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ELLIPSE, rhétorique

Le mot ellipse vient du grec elleipsis, dont le sens propre est « manque », « insuffisance » (Bailly), et désigne un procédé de discours qui résulte de l'omission d'un ou de plusieurs mots de l'expression grammaticale complète d'une phrase sans que le sens de celle-ci soit obscurci. Dans la langue parlée son emploi est constant pour éviter des redondances trop évidentes. Dans les exemples suivants, on a placé entre parenthèses les mots qui permettent d'obtenir l'expression grammaticale complète : « Comment t'appelles-tu ? — (Je m'appelle) Hélène », « (Faites) Bon voyage ! », « (En demeurant) Loin des yeux, (tu es) loin du cœur ».

L'ellipse est utile dans la formation de termes : voiture (automobile). La suppression de la conjonction de coordination donne l'asyndète, la suppression de la conjonction de subordination forme la parataxe, et de celle du verbe résulte la phrase nominale. Dans le langage poétique elle ajoute à la vigueur d'expression et donne une force soutenue à l'élan de la parole ; elle évite les lourdeurs. En mettant des structures essentielles à nu, elle ajoute aussi à la clarté : (Il y a des) « Murmures » (Michel Butor). Elle peut marquer des émotions fortes ; ainsi dans l'Andromaque de Racine éclate toute l'amertume d'Hermione envers Pyrrhus : « Je t'aimais inconstant : qu'aurais-je fait fidèle ? » C'est le contexte qui éclaire cette ellipse « hardie » (Laharpe). Grâce à celui-ci, le lecteur comprend : « Je t'aimais (quoique tu fusses) inconstant, qu'aurais-je fait (si tu étais) fidèle ? » Plus on est rebuté par l'expression complète et plus on apprécie l'économie de l'ellipse.

— Véronique KLAUBER

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Pour citer cet article

Véronique KLAUBER. ELLIPSE, rhétorique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANACOLUTHE, rhétorique

    • Écrit par Véronique KLAUBER
    • 154 mots

    En répertoriant la rupture de la construction syntaxique comme figure de style (ou de grammaire), les rhétoriciens ont fait de nécessité vertu. Les impératifs de la versification classique, l'émotion bouleversant les structures linguistiques, le débit de pensées dépassant celui de la parole ou de l'écriture,...

  • BANDE DESSINÉE

    • Écrit par Dominique PETITFAUX
    • 22 913 mots
    • 15 médias
    La bande dessinée, art de l’ellipse (le lecteur contribue à la continuité du récit en reliant mentalement des cases, dont chacune est un instantané, figé dans le temps), a donc ses propres critères, ce qui rend vaine sa comparaison – néanmoins fréquente, et forcément défavorable – avec la littérature...
  • MÉTAPHORE

    • Écrit par Jean-Yves POUILLOUX
    • 6 370 mots
    ...inscrit précisément dans une situation énonciative ; et sans doute Aristote avait-il pressenti quelque chose de cet ordre lorsqu'il rangea l'énigme et l' ellipse au nombre des métaphores. Ensuite, la métaphore est assujettie au temps dans son mouvement même. Comme si la métaphore opérait une sorte de raccourci,...

Voir aussi