar et la ruine définitive de l'empire. Les rescapés tentent de reconstruire l'État plus au sud, à Penukonda, puis à Chandragiri. Mais l'extrémité de la péninsule sombre dans le morcellement au profit des feudataires de l'ancien empire, les Nayaks (ou Poligars), dont le plus important est celui de Madurai. Vijayanagar disparaît complètement après avoir laissé aux voyageurs persans, portugais ou italiens l'impression d'être la ville sans doute la plus grande, la plus belle et la plus riche de son temps. L'empire appuyé sur le plateau de Karnataka s'était étendu au Dravida, ou pays tamoul, comme au pays āndhra. C'est de cette dernière région que provenaient les fondateurs de l'État comme, par la suite, l'essentiel de ses cadres administratifs et militaires (les Reddis), établis par lui dans tout le Sud, et dont les descendants ont conservé jusqu'à nos jours l'usage du télougou. Cet empire du Karnataka (ou Carnatic ou Carnate) où le télougou était la langue de cour fut ainsi le dernier grand État telinga.

— Roland BRETON

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, maître assistant à l'université d'Aix-Marseille

Classification

Pour citer cet article

Roland BRETON. VIJAYANAGAR EMPIRE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ĀNDHRA PRADESH

    • Écrit par François DURAND-DASTÈS
    • 1 072 mots
    • 1 média

    C'est au cœur de l'actuel Mahārāshtra, qui n'était certainement pas alors aussi aryanisé que maintenant, qu'apparaît, au ~ ier siècle, la dynastie des Sātakani, ou Shātavāhana (« fils du cheval » en mounda ?), ou Āndhrabhritya (« serviteurs des Āndhra »), ou simplement...

  • INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Universalis, Christophe JAFFRELOT, Jacques POUCHEPADASS
    • 22 936 mots
    • 25 médias
    ...s'agit principalement, dans ce dernier cas, du Rājasthān, où les Rājpūt reconstituent peu à peu leurs anciennes principautés, et surtout de l'empire de Vijayanagar, qui a grandi à l'extrême sud dans le Dekkan lâché par les Tughluq. Fondé en 1336, il englobe dix ans plus tard tous les anciens royaumes du...
  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    ...Pallava, la succession des styles dits «  dravidiens » (du sanskrit drāvida, « méridional ») s'établit comme suit : style Cōla (de 850 env. à 1250) ; style Pāṇḍya (de 1250 env. à 1350 ; style deVijayanagar (de 1350 env. à 1600) ; style de Madura (de 1600 env. à nos jours).
  • KANNARA ou KANNADA LANGUE & LITTÉRATURE

    • Écrit par François GROS
    • 2 768 mots
    Le royaume deVijayanagar patronne les arts et favorise tous les credos. Le jaïnisme est doctrinaire, ou continue deux courants, les vies exemplaires de ses héros et les histoires édifiantes à épisodes, comme le jivandharacarite plusieurs fois raconté. Le meilleur poète jaïn est Ratnākaravarṇi...

Voir aussi