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EMPÉDOCLE (env. 490-env. 430 av. J.-C.)

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L'amour et la haine

Au commencement règne souverainement le dieu à la forme sphérique, Sphairos, indistinct, indifférencié, sans autre division que les limites de sa propre circonférence. La Haine est au-dehors, dans l'extériorité de la limite. La genèse débute quand la Haine s'accomplit, quand elle s'attaque au dieu et que le dehors s'affirme en s'opposant à tout ce qui n'est pas lui. L'action est d'abord totale ; la séparation est à la mesure de l'Un ; la sphère, entièrement désintégrée, offre l'image antithétique du mélange parfait. La force opposée se manifeste aussitôt. L'Amour tend vers le centre, qu'il pose en se développant, et son mouvement est circulaire, tandis que la Haine se propage par des secousses et par des vibrations. C'est au cours de la descente vers le centre que les quatre éléments, en un premier temps, dessinent leurs masses haineuses, et structurent l'univers en zones concentriques. La Haine et l'Amour, dans cette poussée centripète, s'associent dans l'amour de soi, l'attraction des semblables. Dès qu'il occupe le centre, l'Amour remonte pour se soumettre la Haine qui sépare les éléments. Dans la poussée vers la périphérie, il les mêle et façonne, contre la Haine, les choses. L'Amour se sert de la Haine dans l'amour de l'autre, dans l'union des dissemblables.

Ce processus, présenté dans une genèse, analyse les forces qui, dans l'état actuel du monde, se disputent les choses. Prises entre deux mouvements contraires, composés eux-mêmes de tendances opposées, les parties d'éléments subissent, dans les tissus, la loi de la sphère ; mais quand la division prédomine, elles vont accroître les masses qui constituent les réserves du monde.

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Pour citer cet article

Jean BOLLACK. EMPÉDOCLE (env. 490-env. 430 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Empédocle - crédits : Claude Vignon ; Wellcome Collection ; CC BY 4.0

Empédocle

Autres références

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...semblable à celle de l'arc ou de la lyre », a pour principe le Feu ou Λόγος divin, qui pénètre toutes choses. La même pensée des contraires se retrouve chez Empédocle d'Agrigente (env. 500-430), pour qui le monde non seulement est né, mais encore se maintient, grâce à l'action opposée, mais concourante, de...
  • BOLLACK JEAN (1923-2012)

    • Écrit par
    • 1 192 mots
    ...premiers travaux à une question jusque-là considérée comme marginale : la doxographie et la constitution des recueils d'opinions concernant des philosophes. Cette familiarité avec les modes de constitution des traditions savantes lui permet, par l'attention portée aux altérations de la transmission, d'établir...
  • DUALISME

    • Écrit par
    • 6 159 mots
    Empédocle, au contraire, conserve et accentue les deux formes du dualisme pythagoricien. Le monde, pour lui, est dominé tour à tour par deux principes contraires, l'Amour et la Haine, le principe de l'Un et le principe du Multiple. D'autre part, il paraît opposer fortement l'âme au corps lorsqu'il...
  • ÉLÉMENTS THÉORIES DES

    • Écrit par
    • 8 197 mots
    Au milieu du ve siècle avant J.-C., Empédocle d'Agrigente tenta de concilier la permanence des substances avec le changement perpétuel des apparences de l'Univers. Ce qui nous apparaît comme le commencement ou la fin d'un être n'est qu'une illusion ; en réalité, il n'y a rien que mélange, réunion...
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