DIMITRI IV DONSKOÏ (1350-1389) grand-prince de Moscou (1359-1389)
Lorsqu'il succède à son père, Ivan II (mort en 1359), comme prince de Moscou, le jeune Dimitri se trouve sous la tutelle politique du métropolite Alexis (mort en 1378). Celui-ci lui obtient, par ses démarches à la Horde d'Or, le titre de grand-prince de Vladimir (1362), ravi depuis 1359 par le prince de Souzdal-Nijni-Novgorod.
Devenu majeur, Dimitri, poursuivant la politique de ses prédécesseurs, cherche à étendre son autorité directe sur de nouveaux territoires ; c'est à lui que l'on peut attribuer l'acquisition d'importants territoires sur la rive gauche de la Volga, avec les villes de Kostroma, de Galitch, d'Ouglitch, et autour du lac Blanc (Beloozero), auxquels s'ajoutent, plus près de Moscou, Dmitrov et Starodoub, ainsi que, au sud, Medyn et Kalouga.
Suivant toujours la ligne politique de ses prédécesseurs, Dimitri défend la frontière occidentale de ses États face à la principauté rivale de Tver soutenue par la Lituanie : après avoir repoussé les troupes du grand-prince Olgerd en 1372, il parvient à faire capituler, en 1375, le grand-prince de Tver qui reconnaît la suprématie de Moscou. Cette suprématie du grand-prince de Moscou-Vladimir s'étend, à divers degrés, à l'ensemble de la Russie septentrionale.
L'accroissement de la puissance moscovite explique les velléités d'indépendance que son prince manifeste à l'égard du suzerain mongol. Cette politique atteint son apogée le 8 septembre 1380 quand les troupes russes, sous le commandement de Dimitri et de son cousin Vladimir de Serpoukhov, écrasent celles du khān Mamaï au champ des Bécasses (Koulikovo pole) sur le cours supérieur du Don (de cette victoire Dimitri tire son surnom). Toutefois, cet épisode glorieux, abondamment chanté dans la littérature moscovite des xve et xvie siècles, est largement terni par l'incursion du khān Tokhtamych (Tuqmatiš) qui pille Moscou abandonnée par son prince (1382).
En revanche, l'évolution des structures économiques de la principauté de Moscou et de l'ensemble de la Russie du Nord-Est sous le règne de Dimitri est très mal connue. Deux faits généraux peuvent cependant être relevés : le développement de l'agriculture (un progrès des techniques semble coïncider avec la fin du xive siècle) lié à l'essor de la colonisation de nouvelles terres par les monastères (le père du courant monastique russe de la fin du Moyen Âge, saint Serge de Radonège, est un contemporain de Dimitri) et un accroissement des échanges. C'est en effet sous ce règne que la principauté de Moscou commence à battre monnaie, suivie d'ailleurs par les principautés voisines.
En mourant, Dimitri Donskoï lègue à ses descendants non seulement la principauté de Moscou, reçue de son propre père mais également — et c'est là une innovation capitale — la grande principauté de Vladimir, considérée désormais comme un bien héréditaire (votchina) de la dynastie moscovite.
C'est l'image du vainqueur contre l'envahisseur étranger que conserva la postérité : lors de la Seconde Guerre mondiale, la colonne blindée équipée aux frais de l'Église orthodoxe portait le nom de Dimitri Donskoï.
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Écrit par
- Wladimir VODOFF : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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Autres références
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MOSCOU
- Écrit par Galia BURGEL , Catherine GOUSSEFF et Roger PORTAL
- 8 389 mots
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... siècle commence contre le joug tatar la lutte pour l'indépendance qui fait de Moscou une base militaire d'où partent les armées qui, sous le commandement du prince, Dmitri Donskoj (1359-1389), écrasent les Tatars à Kulikovo (1380). Moscou doit cependant se défendre longtemps encore au...