SALVADOR EL
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Nom officiel | République du Salvador (SV) |
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Chef de l'État et du gouvernement | Nayib Bukele (depuis le 1er juin 2019) Note : |
Capitale | San Salvador |
Langue officielle | espagnol |
Unité monétaire | dollar des États-Unis (USD) 2 Note : Depuis le 1er janvier 2001 |
Population | 6 830 000 (estim. 2021) |
Superficie (km2) | 21 041 |
Histoire
L'indépendance et le XIXe siècle
Après la conquête espagnole dirigée par Pedro de Alvarado, le Salvador est intégré au sein de la capitainerie générale du Guatemala en 1540, une division administrative de la vice-royauté de Nouvelle-Espagne ; il connaît plusieurs révoltes et des premières proclamations d'indépendance dès 1811. Comme les autres provinces de la capitainerie générale du Guatemala, il se proclame indépendant le 15 septembre 1821. Il est toutefois immédiatement incorporé de force dans l'Empire mexicain d'Iturbide et, jusqu'en 1823, les velléités d'indépendance y sont fortes. Après l'effondrement de l'empire d'Iturbide, le Salvador intègre, comme entité indépendante, la nouvelle Fédération d'Amérique centrale, proclamée en juillet 1823. Plus structurées et plus homogènes, les élites salvadoriennes sont en mesure de contrôler le pouvoir de la fédération. Ainsi, le premier président est le Salvadorien Manuel José Arce, et le second président (1830-1839), le libéral hondurien Francisco Morazán, est appuyé par les dirigeants salvadoriens dans sa volonté de renforcer le pouvoir fédéral contre les élites locales. Le Salvador est d'ailleurs le dernier pays à quitter la Fédération d'Amérique centrale en 1841. Jusqu'en 1870, cet État est marqué par des divisions au sein de l'élite politique entre libéraux et conservateurs, clivage nourri de rivalités locales. Dans cet affrontement, les élites n'hésitent pas à demander de l'aide aux dirigeants du Guatemala ou à mobiliser des ressources au Honduras et au Nicaragua, pays où les structures politiques sont moins bien établies.
Introduit en 1860, le café devient rapidement la principale ressource du pays, en remplacement du cacao et de l'indigo produit dans les grandes haciendas depuis la colonie espagnole. Comme au Guatemala et au Costa Rica, le développement de la culture du café est principalement le fait des élites agraires nationales. Propriétaires des terres les plus fertiles, celles-ci produisent, transforment et exportent elles-mêmes le café, réalisant progressivement l'intégration nationale de la filière. Leur très forte concentration − on parle des « quatorze familles » − les conduit à une structuration de type oligopolistique, avec la création de puissantes organisations de représentation de leurs intérêts (telles que l'Asociación salvadoreña del café, fondée en 1929, qui deviendra, en 1961, l'Asociación salvadoreña de beneficiadores y exportadores, structure intégrant l'ensemble de la filière), leur permettant ainsi d'écarter toute concurrence, en particulier étrangère. Les propriétaires terriens libéraux sont au pouvoir de 1870 à 1930 et mettent en place une politique favorable aux intérêts de l'économie d'exportation (abolition des terres communautaires, subventions aux exportations). Enfin, la production du café détermine également un changement dans la relation entre les propriétaires terriens et les travailleurs : le modèle classique de l'hacienda, implanté par la couronne espagnole (avec la présence permanente de peones, des paysans soumis à des logiques clientélistes), est remplacé par un recours à une main-d'œuvre nombreuse mais seulement à certains moments. Ainsi, des migrations temporaires très importantes de paysans ont lieu des régions les plus pauvres vers les régions caféières lors de la récolte. Ces journaliers ont des conditions de vie d'autant plus précaires que la production de café a presque éliminé les cultures vivrières.
La révolte de 1932 et l'affirmation du rôle politique des militaires
La crise économique mondiale de 1929 menace sérieusement l'ordre oligarchique libéral salvadorien. Comme dans les autres pays de l'isthme, un régime autoritaire s'installe de manière durable. Mais plus qu'une dynastie familiale comme au Nicaragua, c'est un gouvernement où militaires et élites caféières se partagent de fait le pouvoir : les premiers ayant toute autorité sur le politique, les secondes conservant le pouvoir économique.
En mars 1931, l'élection présidentielle amène au pouvoir Arturo Araujo, un membre de l'élite, réformiste. Il entend répondre à la crise en augmentant les salaires et en affirmant les droits des travailleurs. Mais en décembre de la même année, le général Maximiliano Hernández Martínez le renverse. En janvier 1932, une révolte de paysans indiens dans l'ouest du pays, qui protestent contre la détérioration de leurs conditions de travail, est [...]
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Écrit par :
- Noëlle DEMYK : professeur de géographie à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- David GARIBAY : maître de conférences en science politique à l'université de Lyon-II-Lumière
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Pour citer l’article
Noëlle DEMYK, David GARIBAY, « SALVADOR EL », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/el-salvador/