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HOFFMAN DUSTIN (1937- )

Lorsque sort en 1967 Le Lauréat (The Graduate), de Mike Nichols, personne ne sait qui est cet acteur, qui, à près de trente ans, incarne avec conviction et crédibilité un personnage d'adolescent en rupture de ban avec sa famille. La surprise est d'autant plus grande que Dustin Hoffman, fort éloigné des stars du moment comme Paul Newman ou Robert Redford, ne répond aucunement aux critères de la beauté hollywoodienne telle que l'incarnaient Cary Grant ou Gregory Peck : il est de petite taille, chétif, les épaules tombantes et son grand nez est plutôt difficile à dissimuler...

Naissance d'un acteur : « Le Lauréat »

Dustin Hoffman est né le 8 août 1937 à Los Angeles, d'un père décorateur de plateau à Hollywood et d'une mère très cinéphile. Son orientation vers le théâtre ne les surprend pas, mais sa grand-mère remarque qu'il « n'a pas le physique de l'emploi ». Il commence donc des études de piano au collège de Santa Monica avant de passer deux ans à la Pasadena Community Playhouse, célèbre théâtre communautaire, où il se lie d'amitié avec Gene Hackman. Puis, à New York, il suit les cours de Lee Strasberg à l’Actors Studio, où il retrouve Hackman et Robert Duvall. Hackman, Duvall et Hoffman partagent la même admiration pour Marlon Brandon. Hoffman débute à Broadway en 1960. Il y jouera, entre autres, En attendant Godot de Samuel Beckett et Harry, Noon and Night de Ronald Ribman, où il montre déjà ses dons pour la métamorphose dans le rôle d'un officier nazi, homosexuel et bossu. Durant dix années, doutant que son physique lui permette d'espérer faire carrière au cinéma, Dustin Hoffman se cantonne à la figuration (The Tiger Makes Out, Arthur Hiller, 1967) et tourne dans des séries télévisées (Naked City, The Defenders, The Nurses...) avant que Mike Nichols en fasse l'adolescent timide du Lauréat (1967), déniaisé par une bourgeoise sensuelle (Anne Bancroft) qu'il quittera pour sa fille. L'acteur est nommé aux oscars et le film connaît un énorme succès tant public que critique aux États-Unis. Outre le scandale d'un « adolescent » ayant une liaison avec une femme mûre et mariée, le film et le personnage annoncent une rupture avec le cinéma américain des années 1960 : aux antipodes de la révolte, de la contre-culture et de la marginalité choisie qui caractérisaient le moment hippie, Benjamin Braddock est un étudiant qui a réussi, simplement mal à l'aise dans un milieu qu'il juge figé et sans avenir, mais auquel tout laisse entendre qu'il s'intégrera... Les yuppies s'apprêtent à succéder aux hippies.

Devenu une star du jour au lendemain, Dustin Hoffman paraît revenir à un type de héros plus contestataire, proche de la décennie précédente dans Macadam Cowboy (Midnight Cowboy, 1969),de John Schlesinger. Il interprète le rôle de Ratso, un Italien drogué, vérolé et tuberculeux, qui hante l'univers nocturne et nauséeux des trottoirs de New York. En réalité, Ratso n'est pas le contraire de Braddock, mais une autre version de l'après-hippie : le laissé-pour-compte, qui n'a rien à contester, et qui ne vit que de l'intérêt que lui porte un idéaliste habillé en cow-boy (John Voight), encore illuminé par l'esprit de la Frontière...

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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Pour citer cet article

Joël MAGNY. HOFFMAN DUSTIN (1937- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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