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DEIR EL-BAHARI

Sur la rive gauche thébaine, au pied de la Grande Cime d'Occident, l'immense cirque rocheux de Deir el-Bahari reçut plusieurs temples funéraires royaux. Sous la XIe dynastie (vers ~ 2060), Montouhotep II y édifia un vaste complexe funéraire. L'enceinte englobe la tombe du souverain et celle des membres de sa famille, tandis que les hypogées des fonctionnaires et dignitaires étaient creusés, aux environs immédiats, dans la falaise. Une vaste cour intérieure était surplombée d'une terrasse sur laquelle une forêt de colonnes et de piliers entourait un monument de forme carrée dont la superstructure, aujourd'hui disparue, devait être un édifice à toit plat, reproduisant le tertre primordial. Le temple proprement dit, avec une cour, une salle hypostyle et un sanctuaire, s'enfonce dans la montagne.

Temple de Deir el-Bahari - crédits : G. Sioen/ De Agostini/ Getty Images

Temple de Deir el-Bahari

Soldats portant des armes et des feuillages - crédits : AKG-images

Soldats portant des armes et des feuillages

C'est immédiatement au nord que la reine Hatchepsout, sous la XVIIIe dynastie (vers ~ 1478-~ 1458), bâtit un magnifique temple de « millions d'années » (temple où sont célébrés conjointement le culte royal et le culte divin) qui s'intègre de façon parfaite au cadre naturel des hautes falaises du vaste amphithéâtre rocheux. Par sa conception et sa réalisation, c'est un des édifices les plus remarquables de l'architecture égyptienne. Le sanctuaire, qui est rupestre, est précédé de trois terrasses en gradins, bordées de portiques et reliées par des rampes. Les portiques sont décorés de reliefs ; la série la plus célèbre, celle de la deuxième terrasse, relate un des événements majeurs du règne d'Hatchepsout, l'expédition maritime au pays de Pount, quelque part, sans doute, vers l'actuelle côte des Somalis ; le village sur pilotis au bord de la lagune, le cortège de l'adipeuse reine locale, le débarquement des bateaux égyptiens, l'échange des objets de la vallée du Nil contre les produits exotiques locaux sont autant de scènes d'un pittoresque coloré.

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande

Hatchepsout - crédits : Courtesy of the Metropolitan Museum of Art, New York City, Rogers Fund, 1929 (29.3.2) ; CC0

Hatchepsout

Le temple d'Hatchepsout fait actuellement l'objet de travaux de restauration menée par le Centre polonais d'archéologie méditerranéenne du Caire. Ceux-ci ont permis de mettre au jour les vestiges très ruinés du temple de Thoutmosis III, rival de la reine. Dans le secteur de Deir el-Bahari se trouve la tombe de Senenmout, architecte et conseiller d'Hatchepsout, ainsi que le grand puits découvert en 1881, qui servit de cachette aux momies royales ; les sépultures des souverains ayant été violées durant la fin de la XXe dynastie, leurs dépouilles et ce qui subsistait de matériel funéraire furent regroupés et cachés dans cet hypogée au cours de la XXIe dynastie (~ 1000 env.).

Le pharaon Thoutmosis III portant la couronne-atef - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le pharaon Thoutmosis III portant la couronne-atef

L'architecte Senenmout tenant la princesse Neferourê - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

L'architecte Senenmout tenant la princesse Neferourê

— Jean LECLANT

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Écrit par

  • : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Classification

Pour citer cet article

Jean LECLANT. DEIR EL-BAHARI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Temple de Deir el-Bahari - crédits : G. Sioen/ De Agostini/ Getty Images

Temple de Deir el-Bahari

Soldats portant des armes et des feuillages - crédits : AKG-images

Soldats portant des armes et des feuillages

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La reine Hatchepsout dans le geste de l'offrande

Autres références

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 9 512 mots
    • 9 médias
    ...Rois, une mission américaine est en train de poursuivre le déblaiement de ce qui pourrait être une tombe collective des enfants de Ramsès II. À Deir el-Bahari, la mission polonaise reconstruit le célèbre temple funéraire de la reine Hatchepsout et celui de son implacable rival Thoutmosis III. Dans...
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 11 453 mots
    • 30 médias
    ...aussi des expéditions moins guerrières, telle celle commanditée par Hatchepsout au pays de Pount, région des côtes de l'Érythrée, où abonde l'encens. Sur le portique sud de la seconde terrasse du temple de Deir el-Bahari, les graveurs, qui travaillaient sans doute à partir de dessins croqués sur place,...
  • HATCHEPSOUT, reine d'Égypte (morte en 1458 av. J.-C. env.)

    • Écrit par Universalis, Joyce TYLDESLEY
    • 983 mots

    Reine d'Égypte (entre 1473 et 1471 à 1458 environ av. J.-C.), Hatchepsout jouit d'un pouvoir sans précédent pour une femme, endossant l'ensemble des titres et prérogatives d'un pharaon.

    Fille aînée du pharaon de la XVIIIe dynastie Thoutmosis Ier et de son épouse Ahmosis...

  • HATHORIQUE COLONNE

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 268 mots
    • 1 média

    Les supports des salles des temples égyptiens (colonnes ou piliers) présentent parfois à leur partie supérieure un élément décoré du visage de la déesse Hathor : la face, qui est sculptée en demi-ronde bosse, est éclairée de deux grands yeux souriants, et les liens de la déesse avec la vache...

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Voir aussi