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DE L'ALLEMAGNE (exposition)

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Histoire et paysage

Les œuvres qui témoigneraient de la cristallisation de « l’identité allemande » sont regroupées autour de trois thèmes.

Premièrement, la reconstitution d’un passé héroïque, avec l’admiration pour l’Antiquité classique et l’Italie (J.H.W. Tischbein, Goethe dans la campagne romaine, 1787 ; Johann Friedrich Overbeck, Italia et Germania, 1812). C’est l’époque d’un art « apollinien » (Gottlieb Schick, Apollon parmi les bergers, 1806-1808). S’y manifeste une peinture d’histoire ou de paysage, traduisant le sentiment d’appartenance à un territoire national (Franz Pforr, Entrée de Rodolphe de Habsbourg à Bâle, 1808-1810 ; Carl Hasenpflug, Vue idéale de la cathédrale de Cologne, 1834-1836).

Le Watzmann, C.D. Friedrich - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Le Watzmann, C.D. Friedrich

Deuxième phase, la glorification de la vie et des forces élémentaires. Un art « dionysiaque ». C’est le romantisme de Philipp Otto Runge (Les Heures du jour : le soir, 1805), de Carl Gustav Carus (Haute Montagne, vers 1824), de Caspar David Friedrich (Brume matinale dans les montagnes, 1808 ; Le Watzmann, 1824-1825), puis le néoromantisme symboliste de Franz von Stuck ou d’Arnold Böcklin.

Enfin, Ecce Homo, l’« humain » au centre des interrogations, avec la Première Guerre mondiale en apogée. Les scènes horribles de Max Beckmann et d’Otto Dix l’expriment.

En résumé, derrière trois notions empruntées abstraitement à Friedrich Nietzsche (l’apollinien, le dionysiaque, l’humain d’Ecce Homo, à l’origine la Passion du Christ), les organisateurs de cette exposition prétendent évoquer le destin « allemand ». À partir d’une telle vision, bien des artistes importants ne peuvent que manquer, Max Klinger, Max Liebermann, John Heartfield, entre autres. Et il n’y a pratiquement rien pour les avant-gardes qui se manifestèrent de 1905 à 1933.

En clôture de l’exposition se trouve une salle où, sur le pan gauche, est projeté le film Les Hommes, le dimanche, tourné en 1929 par Robert Siodmak, cinéaste d’origine juive qui émigra en 1933, et en face, sur le pan droit, Olympia (Les Dieux du stade), exaltation des jeux Olympiques de Berlin en 1936 par la cinéaste pronazie Leni Riefenstahl. Cette opposition invite à penser, sans doute, que « l’identité allemande » se révèle problématique. Chemin de l’humanité ordinaire, ou chemin du surhumain ? Mais n’est-ce pas jouer avec une fausse alternative, puisque, dès février 1933, des milliers d’Allemands, pas moins allemands que Leni Riefenstahl, ont été obligés de fuir l’Allemagne, quand ils ne furent pas enfermés dans des camps de concentration ?

Certains commentateurs, dans la presse allemande, ont polémiqué contre les partis pris de cette exposition. Elle ne reflète guère, en effet, l’activité des beaux-arts en Allemagne sur la période concernée. Heureusement, le visiteur français ne tarde pas à oublier cette sélection arbitraire d’un art dit « allemand » pour prendre plaisir à voir des œuvres qu’il n’a pas souvent l’occasion de contempler à Paris.

— Lionel RICHARD

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Lionel RICHARD. DE L'ALLEMAGNE (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 09/10/2013

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Le Watzmann, C.D. Friedrich - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Le Watzmann, C.D. Friedrich