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ÉLOI saint (588 env.-660)

Né en Limousin, dans la petite ville de Chaptelat (au nord de Limoges), d'une famille gallo-romaine, Éloi fit son apprentissage d'orfèvre à l'atelier monétaire de Limoges, puis vint à Paris travailler sous les ordres du trésorier royal. C'est là que, chargé de réaliser pour le roi Clotaire II un trône d'or incrusté de pierreries, il fut assez habile et honnête pour fabriquer avec l'or qui lui avait été remis non pas un trône, mais deux. Éloi était un orfèvre d'une prodigieuse habileté ; ses contemporains ont vanté et décrit ses œuvres que la qualité de la matière a vouées à la destruction ; ainsi, il ne subsiste, au cabinet des Médailles à la Bibliothèque nationale, qu'un morceau de la grande croix en verroterie cloisonnée qu'Éloi avait faite pour Saint-Denis. Monétaire royal au temps de Clotaire II (mort en 629) et de Dagobert (mort en 639), Éloi fit frapper des monnaies signées de son nom. Leur qualité remarquable montre qu'il avait essayé d'enrayer l'effarante décadence des finances publiques. Son activité politique ne l'empêchait pas de pratiquer les œuvres de miséricorde : les armées franques victorieuses ramenaient des prisonniers, Éloi les rachetait et les libérait ; plusieurs d'entre eux devinrent de fidèles disciples. Éloi fonda, en 632, le monastère de Solignac près de Limoges et, pour les femmes, celui de Saint-Paul, sur la rive droite de la Seine, à Paris.

À la mort de Dagobert, il quitta la cour pour entrer dans le clergé. Le 13 mai 641, il fut ordonné évêque de Noyon, dans la cathédrale de Rouen. Le diocèse d'Éloi comprenait la région de Noyon et de Saint-Quentin et, avec Tournai, la moitié occidentale de l'actuelle Belgique. Il évangélisa ces régions où les querelles théologiques avaient peu d'échos, mais où il fallait lutter contre la superstition et l'immoralité. Il voyagea aussi dans le reste du royaume. Le 22 juin 654, Éloi signa le privilège du roi Clovis II en faveur de Saint-Denis, dont l'original est conservé. Éloi mourut à Noyon le 1er décembre 660 ; il fut enseveli dans l'abbaye, qui prit son nom et que la Révolution détruisit entièrement. Orfèvre, saint Éloi devint naturellement le patron des corporations métallurgiques. Les maréchaux-ferrants en vinrent à le considérer comme l'un des leurs, et il fut invoqué pour protéger les chevaux, ce qui entraîna la naissance de légendes et d'innombrables représentations.

— Jacques DUBOIS

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Écrit par

  • : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Pour citer cet article

Jacques DUBOIS. ÉLOI saint (588 env.-660) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FRANCE (Histoire et institutions) - Naissance d'une nation

    • Écrit par Jacques LE GOFF
    • 8 924 mots
    • 11 médias
    ...plus souvent issus de l'aristocratie (saint Césaire à Arles, Sidoine Apollinaire à Clermont, saint Grégoire à Tours, saint Léger à Autun, saint Éloi à Noyon), sont de très grands personnages sociaux et politiques aussi bien que religieux. Le christianisme ne triomphe qu'en favorisant des formes...
  • ORFÈVRERIE

    • Écrit par Gérard MABILLE
    • 5 557 mots
    • 3 médias
    ...Gaule mérovingienne n'ignora pas les splendeurs de l'orfèvrerie ; seuls quelques textes et quelques objets de provenance funéraire en témoignent. Saint Éloi, le célèbre ministre de Dagobert, était aussi orfèvre ; il devait par la suite rester le patron de cette corporation ; malheureusement, presque rien...

Voir aussi