Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DIÉLECTRIQUES

Relaxation dipolaire

On appelle relaxation un retour vers l'équilibre thermodynamique d'un ensemble de particules en interaction (par exemple, dipôles), après suppression d'une perturbation (par exemple, champ électrique).

Modèle de Debye

On applique, à l'instant t = 0, sur le matériau électrique un champ électrique E, dont le temps d'établissement θ est supposé court par rapport aux phénomènes de relaxation envisagés, mais pas assez court pour que les très faibles retards causés par l'inertie des particules résonantes (électrons ou atomes) doivent être pris en considération (θ > 10-10 s.). En d'autres termes, on suppose qu'à tout instant la polarisation est la somme d'une composante Pres = P4, correspondant aux phénomènes de résonance qui apparaissent en moins de 10-10 seconde après l'application du champ, et d'une composante P′ retardée, correspondant aux phénomènes de relaxation dipolaire jusqu'à 10-4 seconde :

Immédiatement après l'application du champ, on a P(0+) = P4. Puis P augmente régulièrement jusqu'à une valeur asymptotique P(∞) = P5 (les indices 4 et 5 sont relatifs aux points 4 et 5 de la ).

Supposons que le taux d'augmentation de P′ soit proportionnel à la différence entre sa valeur limite P′(∞) = P5 − P4 et la valeur instantanée P′(t) :

τ désigne un temps caractéristique du matériau qu'on appelle « temps de relaxation ». Par intégration, on en déduit P′(t) et :

On voit que la polarisation résultant d'un échelon de tension appliquée varie exponentiellement de P4 à P5, avec la constante de temps τ. Pour la relaxation considérée l'indice 5 correspondant aux « basses fréquences » est souvent remplacé par l'indice s (statique), et l'indice 4 par l'indice ∞ (pour fréquence infinie).

Soumettons maintenant le matériau à un champ alternatif de pulsation ω. P4 change de signe au début de chaque alternance. Nous nous intéresserons à la solution permanente de l'équation (33) en régime sinusoïdal, et nous admettons donc que P′ varie sinusoïdalement à la pulsation ω du champ appliqué.

En remplaçant P′ par une fonction de la forme P0 exp jωt dans (33), on trouve :

d'où : P(ω) = P4 + (P5 − P4)/(1 + jω τ).

Notons que le trop bref passage du régime en échelon au régime harmonique peut se justifier rigoureusement à l'aide de la théorie de la réponse indicielle.

En utilisant la relation entre P et E on peut mettre la permittivité complexe sous la forme :

τ′ = [(εs + 2ε0)/(ε∞ + 2ε0)]τ. De la relation (34), appelée relation de Debye, on déduit ε′ (ω) et ε″(ω) par séparation des parties réelle et imaginaire.

En régime sinusoïdal, la relaxation dipolaire se manifeste par un retard entre le champ appliqué et la polarisation. Ce retard est lié aux perturbations exercées par les molécules en agitation thermique, qui freinent l'orientation (ou la désorientation) des dipôles, ou l'accumulation de charges, dans un champ appliqué. Ces phénomènes sont irréversibles et correspondent à une dissipation d'énergie.

Représentations graphiques

On peut représenter séparément les composantes ε′ et ε″ de ̱ε en fonction de ω. On obtient pour ε′(ω) une courbe analogue à celle qui joint les points 4 et 5 de la figure. Quant à ε″(ω), il est proportionnel à la dérivée de ε′(ω) (courbe en cloche).

Relation de Debye - crédits : Encyclopædia Universalis France

Relation de Debye

Afin de préciser la nature d'un phénomène dispersif, il est particulièrement intéressant d'utiliser le diagramme ε″ (ε′) (diagramme d'Argand). Un simple recours à l'inversion géométrique montre que le diagramme d'Argand de la relation de Debye est un demi-cercle centré en (εs + ε)/2 sur l'axe ε′. C'est le demi-cercle de Cole.

Par[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : Maître de recherche au C.N.R.S., professeur à l'Ecole supérieure d'électri-cité.

Classification

Pour citer cet article

Roland COELHO. DIÉLECTRIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Condensateur à anneau de garde - crédits : Encyclopædia Universalis France

Condensateur à anneau de garde

Angle de pertes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Angle de pertes

Application numérique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Application numérique

Autres références

  • DIPOLAIRES MOMENTS

    • Écrit par Jean BARRIOL
    • 4 731 mots
    • 8 médias
    La grandeur physique la plus directement gouvernée par la présence d'un moment moléculaire permanent est la constante diélectrique relative εr, ou permittivité relative, qui définit l'accroissement de la capacité d'un condensateur électrique lorsqu'on remplit de matière l'espace entre les armatures....
  • FERRO-ÉLECTRICITÉ

    • Écrit par Lucien GODEFROY
    • 2 836 mots
    • 3 médias

    Les corps ferro-électriques sont une classe de diélectriques solides, dont l'étude s'est développée depuis 1945. L'intérêt de ces matériaux n'est pas seulement théorique ; leur très grande constante diélectrique, leurs propriétés non linéaires, tant électriques qu'optiques, sont exploitées dans de...

  • HYPERFRÉQUENCES

    • Écrit par Louis DUSSON
    • 9 898 mots
    • 17 médias
    Une cavité est un milieu diélectrique fini, limité par une surface conductrice fermée et dans laquelle existe un champ électromagnétique.
  • LEYDE BOUTEILLE DE

    • Écrit par Universalis
    • 176 mots

    Condensateur électrique à diélectrique de verre, la bouteille de Leyde était, dans sa forme initiale, une fiole à moitié remplie d'eau dont l'ouverture était bouchée par un liège percé d'une tige métallique trempant dans l'eau. Pour charger la bouteille, l'extrémité libre de la tige était mise en...

  • Afficher les 8 références

Voir aussi