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HATCHEPSOUT, reine d'Égypte (morte en 1458 av. J.-C. env.)

Reine d'Égypte (entre 1473 et 1471 à 1458 environ av. J.-C.), Hatchepsout jouit d'un pouvoir sans précédent pour une femme, endossant l'ensemble des titres et prérogatives d'un pharaon.

Fille aînée du pharaon de la XVIIIe dynastie Thoutmosis Ier et de son épouse Ahmosis (ou Ahmès), Hatchepsout (ou Hatshepsout) est donnée en mariage à son demi-frère Thoutmosis II, fils de Moutnéfer. Après la mort prématurée de ses trois frères aînés, Thoutmosis II hérite du trône de son père vers 1492. Hatchepsout règne alors au côté de son époux. Elle lui donne une fille, Neferourê, mais ne lui offrira jamais d'héritier mâle. Lorsque son mari meurt vers 1479, la couronne passe entre les mains de son fils Thoutmosis III, né d'une concubine du nom d'Isis. Thoutmosis III étant encore un nourrisson, Hatchepsout assume la régence.

Pendant les premières années du règne de son beau-fils, Hatchepsout se comporte comme une souveraine normale. Mais vers la fin de sa septième année de régence (entre 1473 et 1471), elle se fait couronner pharaon et reçoit la titulature royale. Hatchepsout et Thoutmosis III règnent désormais conjointement sur l'Égypte, la première prenant l'ascendant sur le second. Jusqu'alors, Hatchepsout avait été représentée comme une reine classique, avec un corps féminin et des vêtements propres à son sexe. Après l'association, pendant une courte période, d'un corps féminin à des attributs royaux (par essence masculins), ses portraits officiels commencent à la représenter avec un corps masculin, paré, comme les souverains mâles, du pagne, de la couronne ou de la coiffe en lin et de la barbe postiche. Interpréter cela comme une simple volonté d'Hatchepsout de se faire passer pour un homme traduit une méconnaissance des conventions artistiques égyptiennes, qui montrent les choses non pas telles qu'elles sont mais telles qu'elles devraient être. En se faisant représenter sous les traits d'un pharaon traditionnel, Hatchepsout veut s'assurer qu'elle le deviendra.

Hatchepsout n'expliquera jamais pourquoi elle s'est emparée du trône ni comment elle a convaincu l'élite égyptienne d'accepter sa nouvelle position. Son succès repose néanmoins en grande partie sur la présence d'un groupe de dignitaires loyaux, souvent choisis par ses soins, qui contrôlent tous les postes clés de son gouvernement. Ainsi, son principal conseiller, Sénenmout, est l'architecte de tous les projets royaux et le précepteur de la princesse Néferourê. Certains observateurs ont suggéré que Sénenmout et Hatchepsout auraient été amants, mais aucune preuve ne vient étayer cette hypothèse.

Traditionnellement, les pharaons défendent leurs terres face aux ennemis qui menacent les frontières de l'Égypte. Hatchepsout gouverne, quant à elle, le plus souvent de façon pacifique, et sa politique étrangère s'appuie davantage sur les échanges commerciaux que sur la guerre. Les reliefs gravés sur les murs de son temple funéraire à Deir el-Bahari (Thèbes-Ouest), suggèrent cependant qu'elle avait entrepris une brève, mais heureuse, campagne militaire en Nubie. D'autres scènes plus détaillées montrent l'expédition maritime que la reine lança vers le pays de Pount, longeant l'actuelle côte des Somalis. Elle en rapporte de l'or, de l'ébène, des peaux, des babouins, de la myrrhe et des balsamiers, plantés dans les jardins de Deir el-Bahari.

Les travaux de restauration et de construction constituent l'une des principales charges royales. Hatchepsout revendique, à tort, la réparation des dégradations infligées par les Hyksôs (rois d'origine asiatique) lorsqu'ils dominaient l'Égypte. Elle entreprend un vaste programme de construction. À Thèbes, elle concentre son attention sur les temples de son père divin, le dieu Amon-Rê.[...]

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Écrit par

  • : archéologue et chercheur universitaire honoraire à l'école d'archéologie, d'études classiques et d'égyptologie de l'université de Liverpool
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Joyce TYLDESLEY. HATCHEPSOUT, reine d'Égypte (morte en 1458 av. J.-C. env.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DEIR EL-BAHARI

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 464 mots
    • 6 médias

    Sur la rive gauche thébaine, au pied de la Grande Cime d'Occident, l'immense cirque rocheux de Deir el-Bahari reçut plusieurs temples funéraires royaux. Sous la XIe dynastie (vers ~ 2060), Montouhotep II y édifia un vaste complexe funéraire. L'enceinte englobe la tombe du souverain...

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique

    • Écrit par François DAUMAS
    • 12 278 mots
    • 17 médias
    ...Asie, franchit l'Euphrate, sans doute non loin de Karkémich (l'actuelle Djerablous) et dresse une stèle. La mort de Thoutmosis II et le règne d'une femme, Hatchepsout, sans interrompre tout à fait les exploits militaires, les laissent en sommeil. Mais la reine, reprenant une antique tradition, organise au...
  • THOUTMOSIS III

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 209 mots
    • 1 média

    À la mort de Thoutmosis II, l'héritier légitime Thoutmosis III (env. — 1478-— 1425), fils d'une reine secondaire, étant encore dans l'enfance, la régence échoit, comme il est de règle, à la « grande épouse royale » Hatchepsout, elle-même de sang royal puisque...

  • THOUTMOSIS III - (repères chronologiques)

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 157 mots

    Vers — 1478 Mort de Thoutmosis II, pharaon de la XVIIIe dynastie, régence d'Hatchepsout.

    Vers — 1471 Couronnement d'Hatchepsout.

    Vers — 1458 Mort d'Hatchepsout, règne personnel de Thoutmosis III.

    Vers — 1456-— 1455 Siège et prise de la ville de Meggido, au...

Voir aussi