ÉCONOMIE MONDIALE 2005 : un rebond confirmé malgé tout
Forte en 2004 (5,1 p. 100), la croissance économique mondiale a conservé un rythme soutenu en 2005, estimé en septembre à 4,3 p. 100 par le Fonds monétaire international (F.M.I.). Les économies les plus avancées ont crû à 2,5 p. 100 et le monde émergent à un rythme de 6,4 p. 100. Comme en 2004, les deux locomotives ont été les États-Unis et la Chine. En ligne avec la croissance, le commerce mondial a décéléré de 10,3 p. 100 en 2004 à 7,0 p. 100 en 2005.
En dépit de la forte remontée du prix du pétrole, la conjoncture a bénéficié de politiques monétaires et budgétaires accommodantes, d'une amélioration des conditions de financement et d'une forte hausse des prix d'actifs. L'existence de capacités de production excédentaires, la concurrence exercée par les pays à faibles coûts de production et la crédibilité acquise par les banques centrales dans la lutte contre l'inflation ont, par ailleurs, permis de contenir les pressions inflationnistes.
Un moteur américain à plein régime
La croissance américaine est restée très dynamique, à nouveau alimentée par la consommation des ménages et l'investissement des entreprises. Le taux d'épargne s'est encore affaissé, pour avoisiner un niveau proche de zéro puis devenir négatif à l'automne. Les répercussions de l'ouragan Katrina (fin août) sur l'activité économique semblent avoir été modérées, même si une partie du secteur pétrolier a été fortement pénalisée.
Les bons chiffres de croissance, conjugués à un regain d'inflation, ont décidé la Réserve fédérale (Fed) à poursuivre son cycle de resserrement monétaire. Le taux directeur, dit des Fed funds, a été relevé à plusieurs reprises, passant au total de 2,25 p. 100 à 4,25 p. 100, mais l'effet sur l'économie américaine est demeuré modéré : les taux longs, qui influent davantage que les taux courts sur les comportements d'épargne et d'investissement, ont bien mécaniquement augmenté à la suite des décisions de la Réserve fédérale, mais sont restés à des niveaux très bas. Ce phénomène a été qualifié de conondrum (« énigme ») par le président de la Fed Alan Greenspan, qui achevait son mandat en janvier 2006, après avoir officié depuis 1987. Son successeur est l'économiste Ben Bernanke.
Le dynamisme américain a eu comme contrepartie l'accentuation du déficit courant. Celui-ci est passé de 5,7 p. 100 du P.I.B. en 2004 à 6,1 p. 100 du P.I.B. Outre la forte baisse du taux d'épargne des ménages, ce creusement a résulté de finances publiques très dégradées, le déficit des administrations publiques américaines s'établissant selon le F.M.I. à 3,7 p. 100 du P.I.B.
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Écrit par
- Nicolas SAGNES : B.N.P.-Paribas
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Médias