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DODO

Anatomie et biologie du dodo

Bien que l'homme ait pu observer le dodo dans son habitat pendant plusieurs décennies, beaucoup d'aspects de sa biologie demeurent obscurs. En effet, au xviie siècle, les sciences naturelles étaient encore peu développées, les informations sur Raphuscucullatus provenant essentiellement de marins et de voyageurs. Les descriptions sont succinctes, souvent peu précises et contradictoires. De même, les représentations de cet animal ne sont pas toujours fiables, du fait d'exagérations des caractères les plus inhabituels de cet oiseau. Certains scientifiques ont suggéré que les dodos particulièrement obèses représentés par certains artistes étaient en fait des individus suralimentés en captivité.

Les données paléontologiques indiquent que le dodo était un gros oiseau, de la taille d'une oie, atteignant une hauteur d'environ 65 centimètres. Son poids a été l'objet de maintes controverses. Certains ont évoqué des oiseaux pesant plus de 20 kilogrammes, et quelques estimations récentes leur attribuent aussi un poids de cet ordre, ce qui est considérable pour un oiseau de cette taille. Des calculs plus précis, réalisés à partir d'éléments du squelette, suggèrent cependant qu’il était nettement moins lourd. Une étude publiée en 2011, fondée sur la taille des os de la patte, fournit une moyenne de l’ordre de 10 kilogrammes (poids d’un dindon sauvage), ce qui est loin d'être négligeable pour un oiseau. La masse du dodo aurait pu varier de façon considérable suivant les saisons et l'abondance de nourriture, mais cela reste à confirmer. La description, en 2015, des squelettes plus ou moins complets trouvés par Louis Thirioux, en plus de faire connaître certains éléments squelettiques jusqu'ici inconnus, comme la rotule et certaines phalanges des ailes, indique que le dodo, contrairement à ce qu'on a pu croire, n'était nullement un oiseau maladroit et voué à l'extinction, mais un animal bien adapté à son milieu insulaire. Ses ailes atrophiées devaient lui servir à la fois pour des comportements de parade et pour contribuer à son équilibre lors de ses déplacements.

Les proportions du dodo indiquent clairement un oiseau incapable de voler, ses ailes étant très réduites. Les pattes étaient courteset robustes, et, même si certains témoignages évoquent des dodos capables de courir rapidement, leur locomotion habituelle devait être relativement lente. Le corps est souvent dépeint comme volumineux, presque sphérique, mais il existe aussi quelques représentations probablement plus fidèles montrant un oiseau plus svelte. Le cou, assez court, portait une grosse tête, dont le trait le plus caractéristique est le bec, très fort et crochu, d’une douzaine de centimètres de longueur.

Le plumage était brun à gris, la tête étant plus foncée. Certaines peintures du xviie siècle montrent des dodos blancs, sans doute des individus albinos. Les couleurs vives prêtées à cet oiseau sur d’autres tableaux relèvent sans doute de l'imagination de l'artiste. Beaucoup de représentations montrent une touffe de plumes au niveau du croupion.

Le régime alimentaire du dodo n'est pas très bien connu, mais il est clair qu'il comprenait essentiellement des végétaux, même s'il n'est pas exclu qu’il consommait d'autres aliments (petits animaux, œufs de tortue…). D'après les écrits de voyageurs, le dodo pondait un œuf unique dans un nid composé d'herbes empilées sur le sol, dans la forêt. On sait très peu de choses des jeunes dodos. Le dronte fréquentait apparemment tous les milieux de l'île Maurice, des rivages jusqu'aux montagnes. Certains témoignages ont insisté sur le caractère confiant des dodos, qui ne fuyaient pas l'homme et étaient faciles à capturer. Ce comportement est fréquent chez les espèces ayant évolué dans un environnement dépourvu de prédateurs. [...]

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Classification

Pour citer cet article

Eric BUFFETAUT. DODO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Le dodo d’après Ustad Mansur - crédits : courtesy of the Institute of Oriental Manuscripts of the Russian Academy of Sciences

Le dodo d’après Ustad Mansur

Autres références

  • EXTINCTIONS BIOLOGIQUES

    • Écrit par Eric BUFFETAUT, Valérie CHANSIGAUD
    • 8 302 mots
    • 4 médias
    ...fois par les activités humaines qui, au cours des siècles, ont fait disparaître, directement ou indirectement, de nombreuses espèces. Certaines, comme le dodo de l'île Maurice, exterminé sans doute vers la fin du xviie siècle, sont devenues célèbres et constituent des symboles de la crise biologique...
  • ORIGINE ET ÉVOLUTION DES OISEAUX

    • Écrit par Eric BUFFETAUT
    • 4 775 mots
    • 8 médias
    ...membres le peuvent. On en connaît ainsi chez les canards, les râles ou encore les perroquets. Parmi les pigeons, l’exemple le plus célèbre est celui du dodo (Raphuscucullatus) de l’île Maurice, un cas classique d’évolution insulaire à partir d’ancêtres volants, en l'occurrence des pigeons originaires...

Voir aussi