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DIPLOMATIQUE

La diplomatique est la science qui étudie la tradition, la forme et la genèse des actes écrits en vue de faire leur critique, de juger de leur sincérité, de déterminer la qualité de leur texte, d'apprécier leur valeur exacte en les replaçant dans la filière dont ils sont issus, de dégager de la gangue des formules tous les éléments susceptibles d'être exploités par l'historien, de les dater s'ils ne le sont pas et enfin de les éditer. Science autonome, elle est aussi et avant tout une des sciences auxiliaires de l' histoire.

Elle se relie étroitement à l'histoire administrative ou histoire des institutions, car l'acte en soi ne peut être compris sans une connaissance précise de l'institution qui l'a conçu, établi et expédié ; à l'histoire du droit, car elle traite de la forme de l'acte dont le juriste étudie le fond ; à l'archivistique, car elle porte sur les documents d' archives dont l'archiviste voit l'organisation dans les fonds en s'intéressant à leur conservation, à leur classement, à leur inventaire ; au xviiie siècle l'archivistique était la « diplomatique pratique ». En relation avec la paléographie qui s'est progressivement détachée d'elle, la diplomatique est liée également à la chronologie technique ou connaissance des moyens employés pour placer un acte ou un fait à un certain point de la mesure du temps, et à la sigillographie, qui étudie les sceaux utilisés pour valider des actes.

On distingue une diplomatique générale, qui se propose l'étude des notions qui ne sont propres ni à une époque, ni à une région, ni à une chancellerie, mais qui sont nécessaires pour aborder de façon utile les actes d'une chancellerie donnée, et la diplomatique spéciale qui étudie soit les conditions particulières des actes de chacune des chancelleries pontificale, impériale, royale française, anglaise, etc., ou encore de telle chancellerie seigneuriale ou ecclésiastique, soit l'acte notarié, judiciaire, administratif.

Pendant longtemps, on a vu dans la diplomatique un ensemble de méthodes destinées à critiquer la sincérité des actes, c'est-à-dire à juger de leur authenticité ou de leur fausseté. D'autres ont étendu son domaine jusqu'à faire de leurs ouvrages une encyclopédie de toutes les connaissances qui concourent à la critique historique des actes, mais qui en fait relèvent d'autres sciences auxiliaires de l'histoire.

Jusqu'à l'époque contemporaine, on a d'autre part restreint le domaine de la diplomatique à l'étude des seuls écrits consignant un acte juridique, chartes ou titres (diploma, selon la terminologie, d'ailleurs erronée des humanistes, d'où le terme « diplomatique » ; Urkunde en allemand, d'où le nom usuel de cette science en Allemagne, Urkundenlehre). Aujourd'hui, la matière tend à s'élargir à tous les écrits constatant, outre des actes, des faits juridiques : rapports, comptes, correspondance administrative, etc. (Akten en allemand, d'où le nom d'une branche nouvelle de cette science en Allemagne : Aktenlehre). La plupart des spécialistes estiment donc maintenant qu'elle doit porter sur l'ensemble des documents d'archives.

Enfin, le domaine privilégié de la diplomatique a très longtemps été le Moyen Âge. On pense généralement aujourd'hui que ses méthodes sont également valables pour toutes les autres époques, dès lors qu'on dispose de documents d'archives, qu'il s'agisse de l'Antiquité orientale aussi bien que de la période moderne et contemporaine.

Histoire de la diplomatique

Si les « documents diplomatiques » ont été utilisés, avec plus ou moins de bonheur, par les historiens de toutes les époques et si une critique des faux, plus ou moins assurée, s'est exercée de tout temps[...]

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Classification

Pour citer cet article

Robert-Henri BAUTIER. DIPLOMATIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DIPLÔME, chancellerie

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 250 mots

    Forme d'acte authentique, caractéristique des chancelleries souveraines du haut Moyen Âge. Les diplômes étaient revêtus du seing manuel autographe du roi à l'époque barbare, puis d'une simple croix, et enfin d'un monogramme non autographe à partir du règne de Charlemagne. Ils tiraient leur authenticité...

  • HISTOIRE (Histoire et historiens) - Sources et méthodes de l'histoire

    • Écrit par Olivier LÉVY-DUMOULIN
    • 6 217 mots
    • 6 médias
    ...documents originaux et privilégier la pluralité des témoignages sur l'ancienneté et le statut des témoins. Afin d'établir la nouvelle discipline critique, la diplomatique, qui se donne pour objectif de définir les règles des anciennes chartes et des vieux titres, Mabillon énumère l'ensemble des connaissances...
  • MABILLON JEAN (1632-1707)

    • Écrit par Anne BEN KHEMIS
    • 250 mots

    Moine bénédictin de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où il aide dom Luc d'Achery à la bibliothèque, Jean Mabillon voyage beaucoup pour prendre copie d'actes conservés dans les abbayes d'Europe. Il est amené à tirer les conclusions de ce travail en publiant le De re...

  • MINUTE

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 231 mots

    Forme initiale et essentielle de l'acte notarié rédigé pour instrumenter un acte juridique dont le notaire a été constitué témoin privilégié et auquel il apporte la sanction de l'autorité qui l'a investi. Malgré son caractère matériel de brouillon, souvent abrégé dans l'énoncé des innombrables...

Voir aussi